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La santé de la femme : Le fibrome : «les femmes noires sont plus touchées que les femmes blanches»

La santé de la femme : Le fibrome : «les femmes noires sont plus touchées que les femmes blanches»

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«On ne peut jamais trouver de fibrome avant la puberté. Et généralement, après la ménopause, le fibrome se stabilise car il y a involution utérine et cette involution amène avec elle le volume du fibrome. De même pendant la grossesse, le fibrome peut augmenter de volume, mais diminue après l’accouchement», précise le gynécologue Chakour Ahamed.

 

Le fibrome est une tumeur bénigne du muscle de l’utérus qui est caractérisée par une pseudo-capsule permettant le clivage entre le muscle utérin et le fibrome. «Si on veut enlever le fibrome, le pseudo capsule permet d’énucléer ce fibrome sans toucher le muscle utérin», explique Dr Chakour Ahamed, gynécologue. Selon lui, le fibrome est rarement seul et son volume varie en fonction du nombre de mois ou d’années.

«On peut trouver le fibrome à hauteur de 20% chez les femmes de 30 ans et 50% chez les femmes de 50 ans. L’obésité et la stérilité sont retrouvées chez les femmes porteuses de fibrome dans 22,75%», souligne le médecin, avant de poursuivre : «La fréquence du fibrome diminue avec le tabagisme et le nombre d’accouchement».  «Les femmes noires sont atteintes trois à quatre fois plus que les femmes blanches.

Ne me demandez pas pourquoi car c’est quelque chose qu’on n’arrive pas à expliquer», s’empresse-t-il de dire. 

50% des hystérectomies sont dû au fibrome

Par ailleurs, dans 20 à 30 % des cas, les fibromes sont symptomatiques. Mais la plupart des fibromes ne se manifestent pas et, en règle générale, un fibrome qui ne parle pas, on l’ignore. Selon le praticien, le fibrome est la cause de 50% des hystérectomies, (ablation de l’utérus).

Il peut se localiser au niveau de la sous muqueuse, de la musculeuse ou au  niveau de la cirrhose. Les signes cliniques ne sont pas les mêmes, elles varient en fonction de la localisation et du volume du fibrome. 

«On ne peut jamais trouver de fibrome avant la puberté.  Et généralement, après la ménopause, le fibrome se stabilise car il y a involution  utérine et cette involution amène avec elle le volume du fibrome.

De même pendant la grossesse, le fibrome peut augmenter de volume, mais diminue après l’accouchement», dit-il. De l’avis du gynécologue, selon la localisation et le volume du fibrome, on peut décider ou non de l’enlever avant la grossesse. «Ce sont des situations, mais dans la plupart des cas, on n’enlève pas.

Mais il y a des cas où on est obligé d’enlever avant la grossesse, sinon la grossesse ne peut pas s’implanter», précise-t-il. Et d’ajouter que «les fibromes peuvent augmenter avec les œstraux- progestatifs.

C’est pourquoi, quand on prend des pilules, surtout à base d’œstrogène, il faut faire attention, il est important de faire un bilan avant de donner des pilules».

Evolution et complications du fibrome

«Lorsque le volume du fibrome est très important, il peut comprimer vers l’avant de la vessie et entrainer une rétention de l’urine. Il peut aussi se développer latéralement et empêcher l’urine fabriqué de venir vers la vessie, et fera un retour vers le rein, à la longue le rein peut se dilater et entrainer une insuffisance rénale.

De même, si le fibrome se trouve en postérieur, il peut se développer vers l’arrière et comprimer le rectum et entrainer des constipations», détaille-t-il. La femme qui a le fibrome peut avoir beaucoup de saignement pendant les règles.

Et ces dernières peuvent durer plus longtemps à cause de cette métamorphose de l’architecture de l’endomètre au niveau local.

Les signes fonctionnels du fibrome

«Si les règles s’arrêtent et reprennent quelques jours après, si le ventre augmente de volume d’une façon inexpliquée. Ce sont des signes qui ne trompent pas. La femme qui a un fibrome peut aussi avoir des leucorrhées (pertes blanches) banales abondantes avant les règles, quelques fois on peut avoir des douleurs pesantes, des troubles urinaires comme une rétention urinaire ou avoir mal en urinant.

De même que la stérilité», souligne le gynécologue. Selon lui, s’il combine ses consultations dans le public et le privé, il peut avoir en moyenne 10 consultations par jour.
Et dans ses consultations quotidiennes, à peu près le tiers peut présenter des fibromes. 

Selon le Dr Chakour, l’échographie, l’hystéroscopie (qui n’existe pas aux Comores) et la radiographie sans préparation du pelvis sont les examen qu’on peut faire pour reconnaitre le fibrome.

Généralement, un fibrome qui ne parle pas de lui, on le laisse tranquille.  «On fait une abstention thérapeutique avec surveillance». Selon le médecin, en réalité, il n’y a pas de traitement médical, il peut y avoir un traitement symptomatique quand les signes sont beaucoup plus importants mais ce n’est pas un traitement d’éradication.

«Il y a des traitements hormonaux qu’on peut faire mais, généralement, c’est pour diminuer le volume afin de préparer une intervention. On peut utiliser le traitement à base d’hormones chez une femme qui n’a jamais conçu, pour espérer que ça peut diminuer le volume et lui permettre de prendre une grossesse», soutient-il.

Le traitement du fibrome

En ce qui concerne le traitement chirurgical,  «on opère et on enlève le fibrome sans toucher le muscle de l’utérus. Mais il y a un moment où si le volume est très important ou si le nombre de myomes sont importants, on est obligé d’enlever tout l’utérus», dit-il.

Ou bien on décide d’enlever certains et laisser les autres pour faire un traitement médical, dans le cas où la femme n’a jamais conçu. « Le risque majeur, c’est la stérilité.

C’est pour cela que je recommande aux sages-femmes, quand elles donnent des pilules ou tout autre moyen de contraception orale, de faire absolument un bilan cardiovasculaire, gynécologique, y compris une échographie pour voir s’il y a ou non un fibrome et adapter la pilule en fonction de l’existence ou non du fibrome, par ce que les œstraux progestatifs augmentent le volume du fibrome».


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