logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

3Questions à Rémi Tchokothe I «Pour Mayotte, il s’agit tout simplement d’un génocide!»

3Questions à Rémi Tchokothe I «Pour Mayotte, il s’agit tout simplement d’un génocide!»

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

image article une
Aux Comores pour le Fuka Fest à Mirontsi, le professeur Rémi Tchokothe s’est prêté à notre «3 questions à...» l’écrivain camerounais s’étend sur ce qui l’a poussé à écrire son ouvrage «Entré en tant que cousin, sorti en tant que gendarme» et soutient que le «cimetière marin» entre Ndzuani et Mayotte n’est rien d’autre qu’un génocide.

 

1. De quoi peut-on qualifier les milliers de morts de Comoriens suite à l’instauration du Visa Balladur?


N’ayons pas peur des mots. Je reprends une fresque du Mudzalifa House dans laquelle des femmes tiennent une image sur laquelle il est écrit : «Des Mahoraises craignent un remake du génocide du Rwanda(1994) «. N’ayons pas peur des mots. Ce qui se passe depuis 1995 dans cet espace qu’on peut appeler le «Mur de Berlin maritime» de l’Océan indien, c’est tout simplement un génocide. Ce n’est pas comme au Rwanda où les gens ont été tués avec des machettes mais ici les gens sont poussés à la mort par une décision administrative et politique qui a piétiné le respect des droits des peuples.

2. Qu’est-ce qui vous a poussé à porter votre réflexion sur la question de Mayotte, du Visa Balladur, Kwasa Kwasa?


C’est une question humaine, de relation à grande échelle, depuis les Comores, l’Océan Indien en général, l’Afrique et d’ouverture sur le monde. C’est pour cela que j’ai parlé de géopoét(h)ique. On peut partir de la poésie des auteurs comoriens pour interroger la question de la géopolitique internationale et du droit international.

3. En quoi votre ouvrage «Entré en tant que cousin, sorti en tant que gendarme», peut-il être une thérapie dans cette question des milliers de morts du Visa Balladur?


Cela revient à la question centrale de ce livre : en quoi est-ce que les œuvres d’imagination peuvent constituer une thérapie collective, un espace d’intervention sociale? C’est la question des mots qui peuvent réparer. Il faut partager pour faire le deuil.


Ce livre est axé sur les mots d’un coté mais les auteurs se servent des mots et créent des mots pour essayer de réparer les maux. C’est la question du travail sur la langue, le mal de la langue, sur la mémoire dont parle Saindoune Ben Ali, sur l’histoire, les archives et surtout la nécessité de produire de nouvelles archives.

Le travail du contre discours est fondamental. Travailler sur les textes de ces auteurs est une façon de commémorer ces morts et de dire qu’on a conscience de cette «malaventure». Le minimum qu’on puisse faire c’est de valoriser les auteurs qui se penchent sur cette importante question, une question d’abord comorienne, ensuite une question humaine.

 

Commentaires