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Fouad Salim a la salle de spectacle de l’Afm I «Ceci n’est pas un spectacle!»

Fouad Salim a la salle de spectacle de l’Afm I «Ceci n’est pas un spectacle!»

Culture | -   Housni Hassani

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Interactif, incisif, glauque, intime, le premier One man show de l’artiste en terre natale se présente comme une subtile fresque de tous les sujets sensibles de l’actualité. De la Covid-19 à la maladie du rat en passant par la flambée du prix du carburant, il se joue des interdits, titille les amalgames, se sert de l’humour pour offrir, à travers son «laboratoire», un exutoire.

 

Vendredi dernier, à l’Alliance française de Moroni(Afm), Fouad Salim avait rendez-vous avec l’histoire. Le comédien présentait, en effet, son tout premier One man show ironiquement baptisé : «Ceci n’est pas un spectacle». Une première pour le stand-up comorien. Une pression de plus pour celui qui, bien qu’il l’ait déjà présenté au Cameroun en 2021, considère qu’il «n’avait pas droit à l’erreur à domicile».Pour sa première présentation au pays, le patron du Comores comedy club (Ccc) a pris soin de polir son œuvre en y ajoutant, tout de même, des sujets sensibles qui font l’actualité.


«Ceci n’est pas un spectacle» se voulait, avant tout, interactif, une communion entre artiste et public qui s’est faite ressentir dès les premières secondes. En effet, après la première partie du Doyen Anasse, alors que tout le monde s’attendait à une entrée en scène spectaculaire via les coulisses, Fouad Salim est arrivé du fond de la salle, saluant, au passage, le public. Une entrée qui épouserait parfaitement la genèse de cette production qui se propose de prendre le contre-pied de celles auxquelles les gens seraient habitués. «Je vous ai invité pour rien», devait-il s’en amuser.

«Guérir ses spectateurs»

Sans concession, il s’est, d’entrée, attaqué au principal sujet de préoccupation du moment : la hausse du prix du carburant et les dérives «absurdes» qui en découlent.
Symbole de cette folie de flambée des prix, les pistaches, «un aliment sans importance», selon lui, qu’il tourne en dérision au grand bonheur des spectateurs. «Nostalgique» du passage de la Covid, Fouad Salim revient, à sa façon, sur les amalgames faits à propos des Chinois notamment venant de ceux qui en les «dévisageant» les associent à une menace. «Un peu raciste» devait-il déplorer.


Mais le trash talking de l’artiste constitue le fil rouge du spectacle. Se jouant des interdits, Fouad Salim, évoquant le cyclone Keneth, s’amuse sur cette position géographique de Madagascar qui atténuerait le choc des cyclones en direction des Comores. Mais pour l’artiste, «traiter des sujets sensibles» constitue un moyen «de guérir ses spectateurs», le temps d’un spectacle.Par ailleurs, Fouad Salim n’a pas manqué de faire dans l’autodérision en se moquant de sa propre «anomalie» qu’est son bégaiement.

C’est ainsi que sa prestation au Cameroun lui aurait «valu de nombreux messages de… bègues» qui se seraient identifiés à son spectacle, s’attachant par-là, également, à faire preuve d’originalité en abordant un thème jamais abordé auparavant.Seule ombre au tableau pour un premier spectacle, l’artiste n’avait pas mémorisé son texte, mais a performé en s’appuyant sur une feuille qu’il devait consulter, de temps en temps.Mais pour lui, cela aussi, «faisait partie du spectacle». Evidemment.

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