S’il est un domaine où les Comoriens excellent à l’étranger c’est bien celui de la musique. Outre les artistes confirmés tels que Soprano, Rohff, Alonzo, Vincenzo, Sultan, voire plus récemment, Goulam et Says’z, qui se font petit à petit une place sur la scène musicale française, l’on retrouve des producteurs de renom, à l’instar de Spike Miller ou encore StillNaS, producteur de Rise and Shine Music et de Baron. Ce dernier s’est adonné, lundi 14 janvier, à l’Alliance française de Moroni, à une séance d’échanges avec des artistes de la place et autres amoureux de la musique pour «partager ses expériences» dans le domaine du Beatmaking et de la production musicale.
Nacem Ali Sultan, de son vrai nom, a commencé les productions en 2008. «Je voulais être Dj. Mais il se trouve que le logiciel que j’avais commandé n’était pas un logiciel de Dj, plutôt de sample. C’est un ainsi que tout a commencé», raconte-t-il quand il se remémore ses débuts aux Comores avant de s’envoler, à l’âge de 15 ans, pour la France et de revenir, un an plus tard, avec une centaine de productions dont celle du morceau Nadia, du rappeur Cheikh Mc, la première qu’il a placé. Mais ce n’est qu’au Sénégal, où il suit des études d’Ingénierie son, qu’il se fait un nom dans le domaine grâce, notamment, au projet La gifle, réalisé, entre autres avec le rappeur comorien Jetcn Balacier, l’artiste qui l’a véritablement lancé dans le domaine de la production et réalisation. Au Sénégal, également, où il fait la rencontre de Big Seush, et compose les mélodies de Krump back to roots, «qui m’ont permis de conquérir l’Afrique», avance le précurseur du krump dans le continent noir.
A deux doigts de craquer…
«La Gifle m’a ouvert les portes de la France», laisse-t-il entendre joint par Dinos et le collectif Square. StillNaS se distingue en France, où il aiguise ses armes à l’Institut des métiers de la musique, avec le morceau Casino de Jake, son premier placement, celui qui lui ouvre les portes du «game français». «Pourquoi ne pas faire des placements», s’interroge-t-il. Plus tard, il accompagne l’ouverture du label Baron dont le premier morceau, Fous l’feu, «fait sensation». Baron révélera notamment Says’z dans One dance remix. «Il se passait quelque chose, mais en même temps il ne se passait rien. J’étais à deux doigts de craquer», évoque-t-il en pensant à l’année 2016. L’année où sort l’un des grands succès du jeune producteur, Feu d’artifice d’Alonzo, co-produit avec Spike Miller, et certifié disque de platine. «Baron et Rise and Shine prennent alors une autre dimension». StillNaS collabore avec Dadju, pendant que Says’z rejoint le label Playtwo, de Maître Gims.
«J’ai grandi ici, Says’z aussi. C’est important que vous, compositeurs et artistes, puissiez vous dire que si eux ils l’ont fait, alors nous aussi pouvons le faire», lance-t-il comme pour encourager les jeunes à être ambitieux, persévérer et, surtout, créatifs. Autrement dit, «il ne pas faut chercher à imiter», c’est dans le ususwiya wa shikomori qu’il faut puiser l’inspiration.