Comment se déroule la participation des Comores à l’Expo universelle d’Osaka 2025?
Il convient de rappeler que les Expositions Universelles – régies par le Bureau International des Expositions (Bie) dont les Comores sont membres depuis 2007 – sont une plateforme d’échanges entre les pays pour promouvoir leurs secteurs clés et renforcer leurs relations. Généralement les Pays en voie de développement bénéficient d’un programme d’accompagnement dans la construction du pavillon, l’expédition des produits de pavillon, l’aménagement d’un espace commercial, ainsi que la prise en charge de trois membres du personnel permanent, dont les commissaires généraux. C’est grâce à cette subvention en nature que notre pays participe à ce rendez-vous international.
Nous avons programmé des semaines d’activités pour faire intervenir des experts nationaux dans plusieurs thèmes tels que «Co-créer des cultures pour le futur», mai 2025, Semaine «Santé et bien-être», juin 2025, Semaine «Apprendre et jouer» juillet 2025, «Paix, sécurité et dignité», «Avenir de la terre et biodiversité», septembre 2025, ou encore «Odds et au-delà : la société du futur».
Comme à Dubaï Expo, nous souhaitons clôturer avec un défilé de mode, pour valoriser l’authenticité culturelle des Comores.
Le thème de l’exposition est «Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain». Comment ce thème est-il interprété du point de vue comorien?
Ce thème fédérateur vise à explorer comment la société de demain peut-être imaginée et construite pour améliorer la vie de chacun, en mettant l’accent sur la santé, le bien-être, l’autonomie et la solidarité. Notre participation à travers le pavillon «Paradis parfumé», est une opportunité de valoriser l’identité culturelle, les ressources naturelles et les initiatives durables du pays, sous le sous-thème «Inspirer des vies».
Les questions environnementales, culturelles ou démographiques propres aux Comores ont eu une place dans la scénographie du pavillon?
Les Comores déclinent six semaines thématiques qui mettent en avant des solutions locales aux défis globaux, en alignement avec les trois axes stratégiques du pavillon que sont «Technologies vertes», «Promotion des initiatives communautaires» et «Authenticité culturelle». Cela est conçu pour offrir aux visiteurs une immersion complète dans la richesse des Comores, en mettant en lumière des pratiques ancestrales, des solutions d’avenir et des projets concrets qui illustrent l’engagement du pays en faveur d’un monde plus durable et solidaire.
On entend peu parler de l’Expo 2025 dans les médias comoriens contrairement à l’Expo de Dubaï...
C’est un problème de communication. Lors de Dubaï 2020, les moyens ont été mis à disposition deux mois à l’avance. Nous avions, d’ailleurs, pu organiser la 4ème édition du Salon de l’Artisanat en juillet et la réplique du pavillon des Comores, en octobre 2021, pour mieux sensibiliser les autorités et les acteurs à la journée nationale et au forum d’affaires, qui ont été réalisés les 8 et 9 novembre 2021. Les pouvoirs publics avaient, par ailleurs, facilité le renforcement du personnel permanent pour leur permettre d’effectuer une rotation et de bénéficier d’au moins une journée de congé. Aujourd’hui, seuls deux compatriotes assurent le fonctionnement du pavillon grâce au programme d’accompagnement des pays en voie de développement dont j’ai faits allusion précédemment.
Pour tout dire, nous avons des soucis budgétaires. Heureusement, et grâce à l’appui du Ministère de l’agriculture et à l’appui de plusieurs partenaires nous avons été capables de mener à bien certaines choses nécessaires. Evidemment, nous comprenons aussi que l’expo Osaka coïncide avec la célébration du Cinquantenaire de l’indépendance, la préparation des Jeux des îles et des Cœlacanthes pour la Can 2025 et la Coupe du monde et que ce sont, tous, des projets qui nécessitent des moyens colossaux. Néanmoins, malgré ce contexte particulier, des retombées positives ont été enregistrées. A ce propos, mon rapport de mission en mai, à l’occasion de ma visite dans la ville japonaise de Komoro, fait état de plus de deux cent soixante mille visiteurs au pavillon, et d’un intérêt marqué pour nos produits d’exportation, notamment dans les secteurs de rente et de la pêche. De même, des pistes de coopération décentralisée sont en cours, avec la perspective d’un jumelage entre cette ville et une commune des Comores.
Fort de cette dynamique et sachant que les Expositions Universelles sont des contrats synallagmatiques parfaits qui supposent des droits et des obligations de part et d’autres, nous sommes persuadés que, comme à l’Expo Dubaï, le gouvernement mettra les moyens nécessaires pour réussir, au moins, les deux événements primordiaux qui sont la Journée nationale suivi du Forum économique, sous le leadership des ministre de l’Economie et celui de l’Agriculture.
Est-ce que les jeunes, les artistes, les scientifiques, la diaspora pourront être mobilisés?
Comme expliqué plus haut, plusieurs semaines thématiques ont été programmées pour faire intervenir les acteurs. Mais, outre le problème de budget, nous avons celui du visa qui nécessite, du fait de l’inexistence d’une représentation diplomatique à Moroni, de se déplacer, ce qui rend le déplacement très onéreux. C’est pourquoi, lors de la réunion avec le secteur privé tenue à l’Uccia, il y a quatre mois, nous avons été claires sur la question.
Nous poursuivons le plaidoyer auprès des partenaires au développement pour pouvoir organiser la semaine des Odds et la clôture de notre pavillon avec la mise en avant des secteurs de l’artisanat et de l’écotourisme
Des actions de sensibilisation sont-elles prévues au niveau national pour impliquer davantage la population dans cet événement?
Comme à l’exposition Dubaï et malgré les moyens limités, nous avons réalisé des réunions de sensibilisation avec les acteurs locaux et nous allons également organiser la réplique du pavillon des Comores à Osaka, en marge de la 6ème édition du Salon International de l’Artisanat des Comores, du 7 au 9 juillet prochain. De même, nous comptons sur l’artiste Goulam, de renommée internationale, pour une performance culturelle, lors de cet évènement.
Que diriez-vous aux Comoriens pour espérer revivifier l’intérêt pour cette exposition?
Il faut comprendre qu’une exposition universelle est différente d’une foire ou d’un salon, comme je l’ai expliqué plus haut. D’ailleurs, un espace commercial est dédié aux entreprises locales, dans le cadre du programme d’accompagnement des pays développés, mais avec des conditions pratiquement impossibles à honorer tels que les frais d’aménagement de l’espace, l’obligation de payer les frais des douanes de tous les produits expédiés. Ces frais ne seraient remboursés que lorsque l’entreprise aurait réalisée des ventes. L’obligation d’avoir un partenaire japonais pour faciliter les transactions, pour ne citer que celles-là. Du coup, plusieurs pays ont désisté.
Toutefois, nous devons, tous, avoir à l’esprit que le premier objectif est de promouvoir le pays.
Avec les semaines thématiques du pavillon, noamment...
Tout à fait. Elles sont une démonstration de la capacité des Comores à allier tradition et innovation pour contribuer aux défis globaux. En valorisant les savoir-faire ancestraux tout en mettant en avant des initiatives de développement durable, ces événements permettent aux Comores de s’inscrire pleinement dans le dialogue international autour d’un futur plus harmonieux et inclusif. Le pavillon devient ainsi un espace de partage et de découverte, où chaque visiteur repart enrichi par la diversité et la résilience de l’archipel, véritable laboratoire vivant d’un développement inspiré par la nature, la culture et la solidarité. Pour tout cela, nous appelons toutes les bonnes volontés à rejoindre cette dynamique dans l’intérêt du pays.