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Entretien avec Mmadi Abdou Anziz : «La destruction du patrimoine bâti entraine une perte d’’identité culturelle et de pans de l’histoire du pays»

Entretien avec Mmadi Abdou Anziz : «La destruction du patrimoine bâti entraine une perte d’’identité culturelle et de pans de l’histoire du pays»

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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L’architecte s’insurge contre la destruction du patrimoine bâti et propose des solutions pour rénover tout en préservant l’authenticité des structures

 

Comment conserver le patrimoine architectural tout en apportant une touche de modernité dans la construction?

Il est impératif d’adopter une approche de design contextuel et respectueux. Il est essentiel de valoriser l’histoire et l’authenticité des structures existantes en les restaurants avec des matériaux et des techniques traditionnelles, tout en incorporant des innovations technologiques discrètes. Par exemple le recourt aux feuilles de cocotier pour protéger les toits en béton.

La modernisation des systèmes de ventilation et d’isolation peuvent se faire sans altérer l’esthétique extérieure des bâtiments. L’ajout de nouvelles constructions devrait être réalisé de manière à «dialoguer» harmonieusement avec l’ancien, en utilisant des lignes épurées et des matériaux contemporains qui complètent et non qui contrastent avec l’architecture historique. Cette approche, dite néo-vernaculaire, réinterprète les styles et les techniques de construction traditionnelles en les adaptant aux besoins et technologies contemporains.

Aux Comores, le patrimoine bâti est de plus en plus détruit et emporte avec lui l’histoire architecturale de tout un pays…

Cette destruction d’éléments du patrimoine bâti aux Comores constitue une perte inestimable de l’identité culturelle et de l’histoire collective du pays. Le patrimoine architectural ne se résume pas seulement à des structures physiques, il incarne des souvenirs, des traditions et des savoir-faire ancestraux. La préservation de ce patrimoine est, donc, essentielle pour maintenir un lien tangible avec le passé et pour servir de fondation à l’évolution future.
Il est nécessaire et urgent que des politiques de conservation soient mises en place, avec une sensibilisation accrue de la population et des incitations financières pour la restauration et l’entretien des bâtiments historiques. Parallèlement, une documentation détaillée et numérique des structures existantes peut aider à préserver la mémoire architecturale du pays.
Un exemple concret c’est ce qui s’est passé dans le village de Vuvuni ya Bambao où une décision hâtive a conduit à la démolition d’un bâtiment ancien. Ce bâtiment colonial aurait pu être intégré dans des projets contemporains, comme la construction d’une nouvelle mosquée, offrant ainsi un rappel tangible de l’histoire.
A l’heure actuelle des démolitions sont menées sans que les autorités compétentes soient informées ce qui met en péril notre héritage culturel. Il est crucial que l’Etat mette en place une institution régie par des architectes pour vérifier et donner des autorisations concernant les bâtiments historiques, afin de préserver ce patrimoine précieux.

Que pensez-vous des briques de terre faites à Ngazidja qui, entend-on dire ici et là, vont contribuer à réduire les coups de construction?

L’utilisation des briques de terre fabriquées localement à Ngazidja est une initiative prometteuse, mais elle présente des défis, notamment la rareté de la terre argileuse sur cette île. Le choix de Vuvuni comme site de production soulève des préoccupations logistiques, car les coûts de transport pour la transformation seraient élevés.


En revanche, cette approche serait plus viable dans les autres îles où l’argile est abondante.
Ces briques offrent de nombreux avantages, notamment une empreinte carbone réduite et une meilleure intégration avec le climat local grâce à leurs propriétés thermiques. Cependant, il est capital que leur production respecte des normes strictes de qualité et de durabilité pour garantir la longévité des constructions.


L’utilisation de matériaux locaux peut stimuler l’économie et préserver les techniques de construction traditionnelles, tout en offrant des opportunités de formation et d’emploi pour les communautés locales.
Une approche intégrée, combinant savoir-faire traditionnel et innovation technique, peut ainsi contribuer au développement durable de la région, en maximisant les ressources disponibles et en respectant les particularités culturelles et environnementales locales.


A propos d’empreinte carbone, j’espère que l’Etat comorien a pu demander des subventions à la COP27 à Charm el-Cheikh.Nos îles, étant menacées par la montée des eaux, devraient bénéficier de ces financements pour aider à réhabiliter les bâtiments étatiques et à mettre en place une société immobilière semi gouvernementale afin de reconstruire les anciens logements des fonctionnaires et de créer des bâtiments sociaux. Cela éliminerait les bidonvilles à Moroni.

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