Le MASA est une immense plate-forme offerte aux acteurs du monde culturel africain. Quel bilan les Comores peuvent-elles tirer de cette dernière édition?
Ce fut un bilan positif même s’il n’y pas eu beaucoup d’artistes comoriens. Mis à part le fait que nos spectacles ont été beaucoup appréciés, nous avons, également, mené des rencontres avec les professionnels du milieu culturel de la danse, du théâtre et de l’humour, notamment. Aussi bien moi-même que la compagnie Tché-za, je pense que nous avons réussi à tirer profit de cette participation. Reste à espérer que pour les prochaines éditions, il ait plus de Comoriens dans différentes disciplines.
Pour beaucoup, c’est l’occasion de faire circuler les créations sur le continent. Y-a-t-il des retombées concrètes à ce niveau?
Je ne peux rien dire pour ce qui est de Tché-za, mais pour moi, encore une fois par rapport aux rencontres B2B, Il y a des programmateurs qui se sont montrés intéressé par ce que je propose. Ce n’est pas encore concret mais certains m’ont demandé de postuler pour leurs festivals. Après, on verra ce qui se fera ou non. Mais qu’ils se soient montrés ouverts à accueillir mon spectacle, c’est déjà un grand pas. Je parle précisément du Canada, de la France et du Burkina.
Au-delà de la visibilité du moment, d’autres perspectives se sont dessinées pour la scène comorienne?
J’estime que c’est toujours une bonne chose que des artistes comoriens prennent part à ce genre d’évènements parce que cela apporte beaucoup de visibilité non pas seulement pour moi et pour Tché-za mais aussi et sans doute surtout pour les Comores.D’ailleurs, ce que j’ai présenté comme sketch à cette édition parlait des Comores. J’ai présenté le pays et le public à super bien accueilli le message.
Je suis persuadé que c’était la plus belle et grande récompense qu’on pouvait attendre. C’est la pierre que nous apportons dans l’effort général nécessaire de valorisation de l’image du pays.
Les créateurs comoriens présents réfléchissent-ils à une dynamique commune par rapport à ce qui s’est passé pour le Masa où chaque acteur s’est rendu seul, avec ses seuls moyens?
Avec Tché-za ou, précisément, avec le chorégraphe Seush avec qui nous avons beaucoup travaillé ensemble, on s’était vu un peu avant de nous rendre à Abidjan, histoire de voir comment être solidaire une fois sur place parce que nous n’y sommes pas allés seulement entant qu’individus mais surtout entant que représentant du pays. Alors, il fallait qu’on s’unisse pour faire en sorte que cela marche à merveille.
Après, il faut avouer que les programmes auxquels nous avons assisté là-bas ont été plus conséquents que ce que l’on s’attendait. En plus nous n’étions pas descendus dans le même hôtel, je ne savais pas où résidait la compagnie Tché-za, etc. Toutefois, on savait que nous avions un but commun qui n’était nul autre que de bien représenter les Comores. On s’est entraidé mais pas autant qu’on l’aura souhaité. Vous avez raison, à ce niveau il y a des choses à faire.
Les artistes comoriens qui ont pris part au Masa ont été impressionnés par l’industrie culturelle de certains pays. Qu’en est-il de celle des Comores?
A notre niveau, il y a des efforts préalables à mener. Je pense que l’«industrie culturelle» doit être prise en charge par l’Etat et spécialement par le ministère de la Culture. On aimerait avoir plus de soutien de leur part.De mon côté, j’aimerais bien faire venir quelques amis humoristes étrangers pour qu’ils découvrent les Comores et que le public les découvre, en retour. Toutefois, il y a des difficultés que je peux résoudre et des charges que je peux assumer à mon niveau et d’autres dont j’aurais besoin des personnes qualifiées et de l’Etat.Pour l’heure, je ne sens pas ce soutien. A notre niveau, nous faisons de notre mieux, je pense que les artistes sont un peu soudés mais il faut nécessairement une contribution de l’Etat pour faciliter certaines choses.
Nous ne sommes pas en train de dire que l’Etat doit tout faire, mais qu’il peut nous faciliter certaines choses qui puissent nous aider à mener nos projets à bien.En parlant d’»industrie culturelle», cela demande beaucoup de choses et l’implication de tous les acteurs culturels. Je vais vous raconter une anecdote : pour mon départ au Masa, j’avais demandé à un couturier tout juste de me confectionner une tenue qui allait bien représenter le pays. Eh bien, il m’a envoyé balader jusqu’à ce que je sois parti. Le développement de notre industrie culturel demande que chacun mette la main à la pâte.