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Cinéma comorien. Jeunes réalisateurs I Sur le chemin de croix...

Cinéma comorien. Jeunes réalisateurs I Sur le chemin de croix...

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Des jeunes passionnés du Septième art ambitionnent de prendre le flambeau d’un cinéma comorien longtemps porté par des réalisateurs issus de la diaspora, puis par des jeunes qui ont émergé à travers le défunt Festival international du film comorien (Ciff). Malgré le déficit de formation et de logistique ils se battent pour proposer autre chose que de pâles copies de Hollywood, Bollywood, Nollywood et autres scenarios asiatiques. C’est loin d’être gagné d’avance.

 

Bien que le premier film Made in Comoros, Baco, a été réalisé en 1997 par Ouméma Mamadaly et Kabire Fidaaly, le cinéma comorien peine à trouver sa voie. Ses premiers réalisateurs, Ouméma Mamadaly, Kabire Fidaaly, Ahmed Mze Boina, Mohamed Saïd Ouma ou encore Mounir Allaoui, sont bien plus connus à l’étranger, où ils sillonnent les festivals, que dans leur propre pays.Après la fermeture de la salle de cinéma Al-Camar à Ngazidja et de Al-Qitwar à Ndzuani, les Comores ont dû attendre jusqu’en 2012 et l’organisation de la première édition du Festival international du film comorien (Ciff), pour renouer avec le grand écran, des réalisateurs comoriens et un regard comorien inspiré des Iles de la lune.

Priorité aux plus jeunes

Le Ciff a tenu sa promesse «d’initier un regard critique sur la fabrication de l’image aux Comores et susciter un désir de création au sein de la jeunesse locale». Mais, depuis qu’il a baissé les rideaux après deux éditions pourtant fécondes pour avoir impulsé l’arrivée d’une dizaine de cinéastes, le Septième est comorien a fait plusieurs pas en arrière. Désormais, plusieurs jeunes cinéastes s’inquiètent par rapport à son avenir. Conscients et confiants en ce que l’union fait la force, des réalisateurs, des artistes et des comédiens ont créé, en août dernier, l’Union des cinéastes aux Comores (Ucc) dont l’objectif est de «promouvoir la production cinématographique comorienne et de soutenir les plus jeunes à travers des formations» : «L’idée de créer l’Ucc n’est pas le fruit du hasard. Nous avons pris le temps de réfléchir sur la question à travers des réunions de concertation. Nous avons constaté qu’en matière de cinéma, beaucoup de jeunes qui ont de l’ambition, du talent et qui, parfois, ont déjà réalisé de bons films, sont inconnus du grand public. Pour inverser la tendance et faire connaitre ces talents sur le plan national et international, nous avons estimé nécessaire de créer l’Ucc pour aider au développement du septième art aux Comores», a expliqué le président de cette association, Ali William, dont l’objectif prioritaire est la formation des plus jeunes.


Dans ce secteur longtemps porté par des réalisateurs issus de la diaspora, aujourd’hui, de jeunes résidants tentent d’emmerger et de faire consommer local dans un secteur aujourd’hui dominé par Hollywood, Bollywood, Nollywood, des années après les scénarios asiatiques. Cependant, plombés par le manque de formation et de moyens financier et logistique, ces jeunes réalisateurs se débattent dans une production qui gagnerait à être mieux «travaillée». Après les Laïla Abdou Tadjiri, Wonssia Issouffou, Zainou El Abidine, Mahmoud Ibrahim Asma Binti Daoud et bien d’autres – dont la plupart a été découverte à travers le Ciff – aujourd’hui c’est bien la génération Ali William, Soighir et Intissam Dahilou qui a repris le flambeau. «Pas besoin d’un œil professionnel pour déceler les petites erreurs de débutant du réalisateur Ali William dans Code 2, dans Kudurwa de Intissam Dahilou pour ne citer qu’eux. Vivement des formations pour un bon cadrage du cinéma comorien».Le cinéma comorien produit encore très peu. Par ailleurs, face à l’absence de salles de projection pour faire découvrir au public le peu qui existe, l’Ucc doit improviser. C’est ainsi qu’en août dernier elle a organisé la projection de cinq films – Mariage forcé, Kuduroi, Riziki, Tsozi et Code 2 –, en plein air à l’Ifere.

Abandonné à lui-même

Une chose est sure, les jeunes acteurs du l’Unions des cinéastes Comores sont loin de manquer d’ambition malgré leurs moyens limités. Dans leur combat pour le cinéma comorien, ils projettent, entre autres choses, la mise en place prochaine d’un concours qui doit primer les meilleurs réalisateurs, acteurs, actrices et les meilleurs productions.Le Ciff avait beaucoup apporté au cinéma comorien notamment grâce aux formations qui avaient été assurées par des professionnels. Les jeunes issus de cet apprentissage avaient su donner une belle image du pays à travers, notamment, des festivals du film sur le continent.


En ce qui la concerne, la nouvelle génération qui vient de créer l’Union des cinéastes aux Comores est constituée de jeunes autodidactes qui ont un besoin crucial de formation : «Ils sont trop dans l’improvisation et commettent des fautes de débutant», analysait, récemment, l’acteur Saifillah Ibrahim dans le film Kudurwa de la réalisatrice, Intissam Dahilou.A l’instar de toutes les disciplines artistiques et culturelles, le cinéma comorien semble condamné, depuis longtemps, à naviguer à vue d’œil en l’absence de politique de développement. Pour accéder au grand public, la production avait pu, un moment, compter sur les petites chaines de télévision locale qui, aujourd’hui, ont, toutes autant qu’elles étaient, mis la clé sous le paillasson. Il ne reste que la télévision d’Etat, qui, elle, ne semble pas être plus emballée que ça par la promotion du cinéma comorien.

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