Les organisateurs en espéraient six, ils se sont retrouvés avec douze orchestres. Et il n’en faut retenir que trois, en vue de la finale, prévue le 29 juin prochain. Disons que l’on n’aimerait pas être à la place du jury.
Mardi dernier, c’était au tour de Awladi nour, Shiwe musicomoros et Wanantsi d’entrer dans l’arène, pour la quatrième et dernière soirée de ce premier tour. Question ambiance, et si l’on en croit un avis largement partagé, l’on n’a pas vu mieux depuis le début du concours. Une fois n’est pas coutume, c’est dans la salle de spectacle, et non sur le terrain de basket, que celle-ci a eu lieu. Histoire de parer aux caprices de la pluie, qui se répandait sporadiquement sur Moroni depuis la matinée. Pas de quoi, cela dit, gâcher le spectacle.
Bismilahi, ouvre Awladi nour, orchestre de Dimadjuu ya Hamahame. Sur le devant de la scène, Saïd Djaé, tout droit venu de Marseille. «Shinu idjihadi shahe ledjimbo lashikomori» (C’est un combat pour la préservation de la musique traditionnelle comorienne), lance Simoné, l’animateur, au moment de céder le micro à Rocheto. Idjihadi chante-t-il, justement, tout son dévouement pour sa bien-aimée. Mais le moment le plus fort de l’orchestre reste, inévitablement, l’interprétation du morceau Mna’nkame par Saïd Djaé. «Wanama namnombee duan, emna’nkame yaniredjei. Ba eroho ngaikozao, apvo mnankame yanilawa», reprennent à capella les spectateurs regroupés dans les rebords de la scène.
De l’émotion à l’émerveillement
L’entrée en scène de Shiwe Musicomoros laisse le public ébahi. «C’est un orchestre exceptionnel, en ceci qu’il est le seul dans le pays à regrouper des handicapés et des valides», précise Papakais pour présenter la troupe menée par le musicien et interprète Ibrahim Kaiva, dit Prince Kaiva, qui chantera le titre phare, Trambao, comme l’intitulé de leur premier album. «Duniani tsidja ehali mngu yandzao / Tsidja pvwatsina mindu inendesao / Ngamrabao dja mmwana yamsiwao / Tsibombeo sha ndizo mngu yandzao. Sha ehamu indji leo nilonio / Ndapvo nadjuha pvwatsina nidjuwao / Tsi msomo tsi hazi konilonisho / No koshio shamba irewe kasomo» (Je suis ainsi venu au monde, c’est Dieu qui en a décidé / Je suis venu sans pieds pour me mouvoir / Je marche à quatre pattes comme un enfant qu’on allaite / Ce n’est point un souhait, juste la volonté de Dieu / Mais ce qui m’attriste le plus aujourd’hui / C’est d’avoir grandi sans éducation / Ni diplôme ni travail, je n’ai rien / Il n’est pourtant écrit nulle part qu’un handicapé ne peut pas étudier).
Un sombre tableau de la condition du handicapé comorien, et une prière par un morceau qui se chante les mains et les yeux vers le ciel : «rihaulie bo mola, uripve ndjema zorifurahisha» (Ô dieu, améliore notre condition. Fais-en sorte que nous soyons plus heureux). Le Prince enchaine ensuite avec Komoro, avant de laisser la place à Selemani. Jamais un chanteur n’a autant dominé la scène dans ce concours. Inu nuru (C’est un bonheur), titre de ce morceau, est interprété de manière théâtrale, donnant des airs d’opéra. A l’émotion, succède ainsi l’émerveillement.
Rendez-vous le 29 juin !
Des travées de la salle résonnait, de temps à autre, le nom de Djibasco. Il était attendu par ses admirateurs, venus en grand nombre. Le chanteur vedette du groupe Wanantsi n’a pas déçu. L’orchestre, créé en 2010, regroupe des artistes venus des différentes régions de l’île de Ngazidja. Subitement, la salle de spectacle de l’Alliance française de Moroni était, tout simplement, trop petite pour la troupe. Les danseurs étaient massés, les uns contre les autres, dans le petit espace qui leur était dédié. Ufahari, en duo avec Saïd Bacar, pour commencer. Ensuite, Ha hadalwa, sorte de réquisitoire contre les mariages arrangés. Djibasco a tenu en haleine ses supporters. Un troisième morceau, Habibat par Saïd Bacar, et puis un quatrième, Msafara, avec Assad… et ce premier tour du concours de la chanson twarabu pouvait prendre fin. Les trois orchestres finalistes seront livrés à la mi-juin. La finale est, elle, programmée le 29 du même mois.