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Cinéma aux Comores Vers la relance du cinéma Al-Camar en juin prochain

Cinéma aux Comores Vers la relance du cinéma Al-Camar en juin prochain

Culture | -   Nassila Ben Ali

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Pour financer ce projet, la société propriétaire de la mythique salle, compte contracter un “prêt important” ou procéder à une augmentation du capital des actionnaires afin de renflouer les caisses et relancer les activités. A fin d’assurer le maximum de chance de réussite de ce projet, son directeur général, Saïd Tourqui Saïd Abdallah, annonce qu’un “travail conséquent” sera mené dans ce sens. “Plusieurs travaux sont prévus, dont la rénovation de la salle et l’acquisition d’un équipement plus adapté au nouveau contexte”.

 

La société propriétaire de la mythique salle de cinéma d’Al-Camar, “Ciné-Comores”, a annoncé, lors d’un entretien avec votre journal, la reprise en juin prochain de ses activités cinématographiques. Selon l’actuel président-directeur général de la société, Saïd Tourqui Saïd Abdallah, un projet estimé à plus de 90 millions de francs est en examen pour rénover la salle avec un matériel professionnel de projection, des sièges adaptés au contexte car, actuellement, la salle délabrée ne répondrait pas aux exigences du moment.

 

J’ai eu plusieurs demandes, en tant qu’actionnaire et directeur, pour la relance du cinéma. On y a beaucoup pensé et on a monté ce projet qui va nous permettre de remettre le cinéma sur le rail,

 

a-t-il indiqué. Pour assurer le maximum de chance de réussite à ce projet, le patron de Ciné-Comores annonce un “travail conséquent” à mener. “Le projet est évalué à 90 millions, c’est le minimum qu’il faut aujourd’hui pour relancer le cinéma”, a-t-il indiqué.

Plusieurs travaux sont prévus, notamment le renouvellement de tous les sièges. “Il faudra mettre d’autres sièges adaptés avec le design qu’il faut, mais également de nouveaux appareils, avec la vidéo numérique professionnelle et des projecteurs spécialisés pour les salles de cinéma afin d’avoir les mêmes effets que le cinéma traditionnel avec des coûts conséquents”. La salle devrait être viable de longues années sous la forme d’une “salle polyvalente”.

Pour financer ce projet, la société va contracter un prêt important. A en croire Saïd Tourqui Saïd Abdallah, la Banque fédérale du commerce (Bfc) avec laquelle “nous avons eu de très bonnes discussions” semble intéressée et s’est prononcée favorablement.

En cas d’échec de cette première démarche, une deuxième option consistera à une augmentation du capital des actionnaires dans le but de renflouer les caisses et relancer les activités.

“Parfaitement viable”

Le patron d’Al-Camar est très optimiste quant à la rentabilité de la salle. Selon lui, un taux de remplissage de 7%, soit quarante deux personnes en moyenne par séance, durant toute l’année, suffira amplement pour faire face à n’importe quel crédit. “C’est un projet parfaitement viable”.

Cinéma Al-Camar est une salle de six-cents places, dans le cadre des aménagements prévus, on envisage d’ajouter cent sièges supplémentaires, avec des places Vip. Si tout se passe comme prévu, la société Ciné-Comores sera en mesure de répondre aux exigences du public “dès juin 2018, soit les prochaines vacances”. “En attendant, on continuera à faire louer la salle”.

“Cinéma Al-Camar” a été ouverte en 1962 par la société Sococom en partenariat avec les grandes personnalités du pays de l’époque, en l’occurrence l’ancien président Saïd Mohamed Cheikh, le prince Saïd Ibrahim, Mohamed Ahmed, Saïd Tourqui, Mohamed Dahalane, entre autres et a fait la gloire du cinéma à l’époque.

Cependant, avec l’avènement de la vidéo aux années 1980, en 1986 précisément, et sa généralisation dans les foyers, Al-Camar verra ses activités baisser. “L’arrivée de la vidéo ne fut pas une bonne chose pour le cinéma aux Comores”, dira le patron d’Al-Camar qui rappelle que son père, ancien président-directeur général de la maison, avait lutté bec et ongles pour la fermeture des salles de vidéo payante.

