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Centres de lecture à Ngazidja I «Clac», ces lieux laissés à l’abandon

Centres de lecture à Ngazidja I «Clac», ces lieux laissés à l’abandon

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Destinés, en principe, à permettre à la population vivant en milieu rural et semi-urbain dans tout le pays d’avoir accès aux livres et à des activités socioculturelles, les Centres de lecture et d’animation culturelle ont du mal à atteindre cet objectif. Après plus d’une vingtaine d’années d’existence, ils ont perdu leurs superbes des premiers instants. Nos reporters se sont intéressés au cas des Clac de l’île.

 

Autrefois considérés comme un support incontournable de l’Education, les Centres de lecture et d’animation culturelle (Clac) ont beaucoup de mal à tenir leur pari. Implanté aux Comores depuis 1995 par la direction générale des arts et de la Culture en partenariat avec l’Organisation internationale de la Francophonie, le réseau national des Centres de lecture et d’animations culturelles, ou Clac, assuraient un panel d’activités attractives aptes à insiter les plus jeunes, en particuliers, à investir ces lieux de Culture et de savoir.En tout, une dizaine de Clacs est implantée à Ngazidja, Ndzuani et Mwali pour permettre à la population en milieu rural et semi-urbain d’avoir accès aux livres et aux activités d’animation socioculturelles.


Cependant, aujourd’hui, ils ont beaucoup de mal à atteindre cette ambition, concède le coordinateur du réseau à Ngazidja, Mohamed Issa. Selon lui, tout a commencé avec la mise à terme, par le ministère de l’Education nationale, des indemnités octroyés aux animateurs des centres. Aujourd’hui, ce rôle est détenu bénévolement par des étudiants qui ne peuvent pas accorder suffisamment de temps à l’épanouissement des lieux. «Contrairement aux nouveaux, les animateurs des toutes premières heures étaient plus âgés et plus conscients, me semble-t-il, de la responsabilité qui leur incombait. Les associations mères considéraient les Clacs comme un soutien important à l’Education nationale, avec des animations faites de jeux de société, éducatifs et culturels qui expliquaient l’engouement de leurs adeptes. De même, les comités de gestion contribuaient à leur stabilité. Aujourd’hui, ces comités n’existent tout simplement plus», déplore Mohamed Issa.
Un Clac est censé ouvrir de 7h à 12 et de 14h à 17h. Aujourd’hui, certains peuvent rester fermés… toute la journée.

«Redonner de la vie»

A l’heure actuelle, seuls quelques centres de Mwali et Ndzuani peuvent être considérés comme étant régulièrement en activité car disposant d’animateurs permanents et qui proposent une gamme d’activités suffisamment attractive.Outre le manque d’animateurs, les rares habitués déplorent le manque d’»ouvrages de qualité» : «l’on a à faire, de plus en plus, à des livres qui datent et qui nous parlent peu. Souvent la qualité même du papier vous rebiffe. Parallèlement, malgré un certain regain de l’activité artistique dans le pays, on en trouve presque pas dans ces lieux pourtant dits d’animation culturelle : ni de slam, ni de théâtre, ni de scrabble et encore moins de la danse. Il y’a vraiment besoin de redonner de la vie à ces endroits», analyse un ancien animateur de Clac à Ngazidja.


Alors qu’un Centre de lecture et d’animation culturelle aurait coûté autour de douze millions de francs à l’Organisation internationale de la Francophonie, personne, désormais, ne semble en prendre soins. Après qu’elle ait cessé ses subventions, ses endroits se sont rapidement vidés du matériel qu’ils contenaient. Certains ont tout simplement été vandalisés. «Parfois par ceux-là même qui sont censés en prendre soins», assurent des habitués. Selon le coordinateur du programme clac réseau Ngazidja, un animateur se serait même attribué un téléviseur. Tout simplement. 


«Je pense que l’Oif a cessé ses subventions à cause de notre mauvaise gestion. Le bilan de notre activité est loin de plaider en notre faveur. Toutefois, malgré cela, l’Organisation internationale de la Francophonie va bientôt nous équiper en matériel et va même construire un clac de nouvelle génération», assure Mohamed Issa.
Conscients de cette situation, certains tentent de trouver des solutions. Pour se faire, ils ont essayé d’affecter des animateurs dans les différents Clacs dans l’espoir que ceux-ci retrouvent leur stabilité d’antan.

«Et l’Etat dans tout ça?»

Mais «tout le monde veut à tout prix être affecté à Moroni ou à Mitsamihuli», les deux principales agglomérations de l’île. Ils projettent, également, de construire d’autres centres dans des régions où il n’y en a aucun.Dans cet élan, ils pointent du doigt l’Etat à travers le ministère de l’Education nationale : «Il n’accorde pas toute l’importance qu’il faudrait au réseau, bien que son apport au développement de l’Education soit indéniable. Il pense, peut-être, que le fait d’aller à l’école soit suffisant. Loin de là, les enfants ont également besoin d’être protégés et suivis en dehors des salles de classe et les Clacs peuvent, à cet égard, constituer une solution. Pourquoi l’Etat peut-il débloquer des millions, par exemple, pour l’équipe nationale de football et rechigner à indemniser un animateur de clac qui assure la sécurité éducative de nos enfants?», s’interroge le coordinateur.

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