La chronique culturelle semble avoir du mal à se faire une place dans le cœur des acteurs du monde des arts et de la culture. Il ne serait pas exagéré de dire que, parfois, sa nécessité est loin d’être admise par les artistes et par l’autorité culturelle. Peut-il y avoir une industrie culturelle conquérante sans le relai d’une presse culturelle capable de rendre suffisamment visible l’activité culturelle et artistique et de la «vendre» auprès de l’opinion?
A un moment où, dans de nombreuses contrées de la planète, le journalisme culturel est considéré comme un outil et un partenaire important, pour ne pas dire indispensable, dans l’effort collectif pour l’épanouissement des arts et de la Culture, sous nos cieux, il arrive, trop souvent, qu’il soit relégué au second plan par, paradoxalement, celles et ceux-là mêmes qu’il est censé servir.
Beaucoup d’acteurs dans trop de disciplines, sont tellement peu intéressés, par exemple, par la constitution d’un dossier de presse ou d’un press-book qu’ils ne prennent pas la peine d’inviter les medias pour couvrir leurs évènements. Pour pouvoir couvrir un évènement artistique et rendre visible l’expression artistique, le chroniqueur culturel est réduit à quémander une place ou à s’acheter un ticket d’entrée, exception faite, fort heureusement, pour certaines institutions telles que les Alliances françaises de la place.
Ce «mépris» – ou considéré comme tel par des journalistes – fait que les médias ont tendance à n’accorder que peu de place, parfois pas du tout, au traitement de l’activité culturelle et artistique.
C’est ainsi qu’actuellement, rares sont les organes qui accordent à l’information culturelle, une rubrique quotidienne, malgré sa richesse incontestable, notamment en certaines périodes de l’année. De la presse écrite à l’audiovisuel en passant par les médias en ligne, les chroniqueurs culturels se comptent sur les doigts d’une main.
Cette évolution regrettable peut aussi s’expliquer par la difficulté que semblent avoir des acteurs du secteur à accepter la critique. A l’instar des plus hautes autorités publiques du secteur, ils ont, un peu trop, tendance à croire que le journalisme culturel doit leur servir de communicant.Aussi, il n’est pas si exceptionnel que ça, qu’une autorité ou un artiste s’en prennent à un journaliste culturel qui, à leurs yeux, ne se contente pas, assez, de faire une «bonne pub» à son évènement ou à l’action de l’administration publique dans les arts et la Culture.Un peu comme si, c’était, là, le rôle du journalisme culturel.