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Fête nationale I Mbae Trambwe Quand on revisite le passé…

Fête nationale I Mbae Trambwe Quand on revisite le passé…

Culture | -   Housni Hassani

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Des danses traditionnelles, du chant, du slam, des poèmes de l’illustre poète clamés par des jeunes, la place Shangani a, le temps d’une journée, transpiré de vieilles pratiques ancestrales dont on entend plus vraiment parler. La Fondation Mbae Trambwe et ses invités venus des quatre coins de l’île, ont rendu un vibrant hommage au poète, philosophe, religieux et sultan du Washili, qui a eu droit à une fresque géante en son nom, gravée sur les murs du foyer Shangani.

 

Après deux ans d’absence pour cause de pandémie de Coronavirus, «la fête nationale Mbae Trambwe» a été célébrée dimanche dernier à Kwambani ya Washili, sur la célébre place Shangani, où a vécu le poète, philosophe, religieux et sultan du Washili au 18ème siècle. Créée en 1992, la Fondation Mbae Trambwe organise cet événement, lequel a pris une ampleur nationale en 2 000, notamment, sous l’impulsion du colonel Ahmed Sidi, alors ministre de la Culture.


Cette année, plusieurs activités culturelles ont été organisées à la place Shangani. Sur cette dernière, des danses traditionnelles ont été organisées pendant la journée, assurées par de nombreuses associations culturelles. Cependant, l’une d’elle a su tirer son épingle du jeu, l’Association culturelle pour le développement de Mbeni (Acdm). Vêtu de nkandu ya lasi, écharpe aux motifs de subaya enroulée autour du cou, l’Acdm a fait forte impression en dansant le sambe. Dans la foulée de cette danse, une fresque géante portant le nom de Mbae Trambwe a été dévoilée sur la place de Shangani.

Qu’est-ce qu’est la culture ?

Telle est la question qu’a posée à l’assistance, le Dr Abderemane Wadjih, invité d’honneur de la cérémonie. Selon l’anthropologue, ce serait une erreur que de réduire la culture au mode d’habillement et à la danse, qui n’auraient rien à voir avec la définition que Mbae Trambwe donnait à la culture. «Qu’en est-il de la civilisation, la connaissance, la religion ou encore le savoir-faire ? Tout cela embrasse la culture», devait préciser l’auteur de «Les conteurs de la pleine lune». Sur sa lancée, l’intéressé a déploré la difficulté des Comoriens à s’affirmer, comme un peuple à part entière. «Certains disent qu’ils sont africains, d’autres arabes, mais personne ne se réclame Comorien. S’il l’on ne change pas cette donne, on sera enlisé dans l’ignorance», prévient-il.


Conformément au thème retenu cette année, «Mbae Trambwe, sa langue et sa poésie», des envolées lyriques de Shiduwantsi ont accompagné la journée. Maître en la matière, le notable Ibrahim Cheikh a tenu à déterrer la portée historique enfouie dans la place Shangani, en retraçant le parcours du poète, de sa naissance au palais de Kapviridjohe à Ikoni, à son intronisation au sultanat de Washili, en passant par la mort de son père, Mlanao Mna Aziri. Pour le notable, «il est primordial que la jeune génération s’imprègne des valeurs qu’incarnait Trambwe Mlanao».


Le soir, une veillée poétique a été organisée où des associations de slam comme Mgamdji slam et les Abeilles de Hasendje ont eu à performer. Le parolier du Karthala a survolé la soirée, accompagné au «ndzendze» par l’incontournable Moegne Madi, dont chaque note suffisait à soulever la foule qui s’était amassée sur cette place qui a accueilli, en 2 000, le festival itinérant de Poésie internationale en Afrique (Fipia).


Toutefois, certains assurent que la fête nationale a, au fil des années, «perdu de sa splendeur et surtout de sa solennité». Elle n’appartiendrait plus qu’à la ville de Kwambani, pourtant, selon l’avis d’Ibrahim Cheikh, «Mbae Trambwe n’est pas que de Kwambani, mais il est de partout». C’est en ce sens que l’actuel président de la Fondation Mbae-Trambwe, a plaidé pour un «budget conséquent» dédié à cet événement, pour son organisation et sa vulgarisation à l’échelle nationale.

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