Le Centre de documentation et de recherche scientifique (Cndrs) a tenu sa troisième conférence des «Mercredis du Cndrs» mois de ramadhwani avant-hier 27 mars sur «La vie du cadi Mohamed Nassur Bin Ahmed» qui a, notamment, enseigné le fikh dans les quatre coins des îles Comores à Mtsapere, Pasmainti, Pamandzi, Mbeni, Mistudje et Kwambani, entre autres.
Les conférenciers, l’enseignant à la faculté Imam Chafiou, Dr Ahmed Mohamed Toiwilou, et le hatwibu de la mosquée de vendredi de Mistudje, Abdoul Anli Mroudjaé, ont, à cette occasion, rappelé combien les Comores ont perdu pour n’avoir pas écrit sur cet homme dont la vie et l’oeuvre sont en passe d’être oubliées.
Passionné de savoir
Les Comores n’ont pas l’habitude d’écrire leur propre histoire. De l’avis de beaucoup, cette initiative du Cndrs avec ces «Mercredis du Cndrs» contribue à instruire la population par rapport à son histoire et est, donc, à pérenniser.«Avant de venir animer cette conférence, j’ai rencontré bien des gens qui ont côtoyé Mohamed Nassur mais qui, malheureusement, commencent à oublier des pans de son histoire. La nouvelle génération doit se mettre à écrire notre histoire si nous voulons que des gens comme Mohamed Nassur ne soient pas oubliés», a insisté Dr Ahmed Mohamed Toiwilou.
Mohamed Nassur cet «assoiffé de savoir», ne s’était pas limité à étudier les ouvrages sur l’histoire de la religion musulmane et des pays arabes mais s’était, également, intéressé à la littérature européenne. Il avait l’habitude, choses rares à l’époque pour ne pas être mentionnée, de discuter avec ses enfants sur des auteurs comme Victor Hugo ou de personnalités comme Lénine. Dans sa bibliothèque personnelle on pouvait voir trôner des œuvres sur ces thèmes. Mais ce n’est pas tout. En effet, insatiable, il était parti à zanzibar pour étudier davantage.
Moins de Rousseau pour plus de Mohamed Nassur!
Si Dr Ahmed Mohamed Toiwilou a retrouvé un extrait de naissance attestant que Mohamed Nassur est né en 1918, beaucoup estiment qu’il est venu au monde bien avant cela si l’on tient compte des générations auquel qu’il a enseigné le fikh.Parti en 2008, le défunt a laissé derrière lui plus de trente enfants après s’être marié avec dix-sept femmes dont six à Mbeni, sa ville natale du nord de Ngazidja.
Un intervenant à la conférence, Dr Nourdine Bacha, estime qu’il aurait été «plus utile encore» de parler de Mohamed Nassur au niveau de la politique, par rapport à ses convictions sur les twarika ou encore sur le Anda na mila. Un de ses neveux a témoigné qu’il était opposé au mariage traditionnel grand-comorien, le anda ou ndola nkuu, qu’il considérait comme étant une perte d’argent et de l’ostentation.
Pour Dr Nadhoir Ahmed, il faut que des personnes comme Mohamed Nassur soient enseignées aux enfants comoriens avant les personnalités d’autres pays : «De nos jours encore, les jeunes connaissent plus Rousseau, Imam Chafiou, Shakespeare, etc. mais n’ont aucune idée de qui est Saindoune Ben Ali ou Touhfat Mouhtare», a-t-il déploré/
Enfin, le directeur du Cndrs, Toiwilou Mzé Hamadi, a précisé que son institution était ouverte à toutes et à tous et qu’elle était «disposée à recevoir les écrits de Mohamed Nassur gardées dans ces différents demeures afin de permettre qu’ils soient préservés et accessibles à un large public.