«J’aime bien ce renoi, Aydii Lamany. Flow, plume, technique, prestance, tout y est. Il a le Drip, chose très importante pour un rappeur Hip pop», soutient le producteur, Don Dé. Après Aydii Lamany, le danseur de King crew, voici Aydii Lamany, le rappeur de Madjadjuu. Sans bruit, année après année, le rappeur de 24 ans enchaine les concerts et déchaine le public avec un style original qui contribue au renouvellement du rap comorien à l’image de Titi le Fourbe, Asam Mungoina ou encore Bil Wiz.
«Rien qu’avec son entrée en matière, tu sens du vécu, une valeur ajoutée à la Culture. Je le mettrais dans la case de Titi le Fourbe, Bil Wiz et Asam dans son style d’aborder ou d’exploiter le rap. Ce sont les premiers rappeurs comoriens si je ne me trompe pas, à avoir mélangé dans leurs flow, leurs propre accent dans le rap. La plupart d’entre nous, sentons plus des flows des States «comorianisés», adaptés à la langue. Mais Aydii comme ceux dont je viens de citer, ont la facilité de rapper comme ils parlent tout en mélangeant des mélodies et des rythmes hip-hop», analyse le rappeur du Label Watwaniya production, Jetcn Balacier.
Validation
Bien qu’il ait épousé le mic en 2014, il a fallu attendre 2016 et l’apport du chanteur de danceall, Steve six, pour voir l’auteur de Mkayidi Freestyle prendre le chemin des studios. C’est surtout grâce à la page Instagram, «Ngazidjazba» que l’ancien footballeur de l’Amitié sportive des Comores (Amisco) a éclos aux yeux du public comorien notamment avec le morceau Mkayidi Freestyle 1, validé, soit dit en passant, par des grands tels Soprano, Rohff, Alonzo ou encore Cheikh Mc. «Je suis arrivé au quatrième art sous l’influence d’artistes comme Alonzo. J’ai arrêté l’école en classe de Terminal pour me consacrer à la musique. Depuis 2016, j’ai compris que je peux gagner ma vie à travers elle. J’étais bon dans la danse tout comme au football mais je n’étais pas le meilleur, une position que je déteste par-dessus tout. C’est là que je me suis dit que je dois me battre pour être le meilleur rappeur de ma génération avec un style particulier et à l’image d’aucun rappeur du pays», raconte-t-il.Sans interdépendance avec aucun Label de la place, Aydii Lamany se produit au studio Guiri Prod du chanteur Yaya et, contrairement à nombre de rappeurs comoriens, lui, il trempe sa plume dans sa langue nationale et s’habille chez des stylistes bien de son pays.
«Pour ma langue, pour mon pays, pour mon africanité»
«Après avoir beaucoup travaillé pour avoir un style à part, j’ai également bossé pour maitriser les rouages de la langue du roi-poète, Trambwe. Etant des leaders d’opinion, les artistes comoriens doivent en profiter pour défendre une cause noble, aussi «petite» soit-elle. Moi, je mise sur la langue une des valeurs les plus magnanimes d’une société. Je ne veux pas ressembler à un tel ou un tel autre artiste ou chanter en français parce que des confrères le font, je dois rester moi-même et défendre les valeurs africaines. Chose que je laisse entrevoir notamment dans mes clips, au niveau vestimentaire, etc.», affirme-t-il avec un large sourire synonyme d’assurance.Avec une vingtaine de concerts à son compteur, Aydii Lamany a déjà partagé la scène avec de grands noms du monde de la musique comorienne à l’instar du patron du Label Watwaniya production, Cheikh Mc ou encore du chanteur, producteur et compositeur maorais, Meiitod.
«Je vous promets du lourd!»
De Ntsinimwashogo dans le Mbadjini, son village natal, en passant par Madjadjuu à Moroni où il a grandi, Aydii Lamany commence à se faire un «fief» et regagne le cœur de sa famille qui, au départ, ne voulait pas entendre parler d’un «Aydii chanteur» : «Désormais, ma mère et mes sœurs sont derrière moi, ça donne envie de tout décrocher jusqu’aux étoiles. Maintenant, il faut juste que ceux qui nous suivent soient patients car financièrement, il n’est pas facile de se produire aux Comores. Mais une chose est sûre, je vais proposer du lourd pour chaque sortie», jure le jeune chanteur.
Après Mkaydi freestyle 2 sorti le 2 septembre dernier, Aydii aime à dévoiler que d’autres projets sont dans les tuyaux mais qu’il fallait être patient. «Comme la plupart des rappeurs, j’ai été émerveillé par son talent, son côté posé et réfléchi à travers son écriture de qualité. J’ai senti de la maturité et un vécu bien que ce soit un egotripe. Il est rare de trouver de nos jours un artiste ayant, à la fois du flow et une bonne plume, deux qualités qu’on en trouve chez Aydii. Il est clair qu’il a beaucoup voir énormément à apporter au rap comorien s’il continue dans ce sens», s’est laissé convaincre l’auteur de Sarumaya mind, Jetcn Balacier.