Dans le cadre du projet «Jeunesse et média», l’ambassade de France aux Comores a annoncé, avant-hier mardi 10 juin, lors d’une conférence de presse au restaurant Le Select à Moroni, le lancement du concours «Waliya. Au total, sept entités ont été sélectionnées pour produire des mini-séries traitant des «bienfaits et des dangers» des médias numériques. Selon l’attaché de coopération scientifique et universitaire de la chancellerie française, Ludovic Kamchane, chaque projet a bénéficié d’un financement compris entre 15.000 et 20.000 euros.
«Faire du cinéma aux Comores est avant tout une passion. Nous avons longtemps travaillé avec zéro budget. Aujourd’hui, ce soutien financier du Service de coopération et d’action culturelle de l’ambassade de France nous permet de proposer un travail plus abouti que, j’espère, le public appréciera», a déclaré le réalisateur, Mlemengou Yassine. Un avis partagé par Maoulida Ouled, de Piccell studio, selon qui sa boite a «beaucoup travaillé» pour faire partie de cette sélection. Les choix de ces jeunes réalisateurs s’est fait en tenant compte du format, de la durée et du scénario. Les votes du public vont être lancés le 30 juin prochaine sur les réseaux sociaux et à l’Office de la radio et de la télévision des Comores qui détient l’exclusivité de la diffusion du concours.
Cinq à six épisodes et des thèmes «fortes»
«L’idée d’un concours de séries vient du réalisateur Mlemengou Yassine. Nous avons voulu soutenir des projets variés, issus de démarches différentes. A travers ces séries, nous allons rire, pleurer, et vibrer avec les acteurs et actrices aussi talentueux. L’objectif est, également, de permettre à la meilleure réalisation de bénéficier d’une diffusion internationale et de proposer des formations pour les jeunes réalisateurs et acteurs de la place», a expliqué, Ludovic Khamchane. Les mini-séries seront composées de cinq à six épisodes et aborderont des thématiques telles que la violence psychologique, la protection de la vie privée, et l’influence des réseaux sociaux sur la société comorienne. De l’avis de certains, ce concours a tout son sens aux Comores.
Selon eux, le cyber-harcèlement prendrait de plus en plus de place et fait des victimes, généralement des femmes. Ce phénomène peut prendre plusieurs formes et se caractérise, souvent, par l’envoi de messages injurieux, d’agressions verbales, de commentaires haineux ou encore la diffusion de fausses rumeurs. Il surfe sur la facilité de se rendre anonyme sur ces plateformes. «Les artistes ont le devoir de créer des œuvres qui sensibilisent. Les réseaux sociaux peuvent être nocifs, notamment dans un petit pays où tout le monde se connaît. Nous devons soulever ces problématiques et proposer des solutions et nous espérons que vous allez adorer», a soutenu Ali William du groupe Catmoon. Dans sa série, le Rêve de Maya, le réalisateur Mlemengou Yassine aborde le sujet de ces personnes qui se prendraient pour des journalistes «rien que parce qu’elles ont un Smartphone» et insiste sur la «différence entre bloggeur, influenceur et journaliste».
«Un langage accessible au plus grand nombre»
De son côté Toibibou Imame et création Vue en ligne, parlent de deux amis dont l’un croit, dur comme fer, à «tout ce qu’il voit sur les réseaux sociaux pendant que l’autre tente de le persuader du contraire. «Beaucoup de jeunes s’improvisent journalistes parce qu’ils ont un téléphone, sans faire la différence entre une information vérifiée et une rumeur. Nous avons choisi un langage accessible pour toucher le plus grand nombre. C’est un sujet qui nous concerne tous. Les séries sont magnifiques et cette aventure a été formidable», semble convaincu, Toibibou Imame. Le jury de ce concours va être composé de Farid Rachad, Oussiat Youssouf, Saïd Ali Saïd Ahmed, Ast et Soraya Boumlid. En plus d’une visibilité tout au long de l’évènement, les lauréats bénéficieront également de formations dispensées par une prestigieuse école de cinéma français, la Fémis, ce qui leur offre des perspectives d’évolution à l’échelle internationale.