La compagnie de danse contemporaine, Tché-za, a animé une conférence-débat la semaine dernière au Centre national de documentation et de recherche scientifique (Cndrs) au tour de l’art et la culture comorienne. Dans cette rencontre riche en partage, les conférenciers, Soumette Ahmed, Zainou El-Abidine, Cheikh Mc, Lee-Nossent et Fouad Salim ont, chacun, relaté les “hauts et les bats” qui prévalent dans leurs domaines. Ils ont tous mis l’accent sur le manque d’infrastructures appropriées pour la production et la consommation. Malgré que les industries culturelles et créatives génèrent 2250 milliards de dollar et offrent environ trente millions d’emplois à travers le monde, aux Comores, le secteur marche au ralenti.
Dans ce débat modéré par le journaliste Idjabou Mboreha, le chanteur Lee-Nossent a soutenu que les artistes apportaient déjà beaucoup au développement du secteur.
“Faire bouger les choses en attendant”
Selon lui, depuis l’indépendance ils “réitèrent le même discours et s’interrogent sur la part de l’Etat”. Après avoir fait le constat selon lequel l’Etat se donne toujours d’autres priorités aux dépens des arts et de la Culture, il a appellé le monde des arts à “arrêter à toujours chercher à se calquer” sur ces modèles étrangers où l’Etat est présent. “Il est temps que les artistes prennes leur destin en mains et essaie de faire bouger les choses eux-mêmes en attendant cet hypothétique apport de l’Etat”.
Pour leurs parts, le rappeur Cheikh Mc et le comédien Soumette Ahmed, sont revenus avec insistance sur “l’obligation” de l’Etat à soutenir le secteur. “Ce qui marche dans le milieu c’est tout juste du fait de notre passion et de notre amour pour les Comores. Nous avons choisi de rester et de vivre difficilement de l’art au lieu de nous réfugier à l’étranger et vivre à l’aise. Il est temps d’obliger l’Etat à comprendre que la Culture est indispensable au pays au même titre que l’éducation et la santé. Sinon qu’ils ferment le ministère de la Culture s’il ne sert à rien”, a soutenu le rappeur.
Ce n’est pas la première fois que les artistes comoriens échangent sur la situation de leur métier et propose des pistes pour le sortir de la léthargie, mais il n’y jamais de suivi réel des résolutions prises.
En 2018, le dramaturge et homme de culture, Soeuf Elbadawi, avait mis en place un collectif d’artistes, de poètes et d’autres professionnels de la culture, Cheikh Mc, Akeem Ibrahim Washko, Eliasse et Ast, entre autres, pour réfléchir sur le devenir des Arts et la culture et établir un plan pour “défendre” leurs intérêt.” Nous avons été incapables d’échanger véritablement. Certains ont cru qu’il suffisait de signer l’appel, que les choses allaient se faire tout seul. On se paie avec des mots, parce qu’il est plus facile de dire que c’est la faute à l’Etat. Mais nous, on fait quoi pour avancer ? On se tourne les pouces et on se regarde en chien de faïence”, a cru devoir rappeler Soeuf Elbadawi dans son journal en ligne Mouzdalifa House.
Mahdawi Ben Ali