logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Chébli Msaidie I «Notre Culture peut contribuer au développement du pays, il faut juste y croire!»

Chébli Msaidie I «Notre Culture peut contribuer au développement du pays, il faut juste y croire!»

Culture | -

image article une
Le producteur, chanteur, auteur-compositeur parle, de long en large, de Nuktwa, son sixième album sorti vendredi 6 octobre. Mais pas seulement.

 

Que signifie le titre de votre album, Nuktwa, sorti le 6 octobre?


En shiKomori et en swahili «Nuktwa» signifie «point». C’est ce point où tout a commencé et où tout s’arrête. La musique comorien, et du monde en générale, est en train de recommencer. La musique comorienne, la nouvelle musique comorienne en tout cas, s’inspire sur ce qui se passe à l’étranger, particulièrement chez nos frères de Tanzanie et d’Afrique du sud. La musique classique comorienne, le twarab, elle, essaie de renaitre.Nuktwa c’est là où le passé et le présent se rencontrent. C’est un point d’exclamation et, plusieurs, interrogations.

Avec ce sixième album, pensez-vous avoir franchi un palier?


Non, j’ai juste réalisé quelque chose que je ne pensais pas pouvoir faire avant, du moins ici au pays : un album enregistré à Moroni avec plusieurs musiciens éparpillés dans les quatre coins du monde.Des Cubains, des Sénégalais, des Camerounais, des Congolais, des Comoriens et des Français. Je ne pensais pas pouvoir le faire aussi facilement depuis ici au pays. Je suis vraiment satisfait du résultat.

Vous avez invité des artistes comoriens de la nouvelle génération. Une volonté d’ouverture?


Plutôt un appel à contribuer, à m’aider. Nous avons joint nos connaissances pour donner naissance à une oeuvre qui vogue entre l’ancienne et la nouvelle génération.
Les jeunes du groupe Fabrary ont l’âge de mon fils ou un peu plus.Je suis très content de voir combien ils ont apprécié de se joindre à moi dans cet album. Je croyais que ma musique été ringarde, mais au final, j’ai vu qu’ils étaient bien inspirés, mais aussi qu’ils ont du talent.


Vous savez, les Comores regorgent de talent surtout de chanteur. Nous accusons du retard au niveau des musiciens et des techniciens, mais au niveau des chanteurs, pas du tout, l’émission Nyora en ait la preuve.Il faudrait des conservatoires pour permettre à notre musque de prendre plus de hauteur encore. Ce retard n’est dû aux artistes mais plutôt aux pouvoirs publics. C’est du fait, entre autres choses, de l’absence de salles spectacles, d’infrastructures.

Que pensez-vous de la situation politique du pays à un moment où vous dites qu’il y fait bon vivre dans Gombesa?


Dans ce titre, j’invite les étrangers à venir visiter mon pays et demande aux Comoriens, à la jeunesse surtout, de continuer à l’aimer et à ne jamais baisser les bras. J’y invite également les autorités à regarder la réalité en face.
Le pays fait face à beaucoup de difficultés. Est-ce qu’il y a de l’espoir? Oui, parce que nous avons une jeunesse qui ne demande que très peu de chose pour travailler dans ce sens.


Ma crainte, c’est de décourager cette jeunesse dynamique. Certes, nous avons un bon pays, mais nous avons aussi une bombe à retardement. Une bonne partie de cette jeunesse ne rêve que de partir à l’étranger, c’est très dangereux. Personne n’y croit. Aujourd’hui, on prétend vouloir inciter celle de la diaspora à rentrer alors que nous sommes incapables de garder celle qui est sur place. Cela revient à faire venir une personne dans une maison sans porte.

Vous avez réuni plus de trente musiciens de nationalités diverses dans un album aux sonorités d’ici et d’ailleurs…
…dans ce nouveau projet, j’ai commencé par une reprise de twarabu de l’Egyptien, Farid Al Atrach, pour monter où on vient, et j’ai fini par le morceau Waheri*, pour parler de ma région, cet Océan indien fait de paix et de joie de vivre.
J’ai écouté et réécouter cet album et ceux qui l’écoutent disent que malgré le mélange des genres musicaux et la participation de musiciens venus d’horizon divers, on sait que c’est du Chebli. Même quand sept artistes chantent dans un même morceau, on sent la «touche Chébli», cela qu’on n’aime ou pas.Cet album est un cocktail fait maison dans lequel j’ai réuni plus de trente musiciens.


C’est mon parcours qu’il a impulsé ce mélange. J’ai eu la chance de côtoyer Mhoumadi des Comores, Patrick Bebey du Cameroun, Luis Manreza du Cuba, Jean Welers de France. Des chanteuses angolaises, cubaines qu’on retrouve en featuring. Un bassiste camerounais ou encore un musicien malgache.
Je dois préciser que si j’ai réussi à réunir tous ce monde tout en restant à Moroni, c’est aussi grâce au studio Watwaniya de Cheikh Mc et de Faraz qui a joué un rôle important dans cet album.

Vous auriez un dernier mot ?


Quand on a la chance d’être accompagné d’une trentaine de musiciens dans un seul opus, la moindre des choses est de les remercier de m’avoir donné tant de joie. Remercier ma famille qui a toujours cru en moi et qui m’encourage à continuer à faire de la musique.
Mes remerciements vont également à Comores Telecom qui m’a soutenu. J’espérer que notre pays va un jour retrouver son effervescence et l’âge d’or datant. Il faut que les Comoriens contribuent au développement de notre musique et de notre Culture car elles peuvent aider à développer notre pays. Il faut juste y croire!

 

* Coelacanthe
* Littéralement = porté sur ce qui est bien

                 

Commentaires