Les huiles culinaires usées et celles issues des vidanges de moteurs, souvent déversées à même le sol dans les garages, provoquent une pollution grave mais encore largement sous-estimée. Ces liquides altèrent la qualité des sols, détruisent les micro-organismes et menacent l’équilibre des écosystèmes, alertent les spécialistes. Parmi les conséquences les plus inquiétantes figurent la stérilisation des sols, la disparition des plantes aquatiques et la pollution des eaux, notamment en cas d’évaporation.
Des études géographiques révèlent que les Comores, en particulier l’île de Ngazidja, reposent sur un sol poreux facilitant l’infiltration de l’eau. Cependant, lorsque des huiles sont déversées, elles forment une couche imperméable à la surface du sol, empêchant l’air et l’eau de pénétrer. Cela entraîne l’asphyxie des racines des plantes et perturbe la vie microbienne essentielle à la fertilité du sol. «Ce phénomène freine la croissance des végétaux, voire les fait mourir. Il faut mesurer l’impact de ces déversements : l’huile peut contaminer les nappes phréatiques et nuire à la faune en cas d’exposition aux eaux usées. L’huile de vidange, en particulier, est très nocive pour l’environnement et la santé.
Elle pollue les milieux aquatiques et peut provoquer des irritations cutanées car elle contient des substances potentiellement cancérigènes. Il est donc essentiel de la manipuler avec précaution et de la déposer dans des points de collecte adaptés», explique Abdallah Hamada, coordinateur de la protection de l’environnement au sein du mouvement Ngo’Shawo. Ce dernier insiste sur les conséquences écologiques. «Une fois dans la nature, l’huile se mélange à l’eau, s’infiltre dans le sol et affecte la vie microbienne. Elle perturbe ainsi le cycle de vie naturel et divers processus biologiques essentiels», détaille-t-il. Sur le plan sanitaire, Abdallah Hamada rappelle que «la vie est un cycle» : lorsque la faune et la flore sont contaminées, l’être humain en subit les répercussions. «À Ndzuani ou à Mwali, de nombreuses familles lavent leur vaisselle ou leurs vêtements dans les rivières, ou utilisent l’eau de pluie. Cela peut favoriser la propagation de maladies hydriques», alerte-t-il.
Malgré la gravité du problème, la population reste peu sensibilisée. «Nous avons une culture peu réceptive à ces questions environnementales. Les huiles de moteur sont souvent jetées à même le sol, autour des garages auto et moto, sans aucune considération pour leurs effets. Même les grandes entreprises utilisant des groupes électrogènes ne contrôlent pas l’endroit où elles évacuent leurs huiles usées après vidange», déplore-t-il.Il conclut avec ce chiffre alarmant : «Un seul litre d’huile peut couvrir jusqu’à 1 000 m² de surface. Cela nuit non seulement au sol, mais aussi à l’eau, en empêchant l’oxygénation de la faune et de la flore aquatiques pendant plusieurs années.»