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Alliance française de Moroni I Ça ne va plus entre J.R. Guedon et les artistes

Alliance française de Moroni I Ça ne va plus entre J.R. Guedon et les artistes

Culture | -

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Les artistes comoriens sont en froid avec le directeur de l’Af de Moroni à la tête de cette institution française depuis trois ans. “Il a mis un coup de frein à l’héritage laissé par ses prédécesseurs qui avaient su accompagner les artistes. Officiellement, je ne me produirai jamais plus à l’Alliance”, a déclaré le président du Centre de création artistique des Comores, Soumette Ahmed.


Depuis qu’Al-Camar a cessé de les recevoir, danseurs, chanteurs, comédiens et slameurs entre autres, ce sont réfugiés à l’Alliance française de Moroni (Afm) où ils pouvaient proposer leurs prestations. Avec le nouveau patron des lieux, Jean-Remi Guedon, il semble que ce soit, depuis un moment, plus difficilement le cas et les habitués de la scène de l’Afm s’”élèvent contre le comportement” de ce dernier.

“Alors que nous étions en résidence un mois durant dans son institution, il n’est jamais passé voir ce que nous faisions, ce que je n’ai jamais vu avec ses prédécesseurs. Malgré que nous ayons un contrat, il n’a cessé de me demander d’annuler le spectacle. Il a déjà eu des problèmes avec des artistes et des structures comoriens notamment K’Danse Comores, Ahamada Smith, Eliasse Ben Djoma, Le Clown Bavard et d’autres encore”, assure Soumette Ahmed.


Lors du récent concours Nyora à l’Amf, Jean-Remi Guedon aurait également eu un accrochage avec Tartib. Selon Mohamed Boina de cette agence, lors de la demi-finale, le directeur serait monté sur scène durant les répétitions a demandé à l’équipe de “quitter la salle, a signifié que le spectacle n’allait pas se tenir” dans son institution sous prétexte que le jour l’évènement, nous n’allions “pas pouvoir honorer certaines conditions du contrat”. La tenue de cet évènement avait nécessité l’intervention du ministre de la Culture, Nourdine Ben Ahmed, qui a dû se rabaisser jusqu’à faire le déplacement auprès de Jean-Remi Guedon pour “concilier” les deux parties

“Jamais plus à l’alliance”

“Les manières auxquelles Jean-Remi Guedon a recouru pour essayer de bouter le concours Nyora hors de son institution montrent bien qu’il est loin d’agir en professionnel. Vous ne pouvez pas monter sur scène et demander à des personnes avec qui vous avez signé un contrat, de débarrasser le plancher. C’est quoi ces manières? Pourquoi ne pas les recevoir pour discuter tranquillement? Pour qui il se prend Jean-Remi Guedon?”, a lancé le président du Ccac-Mavuna.Contacté pour réagir à ses déclarations, le directeur de l’alliance a choisi de ne pas répondre à nos questions.


“Face à cela”, Soumette Ahmed, comme le président de l’association K’Danse Comores, Allaoui Mohamed, ont pris la résolution de ne “jamais se produire” dans l’institution française “tant que c’est Jean Rémy Guedon qui y tient les manettes”. “Une fois, on devait se voir le lendemain de notre spectacle à l’alliance avec le directeur mais il a choisi d’annuler le rendez-vous et de tenir le compte-rendu du spectacle au téléphone. Après le spectacle à l’Afm, nous étions programmés à Fomboni, on y avait même fait le déplacement. Mais Jean Remy a appelé sa consœur pour lui dire qu’on n’était pas des professionnels et qu’on n’allait pas pouvoir remplir la salle. Cela a conduit à l’annulation de notre prestation”, devait témoigner, Allaoui Mohamed.


Après son spectacle “Bob” à l’Amf, le président du Ccac dit avoir commencé à se “poser des questions sur le directeur, sa vision et ses visées sur la culture comorienne”. “Nous sommes reconnaissants de ce que l’Af apporte aux artistes comoriens en particulier moi qui a eu l’occasion d’y travailler en tant qu’administrateur. Mais j’estime que ce nouveau directeur ne connait pas son travail, n’est pas accueillant, n’aime pas les artistes comoriens et nous maltraite”, semble désormais convaincu le comédien.

“C’est le moment où jamais”

Apres l’incident qui a apposé Tartib à Jean-Remi Guedon, des artistes comoriens semblent remettre au goût du jour l’idée de construction d’une salle de spectacle. Si certains considèrent que cette responsabilité revient à l’Etat, d’autres comme Allaoui Mohamed et le chanteur Lee Nossent estiment qu’il est “d’abord” du devoir des artistes avant d’être celui d’autrui. “Il est temps que les artistes rompent avec les manières d’attendre tout de l’Etat. Nous sommes plus nombreux. Pourquoi ne pas nous organiser pour créer une salle de spectacle? Nous pouvons prendre un moment, organiser des spectacles et lever des fonds pouvant financer au moins le début du projet”, propose le président de K’Danse.


Lors de la finale du concours Nyora, des jurés étaient revenus sur la question de l’absence de salle de spectacles aux Comores. “Nous prions aux décideurs du pays d’apporter leur soutien à la Culture pour nous éviter de revivre les problèmes que nous avons eu à l’Amf durant ce concours. Il y’a des foyers dans toutes les localités du pays, mais jusqu’aujourd’hui nous n’avons pas de centre national ni de salle de spectacles dignes du nom. Pour ceux qui aiment la musique comorienne, c’est le moment ou jamais”, avait déclaré Soulayman Mze Cheikh avant que Salim Ali Amir ne conclut : “C’est une honte qu’après plus de quarante ans d’indépendance, la salle de l’Alliance française de Moroni soit encore le seul endroit où nous pouvions présenter un évènement aussi important que ce concours”. Espérons que ces cris de détresse ne seront pas tombés dans les oreilles de sourds.

Mahdawi Ben Ali

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