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Ndzuani : Le conseiller Abdoulkarim Youssouf arrêté et détenu depuis mercredi matin

Ndzuani : Le conseiller Abdoulkarim Youssouf arrêté et détenu depuis mercredi matin

Politique | -

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L’article 45 de la loi statutaire de l’île de Ndzuani dispose en effet qu’«aucun membre du Conseil de l’île ne peut, pendant la durée de la session, être poursuivi ou arrêté en matière criminelle ou correctionnelle qu’avec l’autorisation du Conseil, sauf cas de flagrant délit».

 

Le conseiller de la trente-troisième circonscription (Koni) à Ndzuani, Abdoulkarim Youssouf, a été arrêté par la gendarmerie avant-hier, mercredi matin. Les raisons de son arrestation et de son incarcération à la gendarmerie de Mutsamudu depuis restent floues.

Par solidarité, les conseillers du parti Juwa et deux de ses députés, ainsi que des membres de l’exécutif insulaire ont passé la journée du mercredi en sit-in au siège de la gendarmerie, jusqu’à tard dans la soirée, après la rupture du jeûne.

Hier matin, Mohamed Ahmed Salim, le conseiller juridique du gouverneur Abdou Salami Abdou, se trouvait au palais de justice de Mutsamudu pour tenter de le faire libérer. «C’est drôle : le même procureur de la République lui-même dit ignorer le fin fond de cette histoire.

En tout cas notre préoccupation pour le moment c’est de le faire sortir, et pour cela je suis au tribunal pour engager un avocat», nous a-t-il déclaré hier, jeudi. Abdoulkarim Youssouf c’est, pour rappel celui, qui, le 22 mars dernier, avait annoncé «quitter l’opposition pour rejoindre le camp de son excellence  Dr Abdou salami Abdou», avant de déclarer le contraire trois jours plus tard à Moroni, dans une conférence de presse aux côtés des conseillers de l’opposition.

Ce ne sera pourtant pas sa dernière volte-face, car le 5 avril, à l’ occasion de l’ouverture d’une session extraordinaire à Dar-soifa, il déléguera sa voix par procuration à un conseiller du parti Juwa, puis ralliera officiellement ce parti dix jours plus tard. 

Dans une vidéo circulant depuis le jour des faits sur internet, la députée Ramlati Abdou parle d’un «enlèvement» de l’élu par le Pign (Peloton d’intervention de la gendarmerie nationale), et qualifie de «non conformes à la loi» les explications fournies à ce propos par les autorités interrogées.

«Le conseiller Abdoulkarim Youssouf a été enlevé par des éléments du Pign à bord d’un véhicule du Conseil qui se rendait là-bas. A la gendarmerie et chez le procureur, l’on nous a répondu qu’il a été arrêté à cause des deux procurations qu’il avait émises.

Et pourtant la loi l’autorise bien : la même personne peut sortir une deuxième procuration annulant la première», explique la députée de Mutsamudu. «A la gendarmerie, on nous a simplement dit  que c’est un ordre qui vient de l’Union.

Cette tournure que prennent les choses dans notre pays est vraiment inquiétante», ajoutera-t-elle, regrettant qu’un élu soit ainsi arrêté et détenu en pleine session et en violation de son immunité. 

L’article 45 de la loi statutaire de l’île de Ndzuani dispose en effet qu’«aucun membre du Conseil de l’île ne peut, pendant la durée de la session, être poursuivi ou arrêté en matière criminelle ou correctionnelle qu’avec l’autorisation du Conseil, sauf cas de flagrant délit».

Il ajoute ensuite qu’«aucun membre du Conseil de l’île ne peut, hors session, être arrêté qu’avec l’autorisation du bureau du Conseil, sauf flagrant délit, poursuites autorisées ou condamnation définitive».

L’on peut alors se demander si des faits qui remontent au 5 avril 2017 peuvent constituer un cas de flagrant délit à la fin du mois mai, soit près de deux mois après, alors que l’auteur n’a jamais cessé de courir les rues.


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