logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Transport maritime : Le Modec dénonce les agissements de Cma-Cgm

Transport maritime : Le Modec dénonce les agissements de Cma-Cgm

Société | -   Abdallah Mzembaba

image article une
Dans un courrier datant du mercredi 14 juin, Cma-Cgm informe ses clients, des opérateurs économiques, que suite au mouvement social à Mayotte, les conteneurs n’ont pu être déchargés et aucune opération portuaire n’a eu lieu au hub de Longoni. “Afin d’éviter que les conteneurs ne restent à bord pour un voyage complet vers leur point d’origine avec une date de déchargement reportée au 1er août 2017, un plan d’urgence a été mis en place afin d’assurer la continuité du service. Une escale ad-hoc à Mombassa, le 12 juin 2017, a été décidée et les opérations de déchargement ont été complétées le 13 juin”.

 

Si ce plan consiste à “faciliter” et contourner le problème, les opérateurs comoriens, eux,  ne voient pas d’un bon œil l’ensemble du processus. Effectivement, Cma-Cgm compte faire payer les dépenses d’évacuation à ses clients.

On apprend donc que chaque conteneur de 20 pieds équivaut à 100 dollars américains, tandis que pour ceux de 40 pieds il faudra débourser 200 dollars l’unité et le paiement s’effectuera à Mayotte.

Si Cma-Cgm paie la moitié et fait payer la moitié à ses clients, ses derniers ne décolèrent pas. Mohamed Irchadidine, président du Modec, dans une conférence de presse tenue avant-hier, dans l’après-midi à l’hôtel Retaj-Moroni, parle d’une “décision arbitraire, mais il va falloir s’y plier puisque nous continuons à agir comme des pompiers au lieu de traiter d’une manière définitive ce genre de situation”.

Pour lui, ce n’est pas normal qu’un conteneur, parti de Chine, arrive «à Longoni au bout de dix jours» alors que pour le trajet Mayotte-Mutsamudu ou Mayotte-Moroni «on ait à attendre des semaines voire des mois».

En plus des répercussions au niveau du temps, cela impacte aussi les tarifs des produits. “Avec le même conteneur et les mêmes produits, on passe quasiment au double voir au triple de Longoni à Moroni”. Et ces pratiques ont de graves répercussions sur le consommateur.



Assises nationales

L’opérateur, pour compenser le temps qu’il a perdu et la grosse somme qu’il a déboursée injustement, va effectivement revoir à la hausse les tarifs de sa marchandise et là c’est tout le pays qui en pâtit, explique Mohamed Irchadidine.

Pour ce dernier, des assises nationales sur le transport dans son ensemble sont nécessaires afin d’y apporter des solutions aussi bien au niveau terrestre, aérien, que maritime et entre les îles.

“Nous devons cesser de payer au prix fort les situations qui prévalent ailleurs. Aujourd’hui c’est la grève à Mayotte, demain ça pourrait être un cyclone à Madagascar, d’où l’intérêt de miser sur une solution pérenne au lieu d’en être dépendant. Notre insularité nous fragilise d’où la nécessité de trouver des solutions sur le long terme parce que ces problèmes liés au transport tuent l’économie”.

 

Dialogue public-privé

Toujours au niveau financier, le président du Modec déclare qu’Il faut aussi que les pénalités de retard, s’élevant à 10.000 francs par jour, soient valables dans le sens inverse.

Pourquoi doit-on payer des frais pour des retards alors que les transporteurs, eux, ne le font pas si la marchandise accuse du retard à la livraison.

Loin de dramatiser les événements, le conférencier parle d’une question de sécurité nationale et de santé publique, puisque “le produit qui a passé trois mois en route et forcement de mauvaise qualité, c’est tout le pays qui en consomme, le président de la République en premier”.

Le chef de l’Etat “a évoqué la nécessité de miser sur le dialogue public-privé et cela doit sortir des textes et être concrétisé”. Une idée que partage Mourad Bazi, pour qui l’émergence prônée par le président Azali doit systématiquement passer par un partenariat fiable et transparent entre les deux parties.

Ainsi, les deux conférenciers proposent la création d’une société nationale des transports mixte public-privé pour gérer le domaine des transports.

Commentaires