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Cinquantenaire de l’indépendance. Exposition photographique au Cndrs I De la colonisation à l’accession à la souveraineté nationale

Cinquantenaire de l’indépendance. Exposition photographique au Cndrs I De la colonisation à l’accession à la souveraineté nationale

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Un voyage dans le temps, à travers trois grandes périodes : la colonisation, la résistance et les toutes premières années de l’indépendance.

 

A l’occasion de la célébration du Cinquantenaire de l’accession des Comores à l’indépendance des Comores, le Centre national de documentation et de recherche scientifique (Cndrs) propose au public une exposition photos historique intitulée «Les Comores dans l’Histoire : de 1841 à 1978». Un véritable voyage dans le temps, à travers les trois grandes périodes que sont la colonisation de 1841 à 1975), la résistance sur la même période et les premières années de l’indépendance entre 1975 et 1978.
L’évènement, conçu par l’historien et professeur, Moussa Saïd, avec le concours des agents du Cndrs, met en lumière des photographies aux récits poignants sur les grandes figures et mouvements qui ont marqué l’histoire politique et sociale des Comores.

Parmi les personnalités mises à l’honneur figurent l’ancien président du Conseil du gouvernement, Saïd Mohamed Cheikh, le père de l’indépendance, Ahmed Abdallah Abdérémane, le leader révolutionnaire et ancien président, Ali Soilihi Mtsashiwa, ainsi que de grandes figures des mouvements du Parti socialiste des Comores, le Pasoco et du Mouvement pour la libération nationale des Comores, le Molinaco tels que Mohamed Ali Mbalia, Abida Ali Chebane, Abdou Bacar Boina, Bouhar Abdouloihab, Saïd Mohamed Abdominale, sans oublier les lycéens de la célèbre grève de 1968, symboles d’une jeunesse déjà en lutte.

«Enracinée dans le temps»

L’exposition revient sur les nombreux actes de résistance à l’occupation coloniale. Trois soulèvements marquants sont mis en exergue à savoir la fronde de 1883, la révolte de 1890, et l’insurrection de 1915 qui ont fait face à une répression brutale avec la pendaison du sultan Msa Fumu Bin Fe Mku, l’assassinat du sultan Hachim Mouigni Mku, et la mort au combat du patriote Masimou Mwepva. On y apprend aussi que certains administrateurs coloniaux, comme un certain Henri Pobéguin, avaient pu pactiser avec les princes locaux pour tenter de limiter les abus de colons européens, accusés d’«avidité» et d’«arrogance».


«Des colons, tel que Charles Humblot, à Ngazidja, Sunley à Ndzuani, Lambert à Mwali et Ciro à Mayotte se sont accaparés de vastes terres, provoquant la colère des notables et de la population. En 1899, le commissaire de police de Moroni a été poignardé, victime de son mépris affiché envers les familles royales locales», peut-on apprendre sur une des bâches exposées. Pour ce qui est de la colonisation, tout commence en 1841 quand la France pose son premier jalon colonial dans l’archipel. Un sultan usurpateur d’origine malgache, Andrianantsuly, également connu sous le nom de Tsilevalu, vendit l’île de Mayotte au représentant de la marine française pour mille piastres, avec l’appui du sultan maorais, Bwana Combo.


«Une transaction aux lourdes conséquences : l’argent servira à financer l’éducation de ses enfants à l’île Bourbon (La Réunion), pendant que le peuple comorien entre dans une longue nuit coloniale. En 1886 et 1887, les autres îles passent sous protectorat français. La résistance locale s’intensifie lorsque les accords coloniaux imposent la suspension des sultanats, l’expropriation des terres et l’effacement progressif des structures politiques traditionnelles. De nombreux sultans opposés à cette entreprise sont alors exilés vers des terres lointaines comme la Nouvelle-Calédonie, Nossy-Bé à Madagascar ou encore Bourbon».


«Mémoire» et «avenir»

A travers cette exposition, le Cndrs entend, notamment, «raviver la mémoire collective, permettre aux jeunes générations de découvrir les luttes qui ont façonné leur pays et rendre hommage à ceux qui ont résisté à l’oppression coloniale». Une plongée précieuse dans l’histoire comorienne, souvent méconnue, mais essentielle à la compréhension du présent. Cette initiative du Cndrs semble s’inscrire dans une dynamique plus large de valorisation du patrimoine historique et de transmission intergénérationnelle, à l’heure où les Comores célèbrent fièrement un demi-siècle de souveraineté retrouvée. L’exposition sera visible au Cndrs jusqu’au 27 juillet prochain.

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