Deux films comoriens ont été sélectionnés pour la sixième édition des Trophées francophones du cinéma, qui aura lieu le 8 décembre prochain à Saint-Louis au Sénégal. «Crossing» de Zainou El Abidine Ali Mohamed alias Picasso et «Ousma’eau» de Rafik Daoud Mmadi. «Crossing» («Traversée», en français) est un cout-métrage de 4 minutes 34 secondes, tourné en mars 2016 à l’occasion du Louxor african film festival. Il raconte l’histoire d’un homme resté des années durant sans nouvelles de son petit frère et qui décide de partir à sa recherche sur la route de l’immigration en Afrique.
Il suivra ses traces jusqu’en Egypte «plaque tournante du trafic des migrants vers l’Europe». Il y apprend qu’»un bateau avec 500 personnes à bord a coulé près de Malte», sans savoir si son frère était à bord et/ou s’il fait partie des «quelques survivants». La particularité de «Crossing», c’est qu’il n’a pas de dialogues, sinon très lointains. «Ce qui prime ce sont les images, les émotions», précise Picasso.
Inspiré de faits réels
Ce dernier affirme avoir eu l’idée du scénario alors qu’il quittait Le Caire pour Louxor toujours en Egypte, où il devait prendre part au festival du film africain. «J’ai vu toute une queue de femmes, menottées, sur le point d’être expulsées. Et parmi ces femmes, il y avait une dizaine de Comoriennes. Cette image m’a beaucoup marquée», affirme le réalisateur qui a dès lors pris la résolution d’adapter son film à cette réalité. Une réalité qu’il a d’ailleurs vécue de près, en Égypte toujours, lorsqu’il était étudiant. «Les gens s’étonnaient à ce que je veuille repartir aux Comores, alors que j’étais aux portes de l’Europe», dit-il.
Quant à «Ousma’eau», c’est également un court-métrage, de 6 minutes 36 secondes, inspiré des faits réels. Rafik Daoud Mmadi restitue le quotidien d’Ousmane, un jeune livreur d’eau de la capitale. «J’aborde à travers Ousmane les problèmes d’eau auxquels font face les Comoriens», étaye le jeune réalisateur. Le travail d’Ousmane s’apparente dans le film à une «aide humanitaire» dans un pays où certains quartiers, de la capitale notamment, sont depuis de nombreuses années privés d’eau.
Zainou El Abidine Ali Mohamed a fait des études de Beaux-arts en Égypte. Il s’est lancé dans le cinéma en 2012, lors du Comoros international film festival (Ciff). Il a participé à des ateliers d’animation (2013), d’écriture et de réalisation (2016) au Louxor african film festival en Égypte. Pour sa part, Rafik Daoud Mmadi a suivi une formation en cinéma ici aux Comores.