«Nous ne pouvons nous targuer d’être des créateurs de quoi que ce soit, nous nous appliquons plutôt à sauvegarder ce qui a déjà été fait». C’est par ces mots que Salim Youssouf a ouvert la conférence de presse, organisée hier au Centre national de documentation et de recherche scientifique (Cndrs) par l’association Uwanga. Ce collectif s’est fait un devoir de «protéger» la Culture comorienne s’est étendu sur les actions qu’elle entreprend «depuis un peu plus de deux ans».
Une seule question constitue, c’est le moins que l’on puisse dire, le fil rouge de leur action. «Qu’est-ce qu’un Comorien?» À en croire le Dr Abdérémane Wadjih, n’est pas nécessairement comorien celui qui nait aux Comores. Ne l’est pas plus celui qui nait de parents comoriens, et encore moins celui qui dispose de la nationalité comorienne.
Bien que la question soit «difficile à trancher», reconnait l’anthropologue, un début de réponse pourrait être amorcé à partir d’un seul mot : «la Culture». Au fil des années, cette dernière aurait reçu, de la part des Comoriens, une définition pour le moins minime, réduite à la danse et au mode d’habillement.
«On ne fait pas dans l’innovation»
«Les poèmes de Mbae Trambwe ne s’incorporent-ils pas dans la culture? Les cite-t-on, pour autant? Et la philosophie de Youssouf Didjoni, n’est-ce pas de la culture?» devait se demander l’écrivain.A en croire les conférenciers, le collectif disposerait d’un champ d’action très élargi. «Nous oeuvrons dans les coutumes, les comportements mais également la civilisation», précise Salim Youssouf. Pour autant, nuance-t-il, les actions de l’association s’orientent beaucoup plus vers la «protection» de ce qui aurait été négligé depuis des années. Ainsi, Uwanga, littéralement «Eclosion», mais utilisé dans le sens de «Renaissance» par le collectif, a travaillé sur «les twarabu, les tombeaux comoriens ou encore la poésie». «On écume les origines. On examine. On analyse. Sans pour autant prétendre en être les inventeurs», devait insister Salim Youssouf.
La prestation de Fahid
En effet, le Dr Abdremane Wadjih, à travers des vidéos postées sur les réseaux sociaux, met en exergue la production poétique d’un Dafine Midjindze qui n’aurait rien à envier à la poésie d’un Pierre de Ronsard. Mieux : la poésie française pourrait être réduite à «l’esthétique», alors que celle des Comores va au-delà de la beauté, et tutoie «le goût». «Udjipva pour nous, Udjisa pour les autres», dit-il.Le dernier fait d’arme de l’association reste le travail d’orfèvre mené pour authentifier les paroles de l’hymne national, dont l’interprétation de l’artiste Fahid le Bled’art, le 6 juillet dernier place de l’indépendance, a fait couler énormément d’encre. Même si des voix comme celle du Dr Abdou Djohar ont très vite éteint le brasier.
«Vrai twarabuà la comorienne»
Mais bien avant la prestation de Fahid, Uwanga se serait déjà rapproché des compositeurs de l’hymne qui auraient confirmé avoir bien utilisé «Ulimi», comme dans la prestation de Fahid le Bled’art, et non «dini». «Nous avons même appelé Farid Youssouf pour le chanter», a révélé Abdérémane Wadjih.
Par ailleurs, Uwanga s’apprête à lancer un orchestre de twarabu, du «vrai twarabu à la comorienne», devait préciser l’anthropologue.