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Cheikh Mc : «Il faut que la justice fasse son boulot»

Cheikh Mc : «Il faut que la justice fasse son boulot»

Culture | -   Dayar Salim Darkaoui

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Journée internationale des droits de l’enfant. Nous nous sommes entretenus avec le rappeur et ancien ambassadeur de l’Unicef auprès des jeunes, Cheikh Mc. Il a sorti Kutsi wawetshe en marge du lancement de la cellule d’écoute “pour inciter les enfants à parler”. Il est convaincu que les choses se sont améliorées : “si on parle d’autant de cas aujourd’hui, c’est justement parce qu’ils sont dénoncés. Le problème c’est que, derrière, la justice ne suit pas”.

 

 

1. Nadia, Kutsi wawetshe ou encore Mawudu yahawo. Vous avez, en tant qu’artiste, beaucoup œuvré pour la promotion des droits de l’enfant aux Comores. Dans ce domaine, d’importants progrès ont été faits notamment en matière d’Education. Mais en ce qui concerne les violences et abus, les cas augmentent d’année en année. Une insuffisance de sensibilisation?


 

J’ai sorti Kutsi wawetshe en marge du lancement de la cellule d’écoute. Le but était de sensibiliser les enfants pour qu’ils parlent. A ce niveau-là, je pense plutôt qu’il y a une grande amélioration. Parce qu’avant, cela restait un sujet tabou. Si on a autant de cas aujourd’hui, c’est justement parce qu’ils sont dénoncés.

Le problème, c’est que derrière la justice ne suit pas. Nous nous activons pour amener les enfants à rompre le silence, pour qu’au final ils deviennent doublement victime. Puisqu’ils sont souvent pointés du doigt, et les violeurs laissés en liberté. Ce qu’il faudrait, c’est sensibiliser le gouvernement pour que la justice fasse son travail comme il se doit.

Je souhaiterais, par ailleurs, que les questions relatives à la protection des enfants et à la lutte contre les violences faites aux femmes ne soient pas “limitées” à une journée. Je félicite et encourage, dans ce sens, l’association Hifadhui, une des rares à être opérationnelle toute l’année. En outre, il y a l’exigence de résultats. Nous devons nous fixer des objectifs, afin d’évaluer la portée de nos actions.

 

2. Dans Imaya, une chanson dédiée à votre fille, vous prêchez l’exemplarité. Il arrive, pourtant, que l’on vous surprenne en train de fumer, par exemple…


 

 J’ai toujours fais en sorte de véhiculer une bonne image. Dieu merci, jusqu’aujourd’hui je n’ai jamais été associé à un scandale ou à tout autre acte répréhensible. J’essaie et j’ai toujours essayé de rendre l’image de quelqu’un qui respecte la religion, le pays et, par-dessus tout, qui a la fibre patriotique. Pour donner, justement, le bon exemple à nos enfants. Maintenant, je suis un fumeur. Il m’arrive des fois de me retirer dans un coin pour fumer. Il se peut qu’en passant un enfant me surprenne, mais ce sont des choses qui arrivent et qu’on ne peut pas forcément maitriser. Toujours est-il que je prends toutes mes précautions. Pour preuve, la grande partie de mon public ne sait même pas que je fume. J’essaie plus de rendre une image irréprochable à travers mon œuvre, car c’est elle qui me lie au public. Je reconnais, malgré tout, que fumer en public n’est pas une bonne chose. Je vous remercie d’avoir soulevé la question, parce que je vois les choses différemment.

 

3. Le clip Yamakasi de Kz Puissance Sud ft. Djado Mado, signé Dany Eyz, fait beaucoup parler dans les réseaux sociaux. Cette histoire (bien que fictive) d’armes à feu et de trafic de drogue, loin de nos réalités, ne passe pas pour certains. Quel est votre point de vue?


 

J’ai une conception totalement différente de l’artiste. J’essaie toujours de mettre la réalité en évidence et restituer ce que nous avons de meilleur. Dans Yamakasi, on a des images qui ne reflètent pas ce qui se passe dans le pays. Cela fait friction.

J’ai une réserve, cependant. C’est qu’en tant qu’artiste, surtout dans le hip hop, on peut se permettre des écarts du deuxième degré. On peut présenter une image pour en signifier une autre. Peut-être qu’il y a un message caché dans le clip. Dans tous les cas, je ne l’ai pas partagé. Pas parce qu’il n’y a pas la qualité artistique ou technique, mais je n’aimerais pas que ma fille visionne ce genre de clips.

Ceci dit, je suis contre toute forme de restriction ou de censure. Les artistes doivent disposer de la pleine liberté de création. A charge ensuite au public et aux médias de juger. Je me serais plus inquiété si ces images reflétaient le quotidien de ces jeunes.

Pour peu que je les connaisse, ils ne sont pas du tout comme ça

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