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Clash Sambi-Azali : Un autre rêve (encore un autre) s’évanouit

Clash Sambi-Azali : Un autre rêve (encore un autre) s’évanouit

Politique | -

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En précipitant le pays dans cette nouvelle déconvenue, Azali Assoumani et Ahmed Abdallah Mohamed Sambi portent, tous deux, une responsabilité historique dans ce qui est, pour le pays, un nouvel échec dans sa longue quête de stabilité, de sérénité et de continuité dans l’action. Ils portent, sur leurs dos, cette nouvelle désillusion du peuple et, sur leur conscience, les nouvelles appréhensions nées de ce revers.

 

Il y a un an, en installant, le mercredi 11 mai 2016, deux des  principaux mouvements politiques du pays aux affaires, le peuple avait cru avoir fait une chose essentielle dans sa quête, maintes fois déçue, de stabilité dans l’exercice du pouvoir et de sérénité au sein de sa classe politique, gages de pérennité dans l’effort de développement. Il est vrai que les enjeux paraissaient tellement évidents, les fronts politiques tellement nets entre une équipe nettement majoritaire, donc ayant les coudées franches et la légitimité nécessaire pour mener sa politique, et une opposition suffisamment forte pour contrôler l’action des gouvernants.

Nombreux avaient, alors, applaudi et ont, aujourd’hui encore, à l’esprit les déclarations empreintes de lyrisme du principal leader du Juwa, Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, le vendredi 1er avril dans le sillage de l’accord entre son parti et le candidat Azali Assoumani en vue de l’élection générale qui allait, quelques jours plus tard, porter, très largement grâce à cette entente, ce dernier au plus haut sommet de l’Etat. “Deux anciens présidents qui unissent leurs forces pour l’intérêt suprême du pays et de la Nation, c’est un message fort, un bon exemple et une garantie de paix et de stabilité du pays durant les cinq années à venir”, prophétisait (ou presque) l’homme politique comorien sans doute le plus populaire du moment. Mais, surtout, comme pour inscrire cet accord dans l’avenir : “Si nos relations sont bonnes, cela pourrait durer dix à quinze ans».

Pour l’opinion, la voix était dégagée, l’horizon s’était éclairci et le pays avait trouvé la formule qui allait, enfin, près de trente ans après la disparition d’Ahmed Abdallah Abdérémane, remettre le pays sur les rails. L’espoir se lisait sur les visages et beaucoup avaient poussé un ouf de soulagement : “Enfin, se congratulait-on, nous allons pouvoir passer aux choses sérieuses”. Il est vrai qu’avec comme vecteur de l’action publique deux jeunes hommes qui – argument imparable – ont eu à gérer les affaires cumulativement douze années de suite au plus haut niveau décisionnel, l’espoir était réel.

 

Travail d’historiens

 

Malheureusement, force est de constater qu’après l’annonce du nouveau gouvernement venue entériner la décomposition de cette alliance de rêve avec la disparition de l’un des partenaires, quelque chose est, une fois encore, cassée.

De toute évidence, en effet, le pays va devoir, encore une fois, partir à la recherche d’un autre nouveau départ, il va devoir reposer ses espoirs en surfant sur une hypothétique autre vague et se trouver un autre rêve.

Cette nouvelle désillusion nationale est d’autant plus lourde de sens que le clash entre le Juwa, donc Sambi, et Azali est loin d’avoir comme origine de véritables enjeux nationaux indépendamment de toute autre considération. Elle est d’autant plus navrante qu’il est clair que, encore une fois, nous n’avons pas tracé notre route en fonction des intérêts vitaux de notre pays qui sont la paix civile, l’harmonie dans l’action, la cohésion nationale et l’unité des enfants du peuple face aux immenses défis qui s’imposent à nous, les seuls véritables ingrédients aptes à apporter au pays le développement tant attendu. Elle est d’autant plus inquiétante que, encore une fois, on a l’impression que dans la recherche de solutions à nos problèmes, les intérêts des autres ont prévalu sur les nôtres propres, que dans cette affaire nos intérêts ont tout juste servi de couvertures aux choses séreuses qui, elles, se passent ailleurs.

En précipitant à une vitesse aussi délirante le pays dans cette nouvelle déconvenue nationale, Azali Assoumani et Ahmed Abdallah Mohamed Sambi portent, tous deux, une responsabilité historique dans ce qui est, pour le pays, manifestement, un nouvel échec, un nouveau train raté. Ils portent, sur leurs dos, cette nouvelle désillusion du peuple et, sur la conscience, les nouvelles anxiétés qui découlent de ce revers.

Dans ces conditions et face à la profondeur de la déception et de l’incompréhension générale, et il faut bien l’admettre, cet énième gâchis, la polémique politicienne sur “qui a commencé quoi, qui s’est servi de qui ou de quoi pour arriver à quoi”, prend des allures d’anecdotes et de tentatives maladroites de faire diversion. Elle relève, au mieux, du travail de l’historien.

 

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