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Portrait de Sitti Ali Mohamed, confectionneuse d’habits traditionnels comoriens, Djoho et Dragla

Portrait de Sitti Ali Mohamed, confectionneuse d’habits traditionnels comoriens, Djoho et Dragla

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Depuis dix-huit ans, Sitti Ali Mohamed confectionne des Djoho et Dragla. «Je vis de ce boulot, j’assure le quotidien et l’éducation de mes enfants. Ça me rapporte beaucoup», confie-t-elle.

 

En outre, je m’auto-suffi économiquement. Surtout je n’attends pas des fins de mois comme les fonctionnaires, mais j’arrive à subvenir à mes besoins à tout moment. Et je pense continuer dans ce sens.

Le Djoho et le Dragla, sont des habits traditionnels portés, particulièrement, lors du grand mariage à Ngazidja. Ils sont  confectionnés à la main avec du fil doré, localement appelé Dhari. «Nous nous procurons du fil et du higwe (le gros fil d’ornement, Ndlr) à Lyon. On prend quinze jours pour confectionner le Djoho, pendant que le Dragla peut durer deux à cinq mois. C’est un travail qui prend beaucoup de temps. Si on a des apprentis, on se partage les tâches et on peut le réaliser en deux mois. Par contre, si on est seul, la confection d’un Dragla peut aller jusqu’à 5 mois», déclare Madame Sitti.

Fundi Sitti a beaucoup d’apprentis et deux ateliers. L’un est logé à Djongwe, son village natal, et l’autre à Moroni, pour servir sa clientèle dans la capitale. Ainsi, elle entreprend quotidiennement le tour de ces deux ateliers pour superviser le travail. Ce qui la rend fière dans son travail, c’est le fait d’avoir pu l’apprendre à d’autres. «En outre, je m’auto-suffi économiquement. Surtout je n’attends pas des fins de mois comme les fonctionnaires, mais j’arrive à subvenir à mes besoins à tout moment. Et je pense continuer dans ce sens», confie la confectionneuse d’habits traditionnels.

Pour se procurer ces fameux habits traditionnels de haute valeur dans le statut de notable à Ngazidja, il faut, en principe, passer commandes. Et Sitti reçoit, parfois, des commandes pour réaliser des habits sur mesures, comme elle peut les confectionner et vendre. Une autre formule possible, l’achat par le demandeur, lui-même, du matériel nécessaire à la confection de l’habit. Et dans ce cas, seule la main d’œuvre est redevable et à un coût moindre, certes.

J’estime que je peux vivre grâce à la confection de Djoho et Dragla.

«Le mieux et plus facile, c’est quand on me donne le matériel. Mais des fois, si je me trouve avec du matériel et qu’on me passe la commande, je me mets aussitôt au travail, car souvent ce sont des gens qui sont à l’extérieur qui font les commandes pour l’année suivante. Il arrive que l’envoi du matériel tarde. Donc, je prends une avance avec mon matériel, en attendant l’envoi pour le remplacer. Ceci m’arrange», explique-t-elle. «Il m’arrive de recevoir jusqu’à plus de vingt commandes de Dragla et quarante de Djoho par an.

C’est surtout pendant les vacances d’été que je reçois un grand nombre de commandes. Par contre, au mois de décembre, j’arrive à avoir dix commandes de Dragla et vingt à trente de Djoho. Normalement, toute personne qui commande un Dragla commande aussi le Djoho. Certains en commandent même deux ou trois Djoho. Ce qui explique le nombre élevé de commandes de Djoho par rapport à celui des Dragla», fait savoir Madame Sitti. Anliya Ali, native de Djongwe, est une des apprenties de fundi Sitti. Elle est dans le métier depuis onze ans.

Après avoir fini ses études, elle s’est consacrée à la confection de ces précieux habits traditionnels. «J’ai déjà appris, je suis capable de confectionner un Djoho ou un Dragla toute seule. Je peux même ouvrir mon propre atelier et enseigner à d’autres personnes ce travail», témoigne Anliya, qui n’entend pas devenir fonctionnaire car elle peut déjà vivre aisément de ce travail manuel. Même son de cloche pour sa consœur Dhoirfia Ahmada de Simbusa-ya-Mbadjini. Si elle a choisi d’apprendre ce métier, c’est parce que c’est un travail qui rapporte beaucoup. «J’estime que je peux vivre grâce à la confection de Djoho et Dragla», dit-elle.
 

 

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