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"Gouverner un Etat vulnérable, le cas des Comores" / Youssouf Boina, contre le présidentialisme, propose un régime parlementaire classique

"Gouverner un Etat vulnérable, le cas des Comores" / Youssouf Boina, contre le présidentialisme, propose un régime parlementaire classique

Culture | -   Abdallah Mzembaba

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Pour sortir le pays du «gouffre» dans lequel il se trouve depuis son accession à l’indépendance, Youssouf Boina propose, dans son livre paru au mois d’avril dernier, un régime politique parlementaire avec un premier ministre dont le pouvoir sera clairement défini. Celui-ci sera façonné, selon lui, dans l’architecture du «fédéralisme». Le secrétaire général de l’Union pour le développement des Comores (Updc) se dit contre le «présidentialisme qui a ruiné ce pays avec ses nominations par complaisances». Dans l’esprit de scinder les pouvoirs, il propose «une démocratie participative». Le livre fera l’objet d’une tournée dans plusieurs régions du pays et l’auteur se dit ouvert aux critiques.

 

Dimanche dernier à Kwambani ya Washili, au Foyer Nad-El Zamalek, le juriste et écrivain Youssouf Boina a présenté son livre «Gouverner un Etat vulnérable, le cas des Comores», devant un parterre d’invités, dont des politiciens de la place à l’instar de l’ancien vice-président Mohamed Ali Soilihi ou encore de l’ex-gouverneur de Ngazidja Mouigni Baraka Saïd Soilihi. D’emblée, une présentation préliminaire a été faite avant que l’auteur du livre ne prenne le relai pour livrer «une brève partie» du contenu.
A en croire l’auteur, l’inertie de l’Etat et les difficultés du pays à se doter d’un modèle institutionnel stable depuis son accession à l’indépendance ont grandement motivé l’idée de ce livre paru en avril dernier aux Editions l’Harmatan. Selon le conférencier, les maux du pays émanent du simple fait que les leaders politiques de l’époque «ont eu des divergences d’opinions quant au devenir du pays à l’aube de la prise de l’indépendance». Dès lors, un consensus historique «comme l’a préconisé le Mouroua» doit aujourd’hui naître pour, dit-il, sortir le pays du cercle vicieux. Les crises politiques et institutionnelles tirent leur source dans cette saga politique où chacun n’y impose que des vues purement politiciennes. Aujourd’hui, «les intérêts villageois priment sur ceux du pays. Et ce dernier est relégué au second plan», explique l’écrivain.

Démocratie participative

Plus loin, Youssouf Boina est revenu sur l’accession unilatérale à l’indépendance. Et sur ce point, il va s’attaquer à la communauté internationale qui, selon lui, ne fait pas son travail. «Au départ toutes les nations sont égales et tous les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes», avance-t-il avant de faire savoir que par «ces deux principes, la communauté internationale se doit de ne pas toujours être neutre surtout quand les peuples font face à des dirigeants qui outrepassent leurs limites et le droit, et que les peuples n’ont pas leur mot à dire».
Pour ce qui est du titre, «Gouverner un Etat vulnérable, le cas des Comores», l’auteur explique les différentes «vulnérabilités» du pays. «Physiques, institutionnelles ou encore financières». Au niveau physique, par exemple, l’auteur citera l’insularité du pays qui «constitue un poids et fait que chaque île a ses spécificités et ses problèmes». Par conséquent, au niveau des îles «il faudrait un fédéralisme» et au niveau de l’Union «un régime parlementaire avec un premier ministre ayant des pouvoirs bien définis par la loi parce que le présidentialisme a ruiné ce pays et surtout éviter les nominations par complaisance», affirme-t-il. Aussi, et toujours dans cet esprit de scinder les pouvoirs, «il nous faudrait une démocratie participative». Youssouf Boina déclare, par ailleurs, qu’il est ouvert à toutes les critiques et annonce une série de tournées sur le terrain pour présenter son livre.



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