La troisième et dernière journée de la 21eme session du Comité intergouvernemental d’experts (Cie) qui se déroulait depuis mardi jusqu’à hier à l’hôtel Retaj Moroni a été consacrée au profil pays et à la stratégie de développement des Comores en vue de l’émergence en 2030. Identifié comme étant un accélérateur de développement, le secteur de l’énergie était au centre des débats.
La politique énergétique a été détaillée par la directrice aux énergies renouvelables, Farida Ahmed Karim pour qui le gouvernement a posé deux actes qui démontrent l’importance que le nouveau régime accorde au secteur de l’énergie. “Le gouvernement a investi dans une nouvelle centrale thermique dans le but de stabiliser la production et la fourniture de l’électricité. Il a également organisé les assises nationales de l’énergie pour dégager un plan de développement énergétique à long terme” a-t-elle rappelé avant de mettre l’accent sur les difficultés rencontrées par le secteur. Elle parle en effet d’une dépendance totale en énergie fossile, des infrastructures de production et de distribution vétustes et d’un faible accès à l’électricité malgré une couverture géographique élevée.
Pour conclure son intervention, Farida Ahmed Karim rappelle que “l’orientation fondamentale reste l’accès pour tous à l’énergie stable à moindre coût. Pour y parvenir, des objectifs doivent être atteints notamment des garanties en sécurité énergétique mais aussi une politique énergétique mixte comprenant l’hydroélectricité, la géothermie, le solaire, l’éolien, etc.” Dans l’optique de doter le pays d’une source d’énergie fiable et suffisante, le Pnud s’intéresse à la géothermie.
40 à 45 mégawatts
A en croire les chiffres avancés, les Comores pourraient obtenir jusqu’à 45 mégawatts d’énergie à travers le volcan Karthala. Karim Ahmed Ali du Pnud Comores explique que pour 118 millions de dollars, couvrant les phases d’exploration, de construction d’infrastructures notamment routières et de construction de la centrale géothermique, le pays pourrait tirer profit du Karthala et se doter d’une énergie géothermique dont la durée de vie est estimée à 30 ans.
En 2008, des experts venus de la Nouvelle-Zélande ont passé 30 jours au Karthala pour l’exploration de 80 points de sondage. Cette phase d’exploration s’est terminée en 2015. La phase qui court jusqu’en 2019 concerne des études sur le terrain pour effectuer des forages de 1600 à 1900 mètres de profondeur avant les appels d’offre et la mobilisation des fonds. A noter qu’une route de 10 kilomètres à partir de Bahani est à construire sans oublier les besoins en eau dans la mesure où, une heure de forage doit consommer 3 mille litres. La dernière phase qui devrait prendre fin en 2022 concerne la construction de la centrale et sa connexion au réseau a-t-il détaillé.
Pour cet expert, bien que le programme peut fournir jusqu’à 45 mégawatts à long terme, 10 mégawatts sont pour le moment envisagés pour un début. Cette solution énergétique devrait permettre à l’État de faire des économies quant à la consommation en carburant. “L’État économiserait jusqu’à 20 millions de dollars par an” renseigne-t-il. Devant ces détails, le chargé des affaires économiques de la Commission économique pour l’Afrique de l’Est, Yohannes Hailu préconise vivement la mise en place d’un plan de développement énergétique.
A en croire les intervenants, le programme de développement de la géothermie aux Comores permettra de “faire émerger des filières industrielles solides, compétitives et créatrices d’emplois sans oublier le volet social qui verrait la stabilisation et la baisse des factures énergétiques”.