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Comores Fashion Week I Les amoureux de la mode se sont régalés

Comores Fashion Week I Les amoureux de la mode se sont régalés

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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La mode est un art qui représente l’entreprenariat, la beauté et l’histoire d’un pays. Pour les Comores, Fashion Week vient de le rappeler. Durant trois jours au Retaj hôtel, la maison de couture Uzuri Zain a convié artisans, mannequins et stylistes, pour des expositions et un défilé de mode. Les stylistes ont présenté des collections à l’imagination débordante et dont eux seuls détiennent le secret. En matière de présentation, toutefois, certaines choses devraient sans doute être améliorées.

 

La première édition de «Comores Fashion Week» a pris fin dimanche dernier après des expoventes et un défilé de mode qui a fait tourner la tête à plus d’un. Chak-Art, Zamode, Ds 18, Uzuri Zain ou encore Gheith’s, toutes ces maisons de la couture ont présenté sur le tapis rouge du Retaj hôtel, des créations à l’imagination débordante dont eux seuls détiennent le secret.En plein air, à côté de la piscine de l’établissement, se sont improvisés des éléments faits de tissu blanc. Non loin, trône une vingtaine de tables blanches et chaises rouges pour les invités Vip et à coté, une centaine de chaises comme sièges standards. Toutes étaient presque entièrement occupées par un public qui a dû patienter pour découvrir des mannequins et des modèles qui ont tourné entre tradition et modernité.


Il a fallu attendre jusqu’à… 21h – et non 19h comme prévu initialement – pour voir les mannequins fouler le tapis rouge et faire oublier au public le trop long temps passé à attendre. C’est, plus particulièrement, avec le tissu comorien, Kaplana, que la styliste, Zamouanta Saïd Hamza de la marque Zamode, a ouvert le bal avec sa collection «Tradition et modernité». Rien à dire. Comme un retour à l’essentiel, entre «luxe, calme et volupté», Zamode cultive sa nouvelle collection à la créativité débridée.

«Nous sommes bien de retour!»

«Le Comores Fashion week est un moyen de montrer que nous sommes là et que nous pouvons apporter notre contribution pour faire évoluer les choses. On va apprendre aux jeunes artisans à travailler notamment sur le processeur du zéro déchet. Il y’a beaucoup de choses à faire au pays et ça évolue. On nous dit de retourner travailler au pays. Eh bien nous sommes de retour, il leur revient de nous donner les opportunités et la chance de réussir», a déclaré l’initiatrice de l’événement, Zain Hamidouni.Pour sa part, le styliste Abdou Chakour de la marque Chak-art a encore fait des siens. Rien qu’avec le passage de quelques modèles, le public s’est complètement métamorphosé : «J’ai craqué pour le numéro d’Abdou!». «Moi aussi!». «Il est très bon». «Elles sont plus belles les unes que les autres», pouvait-on entendre chuchoter parmi le public.


Le couturier de Madjadjuu a pris le temps de travailler sur les finitions. Ses robes en sahari, wax et ses chemises pour hommes et femmes plutôt moulant tout en se balançant au rythme des pas, laissent entrevoir la magie des couleurs avec un mélange de motifs bien millimétrés d’où se dégage une élégance certaine.
«Le Comores Fashion Week est une belle initiative. Réussir à aller jusqu’au bout de l’événement est déjà une réussite pour les organisateurs. Chacun semble s’être donné à 1000% pour être le meilleur à ce défilé. Je pense que nous autres stylistes devrons bien nous préparer, ne pas présenter tout ce qui nous tombe sous la main et donner une touche personnelle. C’est très important», devait soutenir Abdou Chakour.

Cette modernité qui raconte une histoire ancienne

Avec sa collection «Amour sauvage», la styliste de la marque Uzuri Zain a complètement changé la vision de la soirée. Elle a plongé le public dans les méandres de la couture d’ailleurs en Afrique avec une légère marque locale. Ses créations les plus remarquées furent une jupe noir, haut noir qui monte jusqu’au cou, un sac de la même couleur, le tout emballé dans du file d’une danse de K4, des jupes et robes en toile de jute accompagnées d’accessoires de la même trempe, notamment des sacs, des chapeaux et boucles d’oreille. Une technique pas aussi courante que ça dans les défilés de mode comoriens. Zain a proposé une nouvelle façon de faire, en matière d’alliage entre tradition et modernité avec une puissance de création qui a fait parler d’elle à la fin de la soirée.


«Avec Amour sauvage, j’ai voulu présenter les modes vestimentaire des périodes qui se sont succédées jusqu’à nos jours. Montrer qu’on peut toujours se vêtir de ces modes avec des touches bien modernes qui racontent une histoire ancienne. Des vêtements pour toutes les saisons. J’ai travaillé dans pas mal de pays africains, j’ai dû mélanger toutes ces cultures dans mes collections. L’Afrique c’est nous. Il ne faut pas se focaliser sur le wax et le sahari, on peut bien faire des choses classe qui nous représentent avec autre chose», assure la patronne de Uzuri Zain.

Avoir confiance

Les mannequins se sont bien lâchés à l’instar de Naila, bien que d’autres ont, de toute évidence, encore besoin d’une formation. Torses nus, voilé, dévoilé, coupe afro ou cheveux relâchés, ils ont marché sur le tapis rouge sans le moindre gène, au rythme de la musique de Dj Elassade et parfois avec des petites chorégraphies. «J’avais cru que Comores Fashion Week allait miser sur des tenues modernes et anciennes mais purement comoriennes. Ce qui n’a pas été le cas pour tous les stylistes. Uzuri zain en particulier a apporté une identité d’ailleurs sans touche comorienne», estime le styliste Abdou Chakour.


Il faut dire, cependant, que le rendez-vous tant attendu par le monde de la couture n’a apporté, au niveau de la présentation, que peu de nouveautés par rapport à ce qui nous a été donné à voir par le passé. Par ailleurs, manifestement, des choses devraient être revues en matière, particulièrement, de finition et de précision dans le mélange des motifs.«Nous avons envie de bien faire. Il est, toutefois, difficile d’être assuré, à chaque fois, de la qualité du travail que tous les collaborateurs vont rendre. On a eu du retard dans différentes choses. Par ailleurs, peu de gens font confiance aux artisans et artistes. C’est, entre autres choses, ce que le Fashion Week veut essayer de faire changer. Le talent est là, alors arrêtons de toujours aller acheter ce qui peut être fabriqué chez nous, par nos jeunes», devait conclure l’initiatrice du Comores Fashion Week.

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