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Mohamed Daoudou, ministre de l’Intérieur : «Mouigni Baraka a manqué une occasion de se taire»

Mohamed Daoudou, ministre de l’Intérieur : «Mouigni Baraka a manqué une occasion de se taire»

Politique | -

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Pour présenter un tableau exhaustif de la situation sécuritaire, sociale, politique et économique du pays, le porte-parole et ministre de l’Intérieur a répondu aux questions d’Al-watwan. Mohamed Daoudou a balayé tous les sujets d’actualité et répondu aux détracteurs du régime du président Azali Asoumani. Ambiance.

 

En votre qualité de ministre de l’Intérieur, vous avez la lourde tâche de veiller à l’unité nationale et à la solidarité des comoriens. Comment comptez-vous renforcer la cohésion nationale ?
D’abord je tiens à porter une rectification, je suis ministre, mais pas le garant de l’unité et de la cohésion nationale. Nous sommes au service de la nation pour exécuter les orientations et les décisions du chef de l’Etat qui permettront d’assurer la cohésion nationale et l’intégrité territoriale. Il n’y aura pas cohésion nationale s’il n’y a pas de paix et stabilité. Et pour que la paix puisse régner sur le territoire, la première des choses, c’est de sécuriser les Comoriens et leurs biens.

Certains actes qui se produits ces deniers mois font peser une menace sérieuse sur la sécurisation des biens et de personnes. Qu’envisagez-vous pour consolider la sécurité dans le pays et consolider la démocratie aux Comores?
Si vous dites qu’il y a des actes de délinquance et des cambriolages ou encore vandalismes, je suis d’accord et je peux démontrer avec quelle stratégie on compte lutter contre ces fléaux.  Et ces actes sont en diminution notoire au niveau national. Quant à la question de la consolidation de la démocratie, on a déjà mis en place un processus d’évaluation du dernier processus électoral pour identifier les erreurs commises. En ce moment, il y a une retraite dans l’île de Ndzuani. Après, il y aura une commission d’éthique et de transparence pour compléter les travaux de ces retraites.

Vos prédécesseurs ont mis en place le processus de décentralisation dans le pays pour la première fois. Avec quels moyens projetez-vous de poursuivre ce processus ?
Nous saluons cette démarche. Mais on a mis la charrue avant le bœuf. Parce que, avant tout, il fallait définir la politique nationale de décentralisation. De la, la décentralisation peut suivre facilement. Et c’est ce que le président Azali Assoumani nous demande, de préparer un projet de loi sur la politique nationale de décentralisation. Un draft est déjà prêt et sera soumis aux parlementaires lors de la prochaine session d’avril. Dans le budget 2017, il est prévu 19 milliards alloués aux communes pour appuyer le processus de décentralisation. Maintenant reste à savoir comment collecter ces fonds. Il y aura des textes qui seront présentés par les communes pour leurs budgétisations et leurs fonctionnements. A l’exemple de la poursuite du processus de décentralisation, le dimanche prochain, le chef de l’Etat va inaugurer une préfecture dans la région de Mbude, pour que le service soit plus près de nos concitoyens. 

La sécurité dans un pays est l’une des priorités d’un gouvernement ; certes, vous comptez garantir la sécurité des biens et des personnes, mais avec quels moyens ?
Le président a engagé notre pays dans une vision d’émergence à l’horizon 2030. Cela veut dire que le pays aura besoin d’un développement. Et il n’y aura pas de développement sans la consolidation de la paix, sans stabilité et sécurité. Le fait qu’on a vécu des années sans énergie a engendré de l’insécurité. On a renforcé les contrôles aux frontières, renforcé la surveillance territoriale.

Veiller aux missions des Ong et contrôler la présence des étrangers dans notre pays pour voir ce qu’ils font. Mais aussi multiplier les contrôles pour prévenir la radicalisation des jeunes dans les mosquées. A l’exemple de la commune de la capitale, les oulémas se sont déjà organisé en comité pour un cadrage des prières de vendredi, notamment se mettre d’accord sur les messages qui devront être prononcés.


Depuis votre arrivé à la tête du ministère de l’intérieur, vous avez engagé un combat pour le désengorgement de la capitale, quelle est la stratégie que vous comptez adopter pour règlementer les taxis ?
Notre pays dispose d’un code de la route, et il est inconcevable de disposer d’une loi sans l’appliquer. Il faut restaurer le civisme dans la circulation, règlementer le métier de taximan. N’importe qui ne peut pas être taximan. Ce n’est pas n’importe quelle voiture qui peut faire un taxi. Les taxis devront être identifiés. On s’est mis d’accord que tous les bus seront en couleur blanche avec un autocollant qui précisera sa communes. Les taxis de la capitale seront en couleur jaunes, les autres taxis auront une autre couleur qui sera définis. Tout cela pour permettre d’identifier la ligne de chaque taxi. Maintenant pour désengorger la capitale, il faut sensibiliser au respect du code de la route.  

