«J’ai découvert Mohamed Badaouia avec un niveau plutôt moyen. Mais en un laps de temps, il a fait des progrès remarquables. Il apprend vite. Avec un peu plus de soutien, son avenir dans le monde de la peinture est tout tracé «, apprécie le peintre, Ben Ahmed, celui-là même que Mohamed Badaouia appelle «Maître» et considère comme son idole.
Influencé par le plasticien comorien Zainou El Abidine Ali alias Picasso, le graphiste Tcharo ou encore l’Espagnol Miquel Barcelo, Mohamed Badaouia jette l’ancre en plein dans la peinture abstraite et la sculpture pour tenter de se faire un nom dans le milieu des arts et de la culture de son pays. S’il s’est adonné à la peinture et au dessin depuis son jeune âge, et qu’il a pris part à quelques expositions, il lui a fallu attendre octobre 2022, lors de la deuxième édition du Festival de Tsidje, pour esquisser ses tous premiers pas vers le grand public.
«Respirer la liberté»
Dans la maison familiale à Ntsaweni dans le Mbude, au centre de l’île de Ngazidja, Mohamed Badaoui installe son petit atelier dans lequel paysages, portraits, art islamique, recycla-art et sculpture se bousculent.Il ne faut pas, nécessairement, avoir l’œil du lynx pour voir que Mohamed Badaoui est bien influencé par l’artiste Ben Ahmed, notamment, dans ses toiles de couché de soleil. Un point sur lequel, de l’avis de certains dans le milieu, le plasticien de 25 ans devrait travailler pour essayer de se démarquer de son idole.
«L’art est une partie de moi. Il me permet de respirer la liberté et de défendre mes idées sans aucune contrainte. En tant que jeune artiste, j’essaie de me diversifier pour trouver mon chemin. Ainsi, je pratique toute sorte d’art allant de la peinture à la sculpture. Bien qu’actuellement je me beigne sur les deux rives, il m’arrive de surfer sur d’autres genres pour m’enrichir davantage», se décrit le créateur de la marque «Kwezi».
Repéré lors du Festival de Tsidje, le peintre de Ntsaweni a été retenu en novembre 2022 pour prendre part à la cinquième édition du Festival d’arts contemporains des Comores(Facc). «J’ai eu un très bon carnet d’adresses à l’occasion du Facc et j’espère bien avoir quelques ouvertures».
Jumeler les genres
Avec sa peinture de monuments historiques, telle que la Place Daradjuu - qui conjugue la splendeur à l’histoire pour que la fascination soit à son comble -, Badaouia défend une «identité comorienne africaine» : «Un monument restauré traduit les connaissances, les ambitions, les goûts, non seulement du maître d’oeuvre mais aussi du maître d’ouvrage. C’est le vrai révélateur de l’appréhension des édifices par une génération donnée, qui leur permet de reconnaître comme sien un édifice centenaire», aime à soutenir l’artiste.
On dit toujours qu’il n’est pas facile de vivre de l’art aux Comores, mais le jeune plasticien entend vivre des fruits de son art. Pour le moment il s’en sort, tant bien que mal, en jumelant divers genres artistiques à la fois. Et c’est avec le flocage de tee-shirt, la réalisation de banderole, la création de logo et la décoration extérieure et intérieure notamment de bureau administratif qu’il arrive à tenir les deux bouts.
«Avec une formation en peinture, il pourrait s’installer sur le toit de la peinture comorienne. Il faut qu’il s’inscrive en beaux-arts afin de se professionnaliser davantage et ne pas rester l’autodidacte que nous sommes», estime le «maitre», Ben Ahmed. En attendant, on ne peut que lui souhaiter «bonne route!».