La deuxième édition de l’évènement « Kalam Karatas » a eu lieu cette année dans la ville d’Ikoni samedi 25 décembre dernier. A cette occasion, une conférence-débat centrée sur «le patriotisme» a été organisée par l’Ajac, au centre de lecture et d’animation culturelle(Clac) d’Ikoni. Le débat en question était animé, entre autres, par de juristes, de fiscalistes ou encore d’économistes, de financiers. Ces derniers se sont succédés la parole à tour de rôle, autour de la question posée par le médiateur du débat, l’enseignant Soudjay Djoumoi : existe-t-il des patriotes aux Comores ? Les conférenciers souhaitaient, à travers leurs échanges avec le public, dégager les principes du patriote, les qualités et les valeurs d’un patriote ainsi que les conditions pour les incarner.
Des avis divergents
Pour le juriste et président de l’Ajac, Aboubacar Djamadari, il n’y aurait pas de réels patriotes aux Comores. Le juriste pointe du doigt le système éducatif qui ne permet pas, selon lui, de véhiculer les grandes valeurs sociales ou d’enseigner les principes du patriotisme. «On ne peut pas parler de patriotisme dans un pays où l’on n’inculque pas les valeurs du drapeau ou de l’hymne national à nos enfants», a-t-il déploré, regrettant le manque de politiques de renforcement de l’éducation civique dans le programme scolaire des Comores. Un avis fermement contesté par l’économiste Karim Said Soulé.
Ce dernier défend, par exemple, l’existence «d’un patriotisme économique», en vantant les mérites des entrepreneurs qui investissent dans le pays et qui assurent, selon lui, la promotion du made in Comores. «Ceux qui investissent et qui créent par la même occasion des emplois et contribuent, à leur modeste échelle, à la baisse du chômage, ce sont eux les vrais patriotes».
Un avis partagé par l’invité d’honneur de la conférence-débat, le directeur de l’entreprise Cbe, Mahamoud Ali Mohamed. Ce dernier s’est félicité en affirmant que «rentrer au pays et investir relève d’une grande forme de patriotisme et d’une réelle passion envers son pays». De son côté, le fiscaliste Pascal Mdjassiri a émis un avis pour le moins mitigé sur le patriotisme économique. Ce dernier serait, selon lui, entaché par «l’indignité de certains entrepreneurs qui, en faisant recours à des fraudes fiscales, perdent toute crédibilité et ne peuvent pas revendiquer le statut de patriote».
Housni Hassani, stagiaire