Abdoulanlim Abdillah alias Hichim a fait une belle entrée dans la Coupe du monde de Slam poésie avec ses textes engagés qui ont d’emblée retenu l’attention des jurés et s’est qualifié pour les demi-finales devant, entre autres, l’Angleterre, la Belgique, la République du Congo, la France, la Russie, le Portugal, le Mozambique, le Japon et Haïti, notamment.En tout, vingt concurrents participent à l’événement dont cinq représentants africains dont Madagascar que représente Hichim. Le jeune Comorien va remonter sur scène ce jeudi pour tenter de décrocher son ticket pour la finale prévue demain, vendredi.
Je t’aime et Miroir sont les deux textes avec lesquels Hichim s’est imposé. Le second parle de la pauvreté et la misère sous le silence d’une classe de privilégiés souvent au pouvoir qui n’entreprend rien pour changer les choses. «Toi tu vas au restau? Moi aussi. Mais je t’attends dehors pour te demander de la monnaie. Tu connais déjà la chanson. J’ai faim, monsieur, aidez-moi s’il vous plait… Mon prénom n’est pas mendiant, ni je ne sais quoi. Mon prénom c’est miroir. Regardez-moi et vous verrez l’état dans lequel se trouve mon pays. Regardez-moi et vous verrez quel genre de compatriote vous êtes», lance Hichim au Temple de Belleville.
Pour cette vingtième édition, les poètes se devaient de déclamer les textes sous la langue de l’auteur et sous-titré en anglais et en français sur l’écran à l’intention du public. Hichim, qui représente Madagascar pour avoir remporté le championnat national de la Grande île, a clamé ses textes avec une facilité déconcertante en malgache et a gagné la sympathie des cinq jurés avec des textes poignants faits de métaphores et un brin d’humour. Il y parle de géopolitique, des horreurs de l’histoire des guerres, d’une Société des Nations unies «qui désunie l’humanité», qui précipiteraient l’humanité dans l’incertitude et sa perte.
La seule figure de l’Océan indien dans cette compétition a enchainé une triste réalité à une autre sous les acclamations d’un public que le slameur semble avoir touché tout au fond du coeur.
Les jurés lui ont attribué les notes de 8,9 puis 8,9, un 9, un 9,1 et un 9,5.«Je fais couler ton sang au large de la Mer rouge, je te mène en bateau. Je te mène aussi en kwasa-kwasa. Non, je ne noierai pas le sujet, je ne noierai pas le poisson! Je noierai plutôt tes frères et sœur au large de Mayotte ou tous les Africains dans la méditerrané pendant que d’autres sont en yacht», a-t-il clamé.Mais ce ne fut pas tout : «Je n’abolirai pas l’esclavage, je le déguiserai juste en exploitation des multinationales dans les pays pauvres. Je suis toujours la «Société des Nations» mais, cette fois-ci, déguisée en «Nations unies. A jouer le pompier qui met de l’huile sur le feu à la place d’eau. Je ne changerai pas, je ferai juste semblant», devait-il enchainer.Assurément, convaincant.
Bonne chance pour la suite!