logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Conseil de l’île de Ndzuani : La majorité parlementaire reconstituée

Conseil de l’île de Ndzuani : La majorité parlementaire reconstituée

Politique | -

image article une
Dar-soifa, le parlement de Ndzuani, qui compte désormais dix élus Juwa contre huit de l’opposition. A condition que, cette fois, Abdoulkarim Youssouf donne son dernier mot en se ralliant au Juwa. L’institution compte, pour rappel, dix-huit élus, depuis la déchéance d’Erdine Soula par la Cour constitutionnelle au mois de décembre dernier.

 

A compter de samedi dernier, le Conseil de l’île de Ndzuani semble avoir eu l’effectif numérique nécessaire pour départager les deux forces de la présente mandature. En pleine crise parlementaire, due en partie à son positionnement instable au parlement insulaire (tantôt opposant, tantôt pro-exécutif de l’île), Abdoulkarim Youssouf, le conseiller de la trente-troisième circonscription (Koni), a déclaré rejoindre officiellement le parti Juwa, le samedi 15 avril.

Devant plusieurs responsables insulaires du parti ainsi que des militants réunis au domicile du président d’honneur de Juwa, Ahmed Abdallah Sambi, sis au quartier Gungwamwe de Mutsamudu, il a déclaré «retourner à ses origines après trois années passées en captivité chez certains démons», autrement dit ses anciens compagnons de l’opposition.  

«J’ai été élu conseiller sans étiquette, indépendant. Mais d’ordinaire dans les travaux parlementaires, il n’est pas bon d’être seul, et ma vision de l’époque m’avait conduit à croire que c’étaient nos frères de l’Updc (Union pour le développement des Comores, Ndlr) qui portaient le salut du pays. Mais après deux ans au Conseil de l’île, j’ai compris que ce n’étaient pas eux les porteurs du salut. Je n’ai pas été sollicité pour rejoindre le parti Juwa, mais je l’ai spontanément rejoint après m’être persuadé que le bien de ce pays est aux mains du Juwa», s’est-il d’abord expliqué.

Tirer à boulets rouges

Il continuera ensuite par tirer à boulets rouges sur le docteur Sounhadj Attoumane, le secrétaire général adjoint du parti et actuel conseiller du président Azali Assoumani. Celui-ci aurait déclaré à la presse que «la justice comorienne devrait ouvrir une enquête contre le conseiller Abdoulkarim pour ce qu’il a fait».

 

Ce qu’il a fait, l’intéressé le traduit comme «son retour au parti Juwa», et non pas ses incessants revirements et ses deux procurations délivrées à Juwa et à l’opposition, dans le cadre du vote au Conseil de l’île pour la désignation de ses trois représentants à l’Assemblée de l’Union, sujet qu’il n’a d’ailleurs pas abordé.

Abdoulkarim n’a donc pas hésité à qualifier ses anciens compagnons de «démons», sous les applaudissements des militants et cadres du Juwa présents. Une insulte que lui retournera volontiers le conseiller Saïd Omar Sidi, l’un d’eux, joint par Al-watwan après la déclaration de ralliement d’Abdoulkarim.

Lui rendre la monnaie

«Vous savez, je crois sérieusement que cet homme n’est pas mentalement sain. Il dit qu’il rejoint ses origines… Il s’était en fait présenté aux élections des conseillers avec le logo Shio [celui des candidats de l’ancien gouverneur Anissi Chamsidine, Ndlr], nous nous sommes ensuite retrouvé avec lui dans le groupement dit de la solidarité Updc au Conseil, et nous n’avons jamais su qu’il était du Juwa !», a-t-il d’abord expliqué. 

Et d’enchainer ensuite ainsi : «Justement le rôle de grand Satan lui sied mieux ! Car lorsque, par exemple, nous avions décidé de rallier avec nous le conseiller Mohamed Youssouf – un conseiller du parti Psn, qui avait fait alliance avec Juwa avant de se tourner vers l’Updc - c’est lui qui avait dirigé le  jeu de la manipulation. Et récemment, à l’approche de la dernière session extraordinaire du Conseil, il était avec nous jusqu’au mardi, c’est-a-dire la veille de l’ouverture, avant de faire revirement le jour même de l’ouverture», a-t-il confié.   

Au-delà du bruit qui entoure le personnage d’Abdoulkarim Youssouf et de ses agissements, disons que son ralliement officiel au Juwa permettra peut-être de mettre fin à l’absence de majorité à Dar-soifa, le parlement de Ndzuani, qui compte désormais dix élus Juwa contre huit de l’opposition. L’institution compte pour rappel dix-huit élus, depuis la déchéance d’Erdine Soula par la Cour constitutionnelle au mois de décembre dernier. Pourvu que pour Abdoulkarim ce soit, cette fois, son dernier mot.


Commentaires