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3Questions à Eliasse Ben Joma I «En musique, il n’y a pas une seule manière d’être «universel»

3Questions à Eliasse Ben Joma I «En musique, il n’y a pas une seule manière d’être «universel»

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Après avoir remporté le Premier Prix au Gwangju Word Cup Festival en Corée du sud, la star revient sur ce que cette victoire représente pour son trio et à la musique comorienne, et sur les perspectives d’avenir

 

1. Que représente pour vous et votre trio cette victoire au Gwangju Word Cup Festival face à trente-deux artistes internationaux?

Ce premier prix en Corée du Sud est un encouragement précieux dans notre processus de création. Il renforce notre conviction de toujours à savoir, assumer pleinement notre singularité. J’écris et je chante à 99% en shiKomori, et j’intègre des éléments de rythmes traditionnels que nous mélangeons à un esprit rock et blues. Cette reconnaissance montre qu’il n’y a pas une seule manière d’être “universel” en musique. On peut toucher le public autrement que par l’anglais, le français ou la pop formatée.

2. Pensez-vous que ce prix marque un tournant dans votre carrière et, plus largement, dans la visibilité de la musique comorienne sur la scène internationale?

Je ne dirais pas que ce prix marque un «tournant définitif» dans ma carrière ou celle du groupe. Ce qui est certain, c’est qu’il nous ouvre de nouveaux horizons possibles. Les échanges que nous avons eus avec des professionnels venus de plusieurs pays d’Asie laissent entrevoir des suites intéressantes. Et bien sûr, cela offre de la visibilité à la scène comorienne.
Beaucoup d’artistes présents se demandaient où se situaient exactement les Comores, certains se plaisaient même à plaisanter en apprenant la taille du pays. Le public n’en avait jamais entendu parler. Au niveau des professionnels, à part un Français et un Italien, les autres ne connaissaient ni les Comores, ni la musique comorienne.Evidemment, cela ne signifie pas qu’à partir de demain, des programmateurs vont débarquer massivement chercher des artistes aux Comores. Mais ils savent, désormais, que ce pays existe artistiquement, et qu’il y existe des talents à découvrir.

3. Comment décririez-vous le message ou l’identité musicale que vous avez voulu porter sur cette scène mondiale, et comment le public coréen y a-t-il réagi?

Notre objectif premier était de nous présenter tels que nous sommes, comme partout ailleurs. Nous n’avons pas cherché à faire ce que le public coréen ou les professionnels allaient “peut-être” aimer. Nous n’avions que vingt minutes, alors nous avons montré les grandes lignes du nouveau spectacle que nous défendons depuis bientôt un an. J’appréhendais de ne pas réussir à faire participer le public – taper dans les mains, chanter, entrer dans l’énergie – comme nous avons l’habitude de le faire partout dans le monde. C’était un public assis, très discipliné, et on l’avait aussi constaté avec les autres artistes. Mais nous avons décidé de rester cohérents, de faire comme d’habitude, et, dès la première minute, le feeling est passé. Ils nous ont suivis du début à la fin dans notre univers. Et ça, c’est déjà une victoire énorme.

Après ce Prix, nous entrevoyons, déjà, des perspectives de travail : développer de nouveaux titres, retravailler le spectacle, intégrer un quatrième musicien dès que possible, et préparer une nouvelle tournée pour 2026. Mais cette victoire ouvre désormais une réflexion plus large, notamment sur l’extension future de cette tournée vers l’Asie, suivant les retombées et les opportunités qui, nous l’espérons, se concrétiseront rapidement.

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