L’hôtel Retaj a accueilli, mercredi soir 19 novembre, un vernissage d’une intensité rare, où l’art, la danse et l’âme humaine se sont rencontrés dans une harmonie presque irréelle. Dès l’entrée, le visiteur était saisi par des dizaines de tableaux suspendus aux murs. La salle, remplie de proches, d’amateurs d’art et d’esprits curieux, vibrait d’une énergie douce, prête à accompagner une soirée hors du temps. L’exposition, intitulée Instant de grâce, rend hommage à deux univers qui se répondent : la danse classique et la féminité. Un thème que l’artiste peintre Catelina explore avec une sensibilité rare.
Dans un discours à la fois humble et vibrant, Catelina a d’abord tenu à remercier ceux qui ont rendu cette soirée possible : le directeur du Retaj, pour avoir ouvert les portes de son prestigieux établissement, et sa fille, Angélique, directrice artistique et commissaire d’exposition, pour son soutien constant. Puis, d’une voix remplie de passion, elle a dévoilé l’origine de cette série.
«La musique et la danse classique ont toujours eu une place dans ma vie. J’ai fait de la danse dans ma jeunesse, et ce qui m’a particulièrement inspirée, c’est le ballet “Le Lac des Cygnes”. Sa musique, composée par Piotr Ilitch Tchaïkovski, est chargée d’histoire», a-t-elle déclaré. Selon elle, Le Lac des Cygnes n’est pas seulement un drame amoureux. C’est la longue rêverie du prince Siegfried, tiraillé entre un idéal inaccessible et la dureté du réel. Odette, le cygne blanc, incarne la douceur et la lumière, tandis qu’Odile, le cygne noir, son reflet inversé, représente la cruauté et la tragédie.
L’artiste l’explique tout en montrant un tableau illustrant ses propos : «Ce que j’ai voulu raconter avec mes pinceaux, confie Catelina, c’est cette dualité : le bien et le mal, l’amour impossible, la lutte entre le Je, le Moi et l’Autre, la paix introuvable, la perfection jamais atteinte.» À la fin de son discours, la célèbre musique du ballet s’est élevée dans la salle, enveloppant les œuvres d’une aura nouvelle. En déambulant entre les tableaux, une silhouette revient sans cesse : le cygne blanc, Odette. Parfois danseuse, parfois musicienne jouant de la guitare ou du violon, elle traverse les toiles avec une grâce presque irréelle. Les mouvements peints semblent prolonger ceux d’un ballet invisible.
Guidée par l’amour maternel
Mais derrière la technicité et la maîtrise artistique se cache une histoire plus intime. Catelina le dit sans détour : «La peinture m’aide à tenir. Et ma fille aussi. Je n’aurais jamais pu accomplir cela sans elle.» C’est sa fille qui l’a encouragée à exposer. Elle qui n’est pas très présente sur les réseaux sociaux a trouvé en elle une alliée, un moteur, un pont entre sa créativité et le monde extérieur.
Si Catelina peint habituellement sur bois, cette série a été réalisée sur papier, mêlant acrylique, crayons, collages et matériaux spéciaux.
Un travail colossal qui lui a demandé un an et demi. Par ailleurs, une couleur s’impose comme fil conducteur : le bleu. Le bleu revient toujours. Sa fille l’explique :
«C’est la maternité, la douceur, l’enfance».

