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3Questions au styliste Abdou Chakour I «Le manque de production de tissu tue notre couture»

3Questions au styliste Abdou Chakour I «Le manque de production de tissu tue notre couture»

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Trois jours après avoir représenté les Comores à la huitième édition du Salon international du textile africain (Sita) au Togo, le styliste revient sur l’avenir de la mode comorienne et ce qui a empêché les stylistes comoriens de monter sur le podium du Sita.

 

1. Qu’est-ce qui, selon vous, a empêché les stylistes comoriens de monter sur le podium de cette huitième édition?

Le manque d’infrastructure de production de tissu local nous a largement pénalisés. On est arrivé à Lomé avec une marge de moins que les autres compétiteurs. Je pense aussi que les jurés n’ont pas vraiment tenu compte de l’aspect de la créativité et de finition. Deux règles avec lesquelles nous avons pensé pouvoir tirer profit. Ils ont beaucoup plus misé sur la qualité du tissu et de production.Dans cet évènement on devait mettre en valeur les tissus africains produit au niveau du continent, on a eu des difficultés en présentant des tissus qui ne sont pas forcément produit ici.Pour rappel, une des règles de la compétition est que les produits devaient être bon marché alors que nos habits traditionnels comme le dzoho et le dragla coutent très cher. On n’a donc pas pu les mettre en valeur.C’est la première fois que les Comores prennent part à ce rendez-vous, on n’y était inconnus ainsi que nos créations. Nous allons mettre les bouchées doubles pour être fin prêt à la prochaine édition.


2. Comment avez-vous vécu cette nouvelle expérience ?

C’est une fierté pour nous tous. C’est ma première à l’échelle internationale moi qui suis habitué au rendez-vous de la région Océan indien. Avec le peu d’expérience que j’ai, je me suis adapté et représenté le pays comme il se doit.C’est une compétions dans laquelle tout le monde ne pouvait pas gagner. J’ai également eu quelques difficultés avec les mannequins qui parlaient anglais alors que moi je parle uniquement français.

3. Quel avenir voyez-vous pour la mode comorienne?

Avec beaucoup de travail et d’innovation, elle peut prendre de la hauteur. Nous devons apprendre à connaitre l’histoire de nos tissus. Dans cette huitième édition, nos tissus n’ont pas été forts en histoire, ce que nous allons devoir pallier. Chez nous l’histoire est rarement écrite, celle de la mode et de nos tissus moins encore.
Je trouve que nous sommes très limités en matière de production. J’ai comme l’impression qu’on s’est coupé du reste de l’Afrique bien que nous soyons un pays multiculturel avec un peuplement fait de bantou, chirazien et de bien d’autres races. On doit puiser dans cette richesse pluriculturelle pour être plus fort que les autres.
Sinon, on peut dire qu’il n’y pas trop de différence entre nous, stylistes comoriens et ceux du reste du monde.

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