Ce n’est pas seulement sur scène que vous avez fait parler de vous au festival international Slam Nomade au Sénégal mais aussi dans des panels…
Il y avait deux thèmes au niveau des panels à savoir la mobilité des artistes et la diversité culturelle. Moi, j’étais beaucoup plus axé sur la diversité culturelle. J’ai essayé de montrer qu’il n’y aura pas de diversité culturelle sans mobilité, cela par rapport à mon expérience personnelle.
C’est une fois au Sénégal, mon centre de repère, que je me suis beaucoup plus enrichi sur le slam et les autres arts oratoires. C’est Soulaymane Diamanka qui m’a permis de me questionner sur ce que j’apporte dans le slam et par-là, retourner aux Comores en 2018 pour puiser ce que mon pays a de plus riche dans les arts oratoires. J’ai donc appris à être comorien. C’est d’ailleurs ce retour aux sources qui m’a permis de me démarquer et par la suite, représenter le mouvement du slam sénégalais au Masa d’Abidjan. Et depuis, j’ai trouvé une nouvelle manière de clamer qui me différencie des autres et qui me permette de prendre de plus en plus part à des rendez-vous nationaux et internationaux.
Qu’est-ce que les Comores vont pouvoir tirer de votre mission de coopération entre les structures d’arts sénégalaises et l’agence africaine de coopération économique internationale (Acei) dont vous êtes expert consultant ?
L’Agence africaine de coopération économique internationale (Acei) intervient dans plusieurs domaines dans le pays surtout dans le système économique. Nous voulons mettre en place un modèle économique par rapport aux arts et à la culture qui est un levier de développement pour plusieurs pays d’Afrique.
De ce fait, on est partit voir des structures sénégalaises qui sont beaucoup plus avancées et ayant fait leur preuve dans le continent pour voir comment peuvent-ils nous accompagner à mettre le train en marche ici au pays. J’ai dit sénégalais aujourd’hui parce que c’est avec elles que les démarches sont en bonne voie notamment pour des bourses de formation.
Pour avoir un modèle économique culturel, il faut passer par la formation parce qu’aux Comores, on a déjà les artistes et les créateurs mais il y’a un manque criant d’administrateurs culturels pouvant influencer sur le développement de notre industrie culturelle. On a déjà des accords de principe avec des structures sénégalaises et certaines sont ouvertes à prendre en charge les formations. Une formation de trois à six mois au Sénégal et d’autres qui se feront après, aux Comores. L’Acei va donc essayer de trouver les moyens pour faciliter la tenue de ces formations.
En parlant du Sénégal et de mobilité des artistes, comment faire participer les artistes comoriens aux rendez-vous culturels sénégalais notamment au Biennal Dakar 2024 ?
La participation d’artistes comoriens au biennal Dakar 2024 fait partie des activités pour lequelles nous avons essayées de se bouger pendant mon séjour au Sénégal. Dans ce rendez-vous international de qualité, il y a le IN et le Off.
On est en train de mettre les pions en place pour avoir un pavillon Comores dans le Off du biennal Dakar.
On va donc faire un appel à candidature pour trouver les meilleurs artistes pouvant qualitativement représenter le pays. Nous allons profiter de ce pavillon pour vendre la destination Comores, permettre aux artistes de se construire un réseautage pouvant les ouvrir à d’autres pays du continent, capter des bailleurs et des partenaires pour faire fonctionner notre industrie culturelle. Pour ce faire, l’Acei va encore une fois essayer de trouver les moyens nécessaires.
Vous seriez au Canada du 21 mars au 17 avril dans le cadre du mois de la francophonie et membre du jury à la coupe interscolaire de slam/poésie Acadie. Un aperçu sur votre participation à ces rendez-vous…
Ce n’est pas la première fois que j’ai eu à travailler avec le conseil provincial des sociétés culturelles. On a beaucoup plus travaillé en ligne sur les ateliers, des conférences et aujourd’hui, il m’a invité pour la coupe interscolaire de slam/poésie Acadie pour être membre du jury. Toutefois, j’ai demandé à prolonger mon séjour qui était d’une semaine pour un mois afin d’avoir suffisamment de temps pour voir comment créer un pont culturel entre les Comores et le Canada. Je vais essayer de rencontrer les structures culturelles, institutions privées et publiques afin de permettre une mobilité culturelle quotidienne. Entre le 21 mars et le 17 avril, je vais enchaîner les rencontre, ateliers, soirées slam et découverte.
Un dernier mot ?
Il est temps que le Comorien arrive à s’identifier en tant que Comorien et vivre en Shikomori.
Il est aussi temps pour les décideurs politiques comoriens de comprendre que l’identité d’un pays est beaucoup plus importante et que l’industrie culturelle peut être à la fois un modèle économique et un levier de développement qui peut facilement lutter contre les maux du quotidien notamment le chômage. Les métiers des arts et de la culture représentent bien un secteur du passé, du présent et d’avenir.