La sécurité ne se limite pas à l’intérieur du pays, mais aussi aux frontières, surtout face au terrorisme. Comment comptez-vous sécuriser les frontières ?
La question du terrorisme, aucun pays ne peut se dire qu’il en est à l’ abri ; on compte renforcer la sécurité aux frontières. On a déjà mis en place des structures de lutte contre le terrorisme dans notre pays et on va veiller pour éviter tout risque de radicalisation.   

Certains produits de première nécessité dont les prix ont été revus à la baisse dès votre arrivée au pouvoir viennent de connaitre une flambée inexplicable. C’est notamment le cas du sucre, de l’huile, etc. Pourquoi vous restez sans réagir ?
Nous sommes au courant seulement de la hausse du prix du sucre, consécutive à la hausse des tarifs au niveau du marché mondial. Mais, cela ne va pas se répercuter ici. Le service des prix doit travailler. A partir du lundi, la police va reprendre son travail pour connaitre les raisons de l’augmentation des prix de certains produits. Personne n’a le droit d’augmenter des prix alors que le président a pris l’initiative d’accorder aux commerçants certaines faveurs pour permettre la réduction des prix et favoriser notre économie.

Des éléments du Peloton d’intervention de la gendarmerie nationale (Pign) ont confisqué les équipements de la Radio Labaraka Fm et réduit au silence cette station. Certaines rumeurs prétendent que c’est vous qui avez ordonné cette confiscation. N’est ce pas une atteinte grave à la liberté d’expression ?
Ce que le peuple doit comprendre, ce que c’était une mesure administrative. Le pays a besoin de stabilité et de sécurité. Le jugement rendu sur l’affaire Abdallah Agwa, parmi les charges retenues, il y a «incitation à la haine». Et on ne veut pas de radio Mille Collines dans notre pays et vivre ce qui s’est passé au Rwanda. La liberté d’expression oui, mais elle s’arrête là où la sûreté de l’Etat commence.

Certains leaders critiquent l’application de la nouvelle loi sur les partis politiques, que leur répondez-vous ?
C’est une loi votée il y a à peine trois ans et tous les partis politiques ont été impliqués et ont participé à  son élaboration, mais ils ne pensaient pas que la loi allait un jour être mise en vigueur. En plus, il faudrait attendre trois ans avant sa mise en application pour que chaque parti puisse se conformer aux nouvelles règles. Aujourd’hui, la loi est en vigueur, ils ne doivent s’en prendre qu’a eux-mêmes, pas au gouvernement, puisque nous ne sommes pas ceux qui l’ont proposé ni voté, seulement ceux qui procèdent à sa mise en application. Mais ceux qui le critiquent aujourd’hui sont ceux qui l’ont voté hier.

L’ancien gouverneur de Ngazidja et l’ancien candidat Mahmoud Wadaane ont vertement critiqué votre bilan de 8 mois. Reconnaissez-vous avoir commis des erreurs ?
Pour le bilan du président Azali, je pense que Mouigni Baraka doit laisser le peuple juger. Car c’est bien le peuple  qui a passé plus de dix ans dans l’obscurité. Ceux qui perçoivent leurs salaires à chaque fin du mois sans aides budgétaires ont aussi le droit de juger les huit mois du pourvoir Azali. Pas lui. Je pense qu’il a manqué une occasion de se taire. Nous n’avons pas de leçons à recevoir de lui.

Lui qui a été candidat et qui a osé, aux yeux du monde entier et sans craindre le ridicule, appeler ses électeurs à voter contre lui. Le bilan des 8 mois du président, tout le monde le sait et le félicite. Que peut-on dire du bilan de cinq ans de Mouigni Baraka à la tête de Ngazidja ? Pourquoi se félicite-t-il d’avoir offert des emplois aux jeunes alors qu’il n’arrivait pas à les payer. On se souvient des manifestations de ces jeunes à Moroni ; ils ont été recrutés lors de la campagne des législatives et communales. Le président Azali, lui, souhaite offrir aux jeunes de vrais emplois.

On n’a pas non plus oublié les fausses bourses octroyées aux étudiants comoriens en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, l’Etat comorien est obligé de verser plus de 400 millions de francs comoriens à l’Institut polytechnique Houphouët Boegny. Un voyage vers l’étranger quand il était gouverneur coûtait 30 millions. Nous, on a réduit nos voyages pour la maitrise des dépenses.

 

Lire aussi : Mouigni Baraka Said Soilih, ancien gouverneur de Ngazidja «Mettre 5000 jeunes à la porte peut être source d’instabilité»


Et les critiques acerbes de Wadaane ?
Quant à Mahmoud Wadaane, je regrette qu’un ancien candidat à la présidentielle ait tenu de tels propos.  Je comprends maintenant pourquoi il a obtenu de piètres résultats aux élections. Ses propos reflètent sa vision politique. Mais, si Wadanne veut une place au gouvernement, qu’il sache qu’il n’en fera jamais. Il a donc intérêt à rentrer en France, là où il a passé l’essentiel de sa vie.

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