Il avait mené une campagne pour la fermeture des salles de projection vidéo payantes qui, alors, pullulaient à Moroni. Pendant ces années 1980, le combat était mené avec le ministère de l’Intérieur, mais cela n’avait pas abouti.

Laisser passer la tempête

 

Au fur et à mesure que les foyers se dotaient en équipement vidéo, les salles de vidéo payantes commençaient à se vider, n’en parlons pas des salles obscures.

 

Pour Saïd Tourqui Saïd Abdallah, il s’agissait là d’un phénomène face auquel tout le monde était impuissant. “Il n’y avait rien à faire. Il fallait laisser aux gens le temps de savourer, d’apprécier ce nouvel instrument”, soutiendra-t-il en soulignant au passage la facilité d’accès du nouvel instrument avec lequel on pouvait regarder le film qu’on voulait.

“Il suffisait d’aller dans une location de vidéo pour prendre le film qu’on voulait”, commente-t-il.
Après l’abandon des projections cinématographiques, la salle a été utilisée pour des spectacles, des petits concerts ou du théâtre avec certains des établissements scolaires qui la louaient pour y organiser certaines de leurs activités de fin d’année scolaire.

Durant presque toutes les années 1990, il n’ ya pas eu de projection cinématographique jusqu’en 1998 quand une tentative a été menée pour relancer le cinéma. Cela s’était fait avec un certain succès, avec des films célèbres comme Titanic.

Avec ce film américain, “on avait fait le plein durant les quatre séances proposées”, a confié Saïd Abdallah qui estime que cette expérience s’est révélée “concluante”. “Le public avait répondu, cependant il restait beaucoup à faire par rapport à la qualité de l’image” devait-il concéder.

“Les vidéos-projecteurs n’étaient pas à la hauteur et malgré le succès enregistré par le Titanic, nous étions conscients que la qualité n’y était pas”.

Après la fermeture de la salle de cinéma, l’équipement s’est rapidement délabré et le cinéma traditionnel n’était plus fonctionnel.

En 1999, la salle a été louée au studio de production et d’enregistrement de musique, Studio 1, qui avait décidé d’y installer une radio et de transformer la salle de cinéma en une salle de concert. Cela durera dix-sept ans, de 1999 à 2016.

Un patrimoine national

Parmi les problèmes à l’origine de la fermeture de la salle, Saïd Abdallah Saïd Tourqui identifiera le prix trop élevé d’acquisition des films.

A l’époque, pour faire venir un film depuis la France, il fallait, selon Seda, 6.000 francs français, des charges qui étaient partagées avec des salles de cinéma de la Réunion, de Maurice et de Madagascar. A un moment donné, les salles à Madagascar s’étaient trouvées dans l’obligation de fermer, comme Al-Camar.

Depuis l’année dernière, la société “Ciné-Comores”, propriétaire de la salle mythique, semble avoir pris les choses en main. “J’ai fait un projet qui va permettre de relancer le cinéma”, indique le directeur qui “constate” que les “mentalités ont changé” : “les jeunes ont besoin de lieux de rencontre, autres que les plages et les boîtes de nuit”.

Toujours est-il que ce nouveau projet semble avoir le soutien de l’assemblée générale des actionnaires et du Conseil d’administration bien décidés à relancer d’une manière pérenne les activités cinématographiques, si l’on en croit Saïd Tourqui Saïd Abdallah. “En 2014, j’ai réorganisé le conseil d’administration et l’assemblée générale. J’ai demandé à ceux-ci d’inscrire la salle au patrimoine culturel national.

La résolution a été adoptée par tout le monde”, dira “Séda” qui, pour l’anecdote, a rappelé la proposition formulée, en 2007, par un grand entrepreneur comorien de “transformer la salle en magasin de stockage de matériaux de construction”. (Sic). Une idée qui “heureusement” a été purement et simplement rejetée par l’ensemble des actionnaires.

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