A quel moment avez-vous senti la nécessité d’ouvrir un label? Et pourquoi “Twamaya House”?
Mon rêve depuis que j’ai commencé la musique c’était d’avoir mon propre studio. Après mon premier album, je me suis dit que j’avais acquis assez d’expériences pour ouvrir mon propre label et lancer d’autres artistes comoriens. J’ai dû travailler dur pour réaliser ce rêve.
J’ai choisi l’appellation “Twamaya” en référence à mon premier album, mais aussi pour la pluralité de ses sens dans notre langue où il signifie, notamment, “espoir”. La foi en ma passion a permis la naissance de Twamaya House et j’ai encore l’espoir que le label marquera l’histoire de la musique comorienne inshallah.
Précisément, quels objectifs vous êtes-vous fixé en ouvrant ce label?
Que notre musique traverse les frontières. Lorsque je vois les artistes des pays voisins parvenir à toucher le monde entier à travers leurs musiques, je me dis “pourquoi pas nous?”. Le shiKomori est une langue très belle et très musicale et l’on peut s’appuyer sur elle pour permettre la chanson comorienne à aller de l’avant. Je suis persuadé qu’avec beaucoup d’espoir et de volonté on y arrivera.
Comment détectez-vous les jeunes talents?
Aujourd’hui, grâce notamment, aux réseaux sociaux il est plus facile de trouver de nouveaux artistes. L’équipe et moi nous-nous fions, souvent, aux vidéos pour détecter de nouveaux talents. Naturellement, il ne s’agit pas, seulement, d’avoir une belle voix ou encore de chanter juste. Il faut aussi savoir dégager de l’émotion et de la communiquer.
Qu’avez-vous rencontré comme difficultés en montant votre label?
Comme toute société, les difficultés qu’on rencontre sont souvent d’ordre financier. La réalisation d’un tel projet nécessite beaucoup d’investissements matériels. A l’heure actuelle, s’ajoute également la crise sanitaire qui fait qu’il est très difficile de vivre de la musique. Evidemment, nous essayons de nous adapter et de nous en sortir autant que faire se peut.
Comment expliquez-vous la sous-représentation de la femme dans la musique comorienne en générale et dans votre label en particulier?
La musique, toutes les autres disciplines artistiques tels que le théâtre, la danse, la peinture par exemples, sont des domaines ou la nouvelle génération féminine n’est pas assez présente. Je trouve cela très dommage car il y a énormément de femmes talentueuses mais qui, malheureusement, n’osent pas mettre suffisamment en concurrence leurs talents parfois par peur d’être mal vues par leurs proches ou par la société.
La société comorienne ne considère, malheureusement pas encore, les arts comme étant des métiers même si, pourtant, beaucoup d’entre nous avons fait notre passion et notre métier. Lors des derniers concours de la musique, nous avons vu la présence de nombreuses jeunes femmes, j espérés que dans les prochaines éditions, il en aura encore plus.
Twamaya House a collaboré avec beaucoup d’artistes féminins, notamment avec Royida La Diva, qui a fait son retour dans la musique après quelques années passées dans le silence, dans son morceau In love. De même, nous avons travaillé avec Zainaba Ahmed “La voix d’or”, dans un de ses morceaux en version acoustique. Dernièrement, une autre artiste a rejoint la famille. Vous l’avez surement entendu chanter Don’t you remember d’Adele
Avez-vous des partenaires? Et comment fonctionne le label?
Oui, nous avons des partenaires qui nous accompagnent dans nos travaux tels que Vijay import, Watwania Production, Cineast pour la réalisation de nos clips, des compositeurs comoriens et étrangers, des graphistes qui se chargent de la confection des maquettes des albums, singles et affiches. Nous rendons hommage ici à toutes et à tous. Nous sommes ouverts à d’autres partenariats et collaborations avec tout type de structure, musicale ou autre.
Pour ce qui est du fonctionnement, le label est composé d’un directeur général, d’un directeur artistique, d’un responsable administratif, d’un chargé de communication, d’un chargé de promotion, des auteurs, un beat maker, un scénariste et les artistes. Cependant “Twamaya House” c’est comme une famille, aucune hiérarchie et on travaille dans une totale harmonie.
Cela fait trois ans que T.H a ouvert ces portes, quel bilan pouvez-vous dresser?
C’est un peu prématuré de parler de bilan, mais il faut dire que je suis plutôt satisfait du travail fourni par l’équipe. Nous avons trois artistes du label Pedro karim, Fahid le Bled’Art et Lémir qui ont participé au concours “Nyora” dont l’un (Fahid le Bled’Art) est sorti vainqueur. Aujourd’hui Twamaya House compte sept artistes aux styles variés et nous espérons en avoir d’autres.
Que conseillerez-vous aux jeunes qui souhaitent s’engager dans la musique ?
La musique peut n’être qu’une passion, nous avons résolu d’en faire notre profession. Je crois que tout le monde peut y arriver. Mais la musique permet également de s’évader, d’oublier ses soucis, de redonner le sourire et la joie de vivre, de partager ses émotions. Je leur conseillerais de croire en eux-mêmes, d’avoir de l’espoir et de savoir donner le meilleur de d’eux-mêmes car, dans ce domaine, tous les rêves peuvent devenir réalité.
Propos recueillis par
Mohamed Avoka