Annoncée il y a un peu plus de deux mois, la toute première édition du Umoja show s’est tenue, dimanche 21 juillet, au Palais du peuple. Umoja – littéralement unité – est «dédiée à la réussite à la comorienne», à en croire son initiateur, Omar Ibn Abdillah qui, pour la circonstance, a invité des personnalités publiques de divers horizons à se livrer sur leurs parcours afin «d’en inspirer d’autres». Ces journalistes, danseurs, entrepreneurs, chanteurs, politiques ou encore avocats, se sont livrés, quinze minutes chacun, à des talkshows pour évoquer leurs parcours.
Pour ouvrir le bal, qui de mieux que l’auteur, compositeur, producteur et interprète, Cheikh mc. Celui que l’on surnommait «mwana mdjeni» ( Etranger dans sa propre famille) du fait d’une allergie qui le poussait à s’isoler dans son coin, a forgé son caractère dans sa solitude de laquelle allaient émerger les premières lueurs de sa longue carrière : «Des personnages gravitaient dans ma tête. J’avais envie de les rendre réels. Alors je me suis mis à les écrire vers l’âge de 13 ans. Evidemment, ce fut un début difficile. En ce sens que ce que j’avais décidé de faire dans ma vie, en l’occurrence le rap, n’existait pas encore aux Comores», devait confesser l’auteur de Idukio qui semble avoir intégrer la ferme conviction que, pour réussir, «il faut savoir équiper son ambition».Pour maitre Maliza Binti Youssouf Saïd Soilhi, le parcours a été illuminé par les «Etoiles» qui ont croisé son chemin, à commencer par son père, le regretté Dr Youssouf Saïd Soilihi.
Diversité des armes et ténacité à tout épreuve
Celle qui a siégé entre 2016 et 2020 au conseil municipal de Marseille en tant qu’adjoint maire, citera, également, sa mère ainsi que le bâtonnier du barreau de Moroni, Mohamed Abdoulwahab à qui il doit sa passion pour le droit. «Soilihste* convaincue», Maliza Binti Youssouf Saïd Soilihi évoque trois clés pour la réussite : «l’entourage, la résilience et la téméraire». Militante des droits des femmes, l’avocate appelle ces dernières à «ne plus se sous-estimer» et à «oser prendre toute leur place», convaincue que «le fer de lance du développement du pays, c’est la jeunesse et la femme».Cet élan d’émancipation de la femme, une femme l’incarne à merveille à savoir la directrice générale de l’Agence nationale de la promotion des investissements, Nadjati Soidiki, qui estime être «héritière d’un mythe» : celui du retour pour celle qui est née en France.
S’il est bien un artiste qui mérite le titre d’autodidacte, c’est bien Salim Mzé Hamadi Moissi, plus connu sous le nom de Seuch. Celui qui a professionnalisé le métier de danseur aux Comores a, pourtant, dû batailler fort pour jongler entre les études et sa passion au point que, durant ses études au Sénégal, ses parents lui avaient «coupé les vivres «pour l’inciter à renoncer à la danse». En vain. Le chorégraphe estime avoir «acquis sa détermination dans cette période de souffrance».
Un parcours qui n’est pas sans rappeler celui du journaliste Toufeyli Maesha qui, «en dépit de son niveau de troisième», a réussi à devenir le journaliste qu’on connait aujourd’hui. Insatiable d’ambition, l’ancien rédacteur en chef du magazine d’information Masiwa estime ne «pas être, encore, au bout» de ses combats.
Rectifier le tire
Bien qu’il estime avoir souffert de ce qu’il appelle «son échec scolaire», il appelle à ne pas en avoir honte mais d’en faire une force.Toutefois, tout n’a pas été rose dans cette première édition d’Umoja qui a alterné entre les talkshows et des prestations d’artiste de différents univers tels la danse, le chant, le rap, et l’humour. En effet, en termes d’affluence, elle ne restera pas dans les annales. En ce sens que la salle était à moitié vide. Certains ont, par ailleurs, relevé le fait que la poignée de personnes à avoir répondu présentes étaient, pour la plupart, des adultes qui, visiblement, ont déjà choisi leur domaine et se sont interrogés sur «l’impact» que ces témoignages ont pu avoir : «Cela aurait été plus judicieux d’inviter des jeunes étudiants ou encore des sans-emplois afin qu’ils s’identifient à l’un des nombreux témoignages souvent dignes d’intérêt», croit savoir cette spectatrice.Il faut donc espérer que pour les prochaines éditions, on pourra rectifier le tir notamment en proposant un format du public plus adapté à l’ambition annoncée des organisateursn
* Du nom du leader révolutionnaire comorien qui a dirigé le pays entre août 1975 et mars 1978