1852-1904. Cela fait cent-quinze ans, cette année, que Saïd Muhammad bin Cheikh, dit al-Maarouf, a quitté ce monde. Hier, mardi 5 mars, comme tous les 27 du mois de Jumada Al-thani – appelé “Saba Ishirini” aux Comores – les adeptes des tariqats, Shadhuli en particulier, se sont retrouvés à la zawiya de Maarouf, dans la médina de Moroni, pour célébrer la mémoire de l’initiateur du soufisme dans l’archipel. Cet événement est toujours l’occasion de revenir sur la vie et l’oeuvre de Cheikh al-Maarouf et sur le sens des tariqats. C’est l’ambassadeur Abdoulwahab Idarousse qui s’est adonné à la tâche, mardi dernier, devant une centaine d’adeptes, au sein du Zawiya de Maarouf, où repose ce dernier.
Qu’est-ce que le tariqat? Quelle est la différence entre un musulman est un homme de tariqat? Ce à ces deux questions que s’est évertué à répondre notre conférencier. Abdoulwahab Idarousse compare le tariqat à un «voyage» qui aurait comme point de départ la «shahada» (La profession de fois musulmane*) et comme point d’arrivée «Allah». «Le tariqat est un chemin qui mène à Allah», résume-t-il. Et dans ce chemin, «les cheikhs des tariqats jouent le rôle de guides comme le fut l’archange Gabriel pour le prophète Muhammad (Saw) dans son voyage vers le Sidrat al-Muntaha. Un Cheikh de tariqat est une personne qui a suivi le chemin et qui est parvenu jusqu’à Allah. Il s’emploie alors à éduquer les gens, à leur transmettre les moyens d’arriver eux aussi à destination».
Des connaissances
diverses et variées
Cela implique au muridi (personne en quête d’Allah), explique-t-il, de «laver son coeur des impuretés».
Sur la question de la différence entre un musulman et un soufi, il explique que «contrairement à tout autre musulman, le vrai soufi ne prie pas dans le but d’entrer au paradis mais parce qu’il se considère tout simplement être le serviteur d’Allah. Il prie par amour d’Allah».
Dans une brève intervention, le docteur en littérature arabe et enseignant à l’Université des Comores, Mohamed Badaoui Maoulana, a soutenu que le soufisme était un « enseignement qui vient guérir le coeur des hommes» en insistant sur l’importance du dhikr. «Il n’y a pas plus grande chose que l’évocation de Dieu», dit-il. Et de faire savoir que la célébration de cette journée va au-delà de nos frontières, citant une dizaine de pays à travers le monde, dont Zanzibar, Kenya, Liban, Palestine ou encore Syrie.
Saïd Muhammad Bin Cheikh est né en 1852 et mort en 1904. Il a étudié le Coran aux Comores avant de s’envoler vers Zanzibar où il a fait ses études. Il est celui qui a introduit le soufisme, le tariqat Shadhuli notamment, aux Comores et en Afrique de l’Est.
Enseignant et formateur professionnel en menuiserie et maçonnerie, Cheikh al-Maarouf est connu pour avoir oeuvré pour l’éradication des sultanats et construit la digue qui va du Café du port au quartier Mtsangani à Moroni, destinée à protéger l’ancienne mosquée du vendredi de la montée des eaux de la baie de Kalaweni. Il a une rue et un hôpital en son nom.
*Littéralement, cela consiste à déclamer en arabe la formule : « J’atteste qu’il n’y a pas de divinités en dehors d’Allah et Muhammad est son messager»
Dsd