Le Centre national de documentation et de recherche scientifique (Cndrs) en collaboration avec le ministère des Arts et de la Culture, celui de l’Education nationale et l’ambassade des Comores auprès de l’Unesco, a tenu, à l’hôtel le Retaj à Moroni, une table ronde, hier mardi 7 janvier 2025, sur les médinas des Sultanats historique des Comores que l’Etat comorien cherche à faire inscrire au patrimoine mondial de l’humanité. Le dossier d’inscription comportant un volet technique et politique, les organisateurs de cette table ronde ont voulu donner les informations nécessaires aux différents ministères afin qu’ils puissent le défendre efficacement.
«1223 sites sont inscrits au niveau mondial et 168 pays ont d’ores et déjà des biens inscrits et j’espère que les Comores en feront partie prochainement. Ce dossier va être déposé avant fin janvier pour une inscription en 2026. Les médinas comoriennes ont du potentiel bien que ce patrimoine soit menacé. Il y a des problèmes de gestion et de perception du patrimoine mais l’inscription va aider à résoudre cela. Ce qui est bien dans ce dossier, c’est l’implication des communautés et des jeunes surtout au niveau de leurs médinas», a apprécié l’experte internationale, Simone Ricca.
A en croire les experts internationaux et nationaux qui ont travaillé sur le dossier, les feux semblent être passés aux verts dans la préparation du dossier.
«Témoins vivants»
«Avoir à inscrire nos médinas au patrimoine mondial de l’humanité constitue une première pour notre pays. Il y a de très beaux sites aux Comores. J’aimerais rappeler que nous devons considérer le dépôt de ce dossier comme une finale de Coupe du monde que notre pays veut remporter. Nous devons mobiliser toute la Nation pour porter ce projet jusqu’à son aboutissement en 2026. Les différents ministères, l’Université des Comores et d’autres instituions doivent se mobiliser pour donner sens à ce projet. Lorsqu’un pays arrive à inscrire un site au patrimoine l’Unesco, il voit le tourisme exploser de 51%», a déclaré l’Ambassadeur des Comores auprès de l’Unesco, Dr Mohamed Bajrafil qui «espère» que ce dossier sera validé pour voir le tourisme se développer dans ce pays qui, il est vrai, a beaucoup à vendre dans ce secteur.
Pour ce faire, de nombreuses institutions doivent conjuguer leurs forces, notamment, le ministère de la Justice en matière de protection de ces médinas, celui de l’urbanisme pour un aménagement qui doit allier modernité et respect du patrimoine bâti ou encore le Centre national de documentation et de recherche scientifique qui en est le gardien.«Les Médinas des Comores sont des témoins vivants de l’histoire et de l’architecture, reflétant la richesse du patrimoine culturel de l’archipel. Face aux pressions de l’urbanisation croissante, le ministère de l’Urbanisme et de l’Aménagement s’engage à protéger ces espaces uniques. Sa vision repose sur une planification urbaine durable, respectueuse de l’identité culturelle des Médinas et pour leur intégration harmonieuse dans le développement futur», a soutenu le ministre de l’urbanisme et l’aménagement du territoire.Pendant que le directeur du Cndrs, Dr Toiwilou Mze Hamadi, a fait une présentation sur l’histoire et la valeur patrimoniale des médinas des Sultanats historiques des Comores, l’expert international du Rc Heritage a présenté les «enjeux» de l’inscription des médinas à savoir préservation et opportunités de développement durable.
Défi, plan d’action et engagement
«Je pense que l’évènement a été une réussite malgré l’absence de certaines autorités concernées dans la mesure où chaque ministère a présenté sa vision pour la préservation et la promotion des médinas de ces médinas. La question reste, donc, de savoir comment faire pour que ce dossier puisse voir sa réussite auprès du centre mondial : quelle stratégie mettre en œuvre pour faire de ce dossier une priorité nationale au-delà même des Coelacanthes, l’équipe nationale de football des Comores», a-t-il soutenu.
Les ministères de la Culture, du Tourisme, de l’Urbanisme et de l’Aménagement du Territoire et celui de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique ont présenté, chacun, leurs visions et leurs initiatives pour accompagner ce dossier des six médinas à inscrire au patrimoine mondial : «Nous voulons faire de ces médinas un choix touristique tout en valorisant leur potentiel économique. Le développement de ces sites repose sur leur conservation. Nous allons mettre en place des centres d’accueil, des formations des communautés locales, des guides touristiques ou encore, mettre l’accent sur la sensibilisation de la population», s’est engagé le ministre de l’Environnement chargé du Tourisme.
Les échanges ont porté, également, sur l’identification des «défis communs» dans l’effort de préservation des médinas, le partage d’idées au niveau des projets menés en collaboration, et sur des propositions pour l’aménagement, le financement et la valorisation des médinas. Des points ont porté sur l’adoption d’une feuille de route, la préparation d’un plan d’action interministériel pour la sauvegarde et la valorisation des médinas et sur l’identification des responsabilités et sur l’élaboration d’échéances préliminaires.
«Nous devons tout faire pour faciliter l’inscription de nos médinas au patrimoine mondial de l’Unesco. Le reste des patrimoines bâtis sont détruits, il nous faut mettre les moyens pour protéger le peu qui reste car il s’agit de notre identité. Le président de la République est derrière cette initiative qui met en valeur notre identité et est crucial pour le tourisme dans notre pays. Nous allons y arriver si nous mobilisons toute la Nation. Nous devons prendre exemple de nos voisin zanzibarites qui ont fait de leur médinas un vecteur du tourisme», a soutenu, pour sa part, le gouverneur de l’île de Ngazidja.