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Abdou Elfatah Bacar : «Nous n’avons pas le droit de laisser tomber la Culture comorienne»

Abdou Elfatah Bacar : «Nous n’avons pas le droit de laisser tomber la Culture comorienne»

Culture | -

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Le chargé d’administration et assistant chorégraphe de Uni’Son Comores qui revient d’une formation en médiation culture et production d’évènements, a bien voulu répondre aux questions de notre reporter sur les projets de son association, l’évolution des travaux de construction du Centre d’Art et culture ainsi que sur les problèmes que rencontre, de manière générale, le milieu des arts et de la Culture aux Comores.

 

Du 25 au 20 décembre, vous avez pris part à la résidence culture organisée par le ministère français de la Culture sur, notamment, la médiation et la production d’événements. En quoi cette formation peut-elle apporter au développement de la Culture comorienne?


On doit d’abord tenir compte de certaines réalités du pays dans ce domaine : les métiers des Arts et de la culture ne sont pas toujours bien perçus et, surtout, sont souvent incompris dans notre société. En ce qui me concerne, je suis plus que jamais motivé pour servir les arts et la culture. Grâce aux nombreuses acquisitions théoriques et souvent pratiques sur la médiation et la production d’évènements culturels, je pense pouvoir mettre en place un festival professionnel qui intéresserait également l’international.


Au niveau strictement local, je compte mettre mon savoir au service des collectivités, des associations et des établissements pour les aider à améliorer leurs activités.Un médiateur culturel c’est le noyau du développement du secteur s’il est motivé et est informé en permanence sur les tendances du moment.
Je suis obligé d’être à l’écoute des besoins du public et d’entretenir des contacts avec les associations, les bibliothèques, les musées ou encore les galeries. Je dois également soutenir les artistes, assister aux événements, assurer leur promotion, la gestion et le suivi du budget et me mettre au service de leur communication et de leur promotion.

Quels sont désormais vos projets?

Nous allons essayer de mettre en place plusieurs projets à court et à long terme. Nous allons aider à former les artistes comoriens en particulier et du sud-ouest de l’Océan indien en général. Surtout ceux qui, jusqu’ici, sont moins visibles et peu connus du public, faire valoir leurs projets dans le pays et dans la région. Plus tard, nous allons miser sur la formation professionnelle chose quasi inexistante chez-nous.
Les Comores ne disposent pas de conservatoire et c’est un projet qui nous tient prioritairement à cœur.

Nous souhaitons également aider les plus jeunes adeptes des arts et de la culture en leur offrant un soutien scolaire et social adapté à leurs besoins. Cela leur permettra de croire en leurs rêves parfois entravés par les hésitations des familles qui soutiennent rarement les jeunes qui aspirent à faire carrière dans le domaine. Nous prévoyons notamment de proposer un accompagnement scolaire pour aider à lutter contre le décrochage scolaire à travers des formations Bafa (Brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur), sur le numérique, les loisirs, les sorties scolaires et les spectacles. Et je compte m’occuper moi-même de l’orientation professionnelle.

Cela fait des années que vous avez mis en place le projet d’ouverture d’un Centre des arts et de la Culture, où en est-il et quels sont les difficultés que vous rencontrez?

Ce projet avance petit à petit mais nous manquons cruellement de moyen. Une partie du centre est déjà construite notamment la salle de danse et deux appartements. Deux autres appartements et la salle de spectacle sont en cours de construction. Nous avons sollicité l’aide du gouvernement pour ce centre dédié au bien-être des jeunes, vainement. Pourtant, cela fait partie de son devoir.

A ce propos, une chose me parait incompréhensible : les aides en matériels que nous pouvons avoir de l’étranger sont lourdement taxées à l’entrée aux frontières. Quand je pense qu’il s’agit d’initiatives visant à aider les jeunes et à développer le pays…

Qu’est-ce qui empêche les métiers des arts et de la culture comorienne de s’épanouir vraiment?

C’est surtout le manque de considération. C’est un domaine marginalisé aussi bien au niveau des pouvoirs publics que des citoyens.Comment peut-on comprendre que jusqu’ici le pays ne dispose d’aucun d’un centre pluridisciplinaire dédié à la formation, la création et la restitution des jeunes? Comment peut-on mettre entre parenthèses la culture comorienne? De plus en plus, les jeunes abandonnent les arts et la culture car, pour eux, c’est un secteur, une activité sans avenir. En vérité, nous comprenons mal la notion de patrie et nous faisons très peu de chose pour aider notre pays à se développer.

Quelles sont les solutions, les actions prioritaires à entrevoir dans le secteur?


Les citoyens doivent comprendre le sens du bénévolat au service de la patrie en général et des arts et de la culture en particulier.Le secteur mérite plus d’encouragements et d’encadrements de la part des autorités pour qu’ensemble nous puissions aider à développer nos collectivités à travers des activités culturelles, notamment.

Il nous faut mettre en avant des activités au tour de la valorisation et la découverte du patrimoine national en dehors de la capitale. Ouvrir des ateliers de danses, de chants, encourager les activités artistiques, culturelles et sportives qui donneront un rôle primordial à la femme. On peut y parvenir grâce, notamment, à l’implication des écoles, des centres sociaux, surtout en milieu rural.

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