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Festival du cinéma numérique de Cotonou I «Prière pour un pays» de S. Elbadawi au programme

Festival du cinéma numérique de Cotonou I «Prière pour un pays» de S. Elbadawi au programme

Culture | -

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Le dernier court-métrage du dramaturge Soeuf Elbadawi, “Prière pour un pays”, sera le deuxième film comorien programmé pour la 7ème édition du festival international du cinéma numérique de Cotonou. Un film interrogeant le sacré et la création, tout en mettant en lumière des rituels issus des multiples brassages culturels que les Comores ont connu dans leur histoire. Des pratiques, pour certaines, oubliées ou refoulées, dans des époques récentes.

 

Prière pour un pays du dramaturge Soeuf Elbadawi est au programme de la septième édition du festival international du cinéma numérique de Cotonou, du 4 au 11 décembre 2020. Le film interroge les notions du sacré et de la création dans un pays où l’islam est une religion d’Etat. Ce court-métrage d’une durée de quatorze minutes interroge le legs, en s’inspirant de rituels issus des multiples brassages que les Comores ont connus dans leur histoire. Bantu, austronésiens, perses, arabes, indiens ou encore portugais, français et chinois y ont contribué.


Prière pour un pays se fonde également sur d’anciens rituels, parfois sanglants, susceptibles de heurter certaines sensibilités. “On ne crée pas toujours pour conforter les gens à l’endroit où ils sont, pour les caresser dans le sens du poil. Il faut parfois repousser les limites pour parvenir à suggérer d’autres possibles. Ce qui est montré dans le film ne fait qu’exacerber des réalités connues de tous. Ce dont vous parlez [rituels sanglants] ramène à des sacrifices anciens que je cherche à représenter sous une forme, délibérément, provocatrice. C’est une fiction, pas une réalité !”, confie Soeuf Elbadawi.


“Ce pays a besoin de prière”, déclare le poète Anssoufouddine Mohamed au début du film. Mais de quelle prière s’agit-elle plus précisément? Selon le réalisateur, il est effectivement question de prière, mais pas au sens religieux du terme, bien que les références au legs, à la symbolique des rituels magico religieux, y soient nombreuses : “La prière ici se ramène à l’imaginaire d’un pays, à cet imaginaire qui nous fonde une humanité à tous.


Nombre de rituels à caractère animiste prédominent dans cette société. Des pratiques largement condamnées par des sunnites comoriens depuis les années 1980. Mais peut-on et doit-on renier cette partie de l’imaginaire du Comorien : “Il est vain, déclare Soeuf Elbadawi, de vouloir pointer des contradictions, là où les Anciens ont trouvé des formes de syncrétisme, encourageant au respect de l’humanité qui nous fonde. Cette humanité a un caractère foncièrement pluriel. Ce n’est pas nous qui le disons, c’est l’histoire. Notre histoire”.

“Négligés”

Prière pour un pays contribue à sa manière à dessiner les contours d’un cinéma comorien, souvent négligé par les autorités du pays. “Cotonou est un honneur pour moi. Il inscrit mon film dans une diffusion plus large, à côté d’œuvres plus conséquentes. Cette programmation me permet de converser avec un public, certes plus éloigné de mes réalités premières, mais plus à l’écoute de mon projet.

C’est bien cela notre drame. Nous produisons, souvent, nos œuvres pour l’extérieur, et n’existons presque pas dans notre pays”, conclut l’auteur du livre Un dhikri pour nos morts la rage entre les dents (Vents d’Ailleurs).Force est de reconnaître que le film a du mal à se faire une place sur les scènes locale, régionale et internationale. Le Comoros film festival international (Ciff), seul évènement majeur du 7ème art dans le pays, a baissé le rideau depuis 2016.

 

Mahdawi Ben Ali

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