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Ben Ibrahima Mohamed : « Avec le slam, on peut décrocher la lune»

Ben Ibrahima Mohamed : « Avec le slam, on peut décrocher la lune»

Culture | -   Sardou Moussa

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Dans une île de Ndzuani où la lecture et la littérature en général tardent encore à devenir grand public, une association de jeunes poètes de l’île se proposent de renverser la tendance. A leur manière et tout en slam. Entretien avec le cofondateur du club Pomwezi. “Pomwezi” comme puwa u mwezi qui signifie “décroche la lune!”. Car “le slam peut rendre possible ce qu’on croit impossible”.

 

Al-watwan : Votre association a entamé une tournée dans les établissements scolaires pour faire découvrir le slam aux élèves. Combien d’établissements avez-vous déjà parcourus et quelles ont été les réactions sur le terrain?

Ben Ibrahima : Nous avons commencé cette tournée vers la fin de l’année 2019. Nous nous sommes rendus jusqu’ici dans sept écoles privées et publiques à Mtsamdu, Mirontsi et Wani. A Mtsamdu, ce sont les écoles privées Soma et Kibala, à Mirontsy, le collège public et à Wani les établissements privée Gsd, Epage, Ashaha et le collège public. Au début, les élèves ne comprenaient pas bien, mais après ils ont beaucoup apprécié. Certains se sont même demandé s’il ne serait pas possible d’insérer un temps de slam dans leur emploi du temps.

Al-watwan : D’où vous est venue l’idée de fonder une association de slameurs à Ndzuani? Le nom de “Pomwezi” a-t-il une signification particulière?

Ben Ibrahima : J’ai eu l’idée avec un ami, Elbadawi, de Mbeni. Nous avons lancé un appel à adhésions puis nous-nous sommes retrouvés rapidement à cinq avant d’accueillir d’autres membres plus tard. C’est la première association de ce genre qui a ses statuts dans l’île. Une jeune femme, Loukile, avait tenté de fonder la même association, mais ça n’a pas duré.
Quant au nom de “Pomwezi”, il est né par hasard, au cours d’une discussion sur whatsApp avec l’un des cofondateurs. C’est du shikomori, puwa u mwezi qui signifie “décroche la lune!”. Parce que le slam peut rendre possible des choses que l’on croit impossible. Tu peux slamer jusqu’à décrocher la lune.
Tenez cet exemple d’une situation impossible renversée par le slam : une Malgache appelée Kaïla, une slameuse, a fait de son art une thérapie grâce à laquelle une jeune fille qui était presque muette a pu retrouver la parole sur scène.

Al-watwan : Le slam est une discipline plutôt jeune. Pouvez-vous expliquer en quoi elle consiste?

Ben Ibrahima : Il n’est pas aussi récent que ça! Il est apparu à Chicago aux années 1980, avec un certain Marc Smith. Il s’est répandu à travers le monde jusqu’à rencontrer le célèbre slameur français appelé Grand Corps Malade. Il est actuellement partout en Afrique. Il y a de nombreuses compétitions internationales, dont une coupe d’Afrique et une coupe du monde.
Dans notre pays nous avons un concours national de slam. Il est dit “concours national”, mais nous qui sommes à Ndzuani et à Mwali n’avons pas la possibilité d’y participer. D’où la nécessité de l’étendre à tous les slameurs de l’archipel pour qu’elle revête réellement le qualificatif d’événement national.

Al-watwan : Quels bénéfices peut tirer un élève à se mettre au slam?

Ben Ibrahima : Le slam aide beaucoup l’élève à améliorer son expression écrite et orale. Il y a des ateliers d’écriture où l’on écrit sur divers sujets de société. Le fait de slamer sur scène aide aussi l’élève à s’habituer à la prise de parole en public.

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