Votre objectif principal était de redynamiser le réseau des Clac. Pensez-vous l’avoir atteint?
Oui. Il faut noter que cela était un travail collectif avec la direction générale de la Culture. Le succès est allé au-delà de nos espérances. Le projet vient de finir mais je dirais que c’est le début. Grâce à lui et à l’implication de la partie comorienne notamment de l’ancien ministre, Djaffar Salim Allaoui. Quarante contractuels ont été recrutés pour animer les Clacs, une chose dont la nouvelle ministre essaie de faire le suivi. Ce qui est plus remarquable encore dans cette opération, c’est qu’elle concerne vingt-deux femmes.
Nous avons déjà des indicateurs qui témoignent de la réussite de ce projet. Le recueil des données via de petits questionnaires en ligne, renseignés grâce aux animateurs a été expérimenté de façon satisfaisante. Après chaque activité, un échantillon de participants était invité à donner son appréciation. Il en a été de même pour chaque action de formation.
Cette autoévaluation a permis aux décideurs de procéder, en cas de nécessité, à des réaménagements en cours du projet ou au contraire d’être confortés dans la démarche en cours. Chapeau bas, c’est une belle réussite. Il y a de la dynamique ou de la dynamite (Rire).
Un grand merci aux médias de tout genre qui ont beaucoup contribué à rendre ce dynamisme plus réel encore.
Il y a eu quand-même quelques difficultés?
Ça a pu être, parfois, lié aux partenaires. On s’est même séparé d’un partenaire français pour un partenaire franco-comorien. Nous avions travaillé surtout avec des partenaires comoriens qui ont une expérience du terrain et connaissent bien le travail des Clac. Parfois, la communication a fait défaut. En interne, nous avons même créé un groupe WhatsApp pour faciliter le travail dans la mesure où nous devions, parfois, travailler à distance d’une île à l’autre. Il y en a qui n’ont pas été suffisamment réactifs.
Pour ce qui est des bénévoles fraichement recrutés, il a fallu les redynamiser pour qu’ils puissent comprendre que dorénavant, ils ont des réels obligations et des comptes à rendre.
Bien que certains Clac aient été rénovés avec du mobilier et une couche de peinture, certains locaux sont en mauvais état. Envisagez-vous un réaménagement plus en profondeur de ces espaces?
Nous dépendons du budget du ministère des Affaires étrangères français. Dans le cadre du projet «A vos clac, prêt, partez !», nous avons dû contribuer à la réfection de toits, de barreaux de sécurités, cela pour permettre au matériel que nous avons octroyé d’être en sécurité. Pour l’heure, nous ne pouvons pas faire de grands réaménagements…
«À vos Clac, prêts, partez!» s’est déroulé sur deux ans, et a couvert Ngazidja, Mwali, et Ndzuani. Y a-t-il une suite à ce projet?
Dans l’immédiat, je dirais que non. Mais nous allons attendre le mois de la francophonie car les Clac sont le fer de la lance de la francophonie. Nous avons déjà programmé des activités pour ce mois de mars. Nous allons suivre de près ce que réalisent les animateurs et voir comment ils mettent à profit ce qu’ils ont gagné du projet «A vos clac, prêt, partez !». Je pense aussi que les livres et les jeux doivent être renouvelés tous les cinq ans.
Vous avez fourni des livres aux Clac, mais on note un manque de références d’auteurs comoriens qui pourraient, pourtant, inspirer davantage les jeunes lecteurs. Pourquoi ce choix?
Nous avons déjà entendu cette critique. Il faut noter que la liste de ces livres a été établie en concertation avec les coordonnateurs des Clac que ce n’est pas un choix du seul Scac. Maintenant, je crois savoir que l’Organisation internationale de la francophonie va envoyer des ressources et il y aura une part pour les auteurs comoriens.
Le fait que ces auteurs soient dans les Clac est une bonne chose. Dans le cadre de la promotion des auteurs comoriens, nous travaillons avec le jeune auteur, Mahamoud Bachirou, qui fait une tournée dans les Clac et les Alliances françaises des îles.
Le projet a été divisé en six volets, chacun nécessitant des ressources humaines, techniques et financières. Pourriez-vous revenir sur la répartition de ces volets et leur impact?
Nous avions un volet sur la formation des animateurs qui consistait à professionnaliser les animateurs et à faire prendre conscience que c’est bien un métier qu’il faut valoriser. Ils ont été formés au Bafa en stage théorique, pratique et perfectionnement. Quant aux ateliers artistiques, nous avons travaillé avec le Ccac-Mavuna pendant les grandes vacances afin d’occuper les jeunes. Nous avons également eu une animation sportive qui n’a, malheureusement pas toujours été mise en valeur dans les Clac. En fin, nous avons fait en sorte que les Clac puissent acquérir des ressources pouvant les aider à être le plus dynamiques possible.
Etes-vous satisfaite du travail réalisé par des partenaires locaux tels que Seaview Artwork, le Centre de création artistique et culturelle de Mavuna (Ccac-Mavuna), et l’Ong Twamaya ya Maudu, qui étaient chargés des activités sur le terrain?
Tous nos partenaires ont été parties prenantes dans ce projet. C’est un projet où l’évaluation est importante. Nous avons constaté qu’au fil du projet, les choses se sont améliorées notamment en termes de rigueur. Nous avons privilégié des partenaires locaux qui connaissent bien le terrain.
Un dernier mot?
Ça a été un projet dont la pertinence s’est vérifiée. Ma grande satisfaction est qu’il a aussi pu générer de l’emploi. Aujourd’hui, après ce succès, la direction générale de la Culture reçoit des demandes d’ouverture de clac dans différentes localités