«Rien qu’en visionnant un court extrait de sa dernière prestation à l’Alliance française de Mononi, j’ai su qu’il avait quelque chose de plus, peut-être un grand acteur en devenir auquel on devrait donner toutes les chances pour pouvoir représenter le pays. Un jeune comme lui devrait faire partie des délégations qui représentent le pays aux Jeux des jeunes de l’Océan indien. Trop souvent, nous envoyons des jeunes dénués de talents dans des compétitions régionales et cela dessert le pays. Cela devrait changer avec des jeunes comme Houwayad», estime le comédien professionnel, Soumette Ahmed.
«Les arts dans les veines»
Né dans une famille de comédiens, Ben Houwayad Ibrahim a embrassé le théâtre dès sa plus tendre enfance : «Les répétitions de théâtre se faisaient à la maison familiale, mes oncles ont, tous, été acteurs. J’ai appris par la suite que mon père était aussi comédien. Je pense avoir cela dans les veines», conclu ce comédien de la compagnie Nombamba théâtre de Singani. Très tôt, il a intégré les troupes théâtrales, notamment Ngani sketch, de l’association culturelle de Singani. Aujourd’hui, il est la première autorité de Nombamba théâtre de la même localité. «Sur scène, je me sens libre et moi-même. Je me donne à 100%, pour le bien de la troupe, car avant tout c’est un travail collectif». Au-delà du théâtre, Houwayad, est membre du Awouladi El Habshi où il chante, joue aux percussions et tient le rôle de maître de cérémonie, et de la )Twarikat Qarriya en tant que mourid. Au paravent, il a présidé aux destinées de la coopérative de l’Ecole communautaire de Singani et membre de l’association Wanamwezi, chargé de l’environnement et du bien-être de sa cité natale.
«Il est temps qu’on donne la chance, qu’on accorde plus d’amour et qu’on récompense la passion des jeunes comme lui. En tant que comédien professionnelle, je pense qu’on devrait mettre en place des théâtres dans les villages pour repérer les jeunes talents et surtout les aider à prospérer. Houwayad a du charisme, de la présence scénique, il sait aussi être marrant. Il faut aussi des références à ces jeunes car ils ont besoin de phare pour voir loin. Houwayad devrait pouvoir s’inscrire à un conservatoire de théâtre», estime le président du Centre de création artistique et culturel des Comores. Selon lui, en effet, avec son âge, son entourage et l’Etat devrait lui donner la chance de faire du théâtre sa vie car il a les atouts pour y arriver.
«Il donne envie d’écrire!
Pour la comédienne Intissam Dahilou, Houwayad devait continuer dans le monde du théâtre dans la mesure où il a beaucoup de facilité à s’adapter aux directives de la scène et du texte. «Dans le spectacle présenté à l’Alliance lors du concours dans le cadre du Festival des arts de la rue des Comores, il a fait une bonne entrée. Avec la démarche, la voix, l’articulation, on a senti qu’il a eu du travail. Et pour qu’on sente ce travail, il faut que le comédien soit bon et réceptif dans le jeu d’acteur. Sur scène, on sent la présence, la variation des émotions qui conquièrent le public. C’est du talent pur», a soutenu la jurée au récent concours de théâtre initié par l’Afm. «Nous, qui avons des studios et films à réaliser, nous allons le contacter en cas de besoin. C’est le genre d’acteur qui te donne envie d’écrire un scénario», a-t-elle conclu.
«Je ne connaissais pas Ben Houwade Ibrahim sur le plan théâtral bien qu’on soit issu de la même lignée. Je l’ai découvert récemment lors d’un spectacle de clown de la compagnie Nombaba. J’ai été conquis par son jeu de scène et l’émotion qu’il transmet au public. C’est quelqu’un qui peut aller loin. Il a un talent inné. Ces parents jouaient aussi au théâtre, peut-être qu’il l’a hérité d’eux. Je pense qu’il en faut peu pour le rendre bien meilleur encore», a souligné l’ancien comédien de la compagnie Nombaba théâtre, Nassila Ben Ali, avant de lancer : «peut-être, sommes-nous en train de vivre les débuts d’un comédien qui va faire du bien à l’art comorien sur la scène national et, pourquoi pas, à l’international».