Sur certaine question pourtant d’importance capitale, connaitre son passé pour mieux comprendre le présent et forger l’avenir d’une manière sereine, ne semble avoir que peu d’échos dans l’oreille de beaucoup d’entre nous. L’état du patrimoine, ce legs abandonné à son triste sort fait froid dans le dos. Qui, aujourd’hui, visite le musée national des Comores ou le Karthala? Qui s’est déjà intéressé aux résultats des recherches sur les véritables origines de nos îles?
En réalité, plus personne. Nous continuons à émettre des constats sans jamais nous décider à prendre le taureau par les cornes et sauver le peu qui reste.
Le patrimoine brûle et l’histoire des Comores et, peut-être même, notre identité avec. Que dire des ministères de l’Education nationale ou de ceux de la Culture qui n’engagent aucune action concrète par apport à l’intégration du shiKomori, ou d’une éducation culturelle ou civique dans l’enseignement? Ce qui, pourtant, aurait pu changer beaucoup de choses.
Trop souvent, il apparait une volonté manifeste de cacher certains évènements qui, pourtant et quel qu’ils soient, pourraient contribuer à panser des maux et à comprendre où le pays a failli pour espérer redresser le navire.
Ces initiatives mort-nées
Plus grave encore, depuis la période coloniale à nos jours, on continue encore à servir aux élèves et étudiants comoriens des «histoires» qui ne peuvent pas contribuer à nourrir leur rêve et à les inciter à protéger le legs du pays.Parfois, certaines personnes se réveillent de ce cauchemar et cherche à questionner ce patrimoine en grande difficulté sans jamais parvenir à planter des bases solides et permettre à leur initiative de perdurer. Ici, tout, malheureusement, semble éphémère.
Au niveau du patrimoine bâti, tout est à réhabiliter. Mais là encore, on vit autour de ces mines d’or mais on continue à crier famine et à tendre la main. Conséquence du défaut de sensibilisation à la protection de la chose commune, des populations locales abîment, tranquillement, des monuments historiques et culturels souvent millénaires. Une notion qui a pris feu, aussi longtemps qu’on s’en rappelle. Le «Moi» a pris le dessus sur le «Nous», et a précipité le legs dans sa descente aux enfers.
Pourvu que…
Ce manque de considération de la mémoire collective semble avoir de nombreuses conséquences sur une nouvelle génération qui, désormais, n’a d’yeux que pour ce qui vient d’ailleurs. Rester sur place et travailler à construire un patrimoine qui saura perdurer dans le temps, leur est impensable.A qui la faute? Le temps n’est pas à se jeter la patate chaude mais à mettre en place des initiatives et sauver le peu qui reste. Aujourd’hui, on parle d’inscription des médinas des Sultanats historiques des Comores à l’Unesco et le dossier est en phase de dépôt en ce mois de janvier 2025. Un grand pas pour le patrimoine comorien.
Il me semble utile, cependant, de rappeler que cela fait dix-huit ans qu’on entend parler de ce dossier d’inscription au patrimoine mondial où cent soixante-huit pays ont, d’ores et déjà des éléments inscrits pour un total de mille deux cent vingt-trois sites. Alors, espérons que cette fois-ci soit la bonne et que certains ne chercheront pas, comme à leur habitude, à jeter la confusion et à diviser tout le monde au risque, pour le pays, de continuer à tout perdre.